Un silo abandonné rempli de cadavres gaulois à Marsal (Moselle)

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Descripción

antiquités nationales 2014, tome 45 : pages 1 à 17

ÉTUDES ET RECHERCHES

Un silo abandonné rempli de cadavres gaulois à Marsal (Moselle) LAURENT OLIVIER* Avec la collaboration de CHARLIE DOUCET 1, CHRISTIAN MEYER 2, MARIE-ALIETTE POT 3, CHLOTILDE PROUST 4 et ALICIA WAMPACH 5

  * Conservateur en chef du Patrimoine, responsable du département d’Archéologie celtique et gauloise au musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. Adresse électronique : [email protected] 1. Étudiant en Master d’archéologie à l’université de Rennes 2. 2. Anthropologue. Laboratoire Archaeo-Osteology, Halle (Allemagne). 3. Doctorante en archéologie à l’université de Paris I (UMR 7041, ArScAN, équipe VEPMO). 4. Responsable de l’atelier de restauration du musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. 5. Préhistorienne à l’université catholique de Louvain-la-Neuve (Belgique).

Résumé : Une série de 8 corps humains, dont celui d’un petit enfant, ont été découverts entassés à l’intérieur d’une fosse de stockage à Marsal (Moselle). Deux chiots accompagnaient également les cadavres. La datation radiocarbone des squelettes situe ces « sépultures irrégulières » entre Cal BC 400 et Cal BC 200. Les premières observations anthropologiques révèlent des pathologies traumatiques, qui sont vraisemblablement liées à des conditions de vie et/ou de travail éprouvantes. Mots-clés : « Briquetage de la Seille » – Silo – « Sépultures irrégulières »  – Calcaneus secondarius. Abstract: A series of 8 human dead bodies, including that of a child, has been found tossed within a storage pit at Marsal (Moselle). 2 poppies were also deposited with the individuals. The radiocarbone dating of the skelettons locates these « irregular burials » between Cal BC 400 and Cal BC 200. First anthropological analysis reveal traumatic pathologies which are likely related to poor conditions of living and/or working. Key-words: « Briquetage de la Seille » – Silo – « Irregular burials » – Calcaneus secondarius.

INTRODUCTION L’achèvement de la fouille programmée du site d’atelier de sauniers du premier âge du Fer de Marsal « La Digue » (Moselle) s’est conclu sur une découverte aussi spectaculaire qu’inattendue (fig. 1). Dans les derniers niveaux d’accumulations de rejets de déchets de production, qui ont été fouillés au pied des remparts de la forteresse de Vauban, est apparue une fosse circulaire dont le comblement arasé par les travaux de fortification des XVIIe et XVIIIe siècles laissait apparaître des fragments d’ossements humains. Débutée en 2013, la fouille de ce silo protohistorique a été achevée à l’été 2014. Cette structure archéologique – appelée ELA 093 – a livré les restes de huit individus, dont un petit enfant, qui y avaient été déposés, en compagnie de deux chiots. La chronologie de ces dépôts s’inscrit dans une période située entre Cal BC 400 et Cal BC 200 en datation radiocarbone ; c’est-à-dire vraisemblablement durant les périodes archéologiques de La Tène ancienne et/ou du début de La Tène récente.

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Fig. 1 : Marsal « La Digue » (Moselle), vue aérienne du site en cours de fouille (cliché Fly-Pixel).

De tels rejets de cadavres humains dans des structures de stockage agricole abandonnées ne sont pas exceptionnels, même si c’est la première fois qu’on les observe en Lorraine. On en connaît notamment une série de 37 contextes en Alsace, où ces dépôts funéraires non conventionnels sont préférentiellement datés de la période de La Tène A-B, entre 400 et 200 av. J.-C. (FLEISCHER, LANDOLT et ROTH-ZEHNER, 2013 : 457 et fig.  9). L’interprétation de ces inhumations en silo est naturellement sujette à caution : certains chercheurs penchent pour le résultat de pratiques rituelles, ou sacrificielles (pour un synthèse récente : LE BRUN-RICALENS, 2014), alors que d’autres considèrent qu’il s’agit davantage de l’expression d’un phénomène de ségrégation sociale (VILLES, 1987 ; MEYER et al., 2013). On verra que les premières données recueillies sur le site de Marsal orientent les interprétations plutôt vers cette seconde hypothèse. L’atelier de sauniers de « La Digue » à Marsal est connu depuis les premières recherches entreprises par Jean-Paul Bertaux, au début des années 1970, qui y ont révélé la présence d’une accumulation de rejets d’éléments de briquetage, recoupée par le tracé artificiel de la Nouvelle Seille (BERTAUX, 1976). Les prospections géophysiques effectuées dans le cadre du programme de recherches mis en place depuis 2001 dans la vallée supérieure de la Seille ont montré que les structures de l’atelier se concentrent sur une surface d’environ 120 m sur 140 m. Elles s’organisent autour d’une « dorsale »

arciforme, dans laquelle se concentrent les anomalies magnétiques les plus fortes (OLIVIER et KOVACIK, 2007). Un sondage, réalisé en 2004, a permis d’établir que ces anomalies correspondent à des concentrations de fourneaux à sel datables de la période du Hallstatt D1. Une fouille, ouverte en 2007 à l’extrémité nord de cette « dorsale » de structures de combustion, et poursuivie jusqu’en 2013, a mis en évidence la présence à cet endroit d’une aire de traitement de la saumure. Ce secteur, situé en périphérie des fourneaux où le sel extrait de la saumure était conditionné en pains de sel, est caractérisé par un ensemble de bassins à parois étanchéifiées par un revêtement d’argile. La chronologie du fonctionnement de l’atelier a également pu être précisée. Celle-ci correspond principalement à la période du Hallstatt D1 et partiellement au début du Hallstatt D2 ; les installations de production de sel apparaissant néanmoins définitivement abandonnées avant le Hallstatt D3, vraisemblablement aux alentours de 500 av. J.-C. (OLIVIER et al., 2011 ; OLIVIER, 2014).

STRATIGRAPHIE DU SILO ELA 093 LE CREUSEMENT DU SILO

La mise en place du silo, dans lequel ont été trouvés les corps mis au jour en 2013 et 2014, recoupe les formations de rejets de briquetage en place, qui sont

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associées au fonctionnement de l’atelier de sauniers du premier âge du Fer. Ces dépôts sont constitués de lentilles de sédiment limono-argileux, qui contiennent de nombreux fragments de briquetage concassés et d’esquilles de charbons de bois dispersées (EUS 14.1-001). Les restes archéologiques sont essentiellement composés de fragments de céramique domestique et de restes osseux animaux. Seule la partie inférieure du silo nous est parvenue. Il s’agit d’une fosse de plan circulaire à fond plat, de 2,00 m à 2,25 m de diamètre à la base. Les parois présentent un profil tronconique caractéristique ; elles sont conservées sur une profondeur d’environ 0,50 m sous le niveau d’arasement daté du XVIIe siècle6. Dans la partie sud-ouest du fond de la fosse, l’interface de creusement du silo (USE 93_003) présente une teinte noirâtre, qui paraît due à la présence de matériaux organiques. Ceux-ci pourraient provenir de restes de produits végétaux initialement conservés dans le silo et abandonnés sur place lors de la dernière période d’utilisation de la fosse. LE COMBLEMENT DU SILO

Le silo présente un remplissage consécutif à l’abandon et au comblement de cette structure de conservation des produits agricoles. Deux unités stratigraphiques principales ont été distinguées : - une première formation, qui a été déposée immédiatement sur le fond du silo, au contact du creusement USE 93_003, est constituée d’un dépôt lenticulaire d’environ 0,30 m d’épaisseur au centre et d’un diamètre de 1,70 m à 2,00 m au niveau du fond du silo (USE 93_002). Cette formation stratigraphique est composée d’un sédiment argilo-limoneux, de couleur gris-bleuâtre, et de structure compacte et hétérogène. À l’intérieur de cette unité, on remarque la présence d’inter-stratifications qui permettent de distinguer au moins 4 sous-unités de dépôt successifs ; - une seconde formation de comblement vient sceller ce premier dépôt stratigraphique. Elle est préservée sur une épaisseur de 0,20 m au centre et d’environ 0,50 m en périphérie (USE 93_001). Deux sousunités stratigraphiques peuvent être distinguées : la première, déposée immédiatement au contact de la couche sous-jacente, est constituée d’un dépôt lenticulaire de sédiment limono-argileux de teinte brun foncé, épais de 0,10 à 0,15 m (USE 93_001b). Celui-ci contient des fragments d’éléments de briquetage roulés et triés. L’USE 93_001b est recouverte par une seconde sous-unité stratigraphique : il s’agit d’un dépôt lenticulaire de sédiment limono-argileux de teinte brun moyen, conservé sur une épaisseur de 0,25 m à 0,40 m (USE 93_001a). La partie supérieure de cette formation stratigraphique apparaît tronquée par le niveau d’arasement du XVIIe siècle.

Les deux unités stratigraphiques principales reconnues à l’intérieur du comblement du silo ELA 93 correspondent manifestement à deux épisodes successifs de remplissage. La première (USE 93_002) qui vient sceller directement le fond de la fosse, correspond manifestement au bouchon d’effondrement produit par la désagrégation de la partie supérieure du silo. La morphologie de ce dépôt, en forme de dôme, est caractéristique. Cette forme particulière est liée en particulier au rétrécissement du col du silo, à son ouverture au niveau du sol ; les sédiments tombant dans la fosse au cours de ce premier épisode d’érosion ayant tendance à s’accumuler au centre de la structure. Comme on l’a noté, ce premier comblement est progressif et s’est manifestement effectué au cours d’au moins quatre phases successives. La seconde unité stratigraphique (USE 93_001) est d’une nature différente, et correspond à un comblement massif du silo, qui fait suite à la stabilisation du bouchon d’effondrement USE 93_002. La sous-unité stratigraphique USE 93_001b correspond à un premier épisode de comblement, sans doute naturel : elle est constituée en effet de sédiments qui ont été manifestement altérés par le travail de l’eau (effets de tri du matériel archéologique). Une seconde phase de dépôt est marquée par le dépôt de l’USE 93_001a et paraît plutôt correspondre à un comblement volontaire, caractérisé par un apport massif de sédiments. LES REMANIEMENTS POSTÉRIEURS

La périphérie nord-est du comblement du silo (USE 93_001a) a été recoupée par le creusement d’une petite fosse de plan sub-circulaire (diamètre = 0,50 m), à profil faiblement tronconique et à fond plat (profondeur conservée = 0,40 m) Cette structure intrusive (ELA 101) a bouleversé la région du crâne de l’individu 3. La mise en place de cette fosse reste difficilement datable : son comblement détritique (USE 101_001) ne contenait que des fragments de briquetage roulés, associés à quelques fragments de céramique domestique protohistorique, dont un fragment de jatte à épaulement globuleux et bord droit, indicative de la période archéologique du Hallstatt D1 (ART 1094). Cette perturbation nous paraît postérieure à la Protohistoire7. La périphérie est du comblement du silo (USE 93_001a) a également été recoupée par l’introduction d’un piquet de chêne, d’un diamètre d’environ 0,10 m (PIQ 192). Faute d’un nombre de cernes suffisant, cette pièce n’a pu être datée. Elle appartient néanmoins à un groupe de piquets et de pieux de chêne épointés, qui ont été plantés dans le glacis dégagé en avant des remparts de Marsal. Un de ces pieux (PIQ 187) a livré une date dendrochronologique situant son abattage en 1648 ± 10 AD (TEGEL, 2013). Ainsi, ces constructions du XVIIe siècle sont-elles sans doute liées à l’aménagement des fortifications de Marsal.

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LES DÉPÔTS DE CORPS HUMAINS Les restes de huit individus, associant des adultes à des sujets jeunes ainsi qu’à un petit enfant, ont été découverts dans le comblement du silo ELA 093. Trois squelettes, bouleversés par des remaniements postérieurs de l’époque historique moderne, nous sont malheureusement parvenus incomplets (individus 1, 3 et 4).

L’INDIVIDU 1

D’après la taille et la conformation du corps, il s’agit manifestement d’un individu adulte (fig. 2) La détermination anthropologique des ossements indique un sujet de sexe masculin, d’une stature d’environ 1,64 m et âgé de 35 à 45 ans (MEYER, 2014). Le corps est déposé sur le ventre, le bras droit allongé le long du corps ; le bras gauche étant relevé sur le côté, à hauteur de l’épaule. Le membre inférieur droit est en extension ; le pied tourné vers la droite. Le

Fig. 2a : Marsal « La Digue » (Moselle), silo ELA 093. Restitution photographique en 3D des dépôts de corps de la phase 2b. Dans le sens des aiguilles d’une montre : individu 1, individu 4, individu 2 et individu 3 (cliché Projet Briquetage de la Seille).

Fig. 2b : Marsal « La Digue » (Moselle), silo ELA 093. Restitution photographique en 3D des dépôts de corps de la phase 2b. Dans le sens des aiguilles d’une montre : individu 3, individu 1, individu 4 et individu 2 (cliché Projet Briquetage de la Seille).

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membre inférieur gauche, disparu, devait être relevé en arrière. La surface du thorax est inclinée vers la droite du corps : elle repose sur la surface stabilisée du bouchon d’effondrement (USE 093_002), en pente vers les bords inférieurs du silo. La décomposition du corps paraît s’être effectuée en partie à l’air libre : l’omoplate droite a glissé vers la paroi du silo, sur la droite du corps, en suivant la pente naturelle de la surface de l’USE 093_002. En revanche, les vertèbres cervicales sont tombées à l’intérieur du maxillaire inférieur ; ce qui paraît indiquer une décomposition en milieu fermé. Le bassin est fracturé en deux, vraisemblablement sous la pression des terres, qui ont été accumulées au-dessus du corps. Le squelette est incomplet. Le bras gauche est arasé au niveau médian de l’humérus ; tandis que la main et l’avant-bras manquent. Le membre inférieur gauche manque complètement, jusqu’au bassin. La disparition de ces éléments est directement imputable aux travaux de terrassement de l’époque moderne ; les ossements du squelette de l’individu 1 ayant été arasés au niveau de décapage de la surface du glacis en avant des remparts de Vauban. La jambe droite de l’individu 1 repose directement sur les restes de l’individu 2. Ses restes osseux sont recouverts par l’unité de comblement USE 93_001a. Un fragment osseux (côte) prélevé sur le squelette a donné la datation radiocarbone suivante : Beta 365350 : 2150 ± 30 BP ; soit la période Cal BC 350-110. L’INDIVIDU 2

D’après la taille et la conformation du corps, il s’agit manifestement d’un individu adulte (fig. 2) La détermination anthropologique des ossements indique un sujet de sexe masculin, d’une stature d’environ 1,65 m et âgé de 35 à 45 ans (MEYER, 2014). Le corps est déposé sur le ventre, la tête légèrement tournée vers le côté droit. Les bras sont allongés le long du corps. Le bassin, en torsion, repose sur le côté gauche, tandis que les membres inférieurs sont réunis l’un sur l’autre, en extension. Le corps a manifestement et a glissé sur la pente de la surface de l’USE 093_002, où il s’est trouvé arrêté et calé contre la paroi du silo. L’épaule droite, avec l’omoplate, sont déplacées vers le bas du corps. Les membres supérieurs sont projetés en avant. La colonne vertébrale, au parcours sinueux, s’est manifestement déformée in situ. Le bassin, déposé sur le côté gauche, a été écrasé verticalement par la pression des terres. Le squelette est complet. Les ossements de l’individu 2 reposent directement sur les ossements de l’individu 5. Les restes du corps sont recouverts par l’unité de comblement postérieur USE 93_001a. Un fragment osseux (côte) prélevé sur le squelette a donné la datation radiocarbone suivante : Beta 365352 : 2160 ± 30 BP ; soit la période Cal BC 350-110.

L’INDIVIDU 3

D’après la taille et la conformation du corps, il s’agit manifestement d’un individu adulte (fig. 2). La détermination anthropologique des ossements indique un sujet de sexe masculin, d’une stature d’environ 1,71 m et âgé de 30 à 45 ans (MEYER, 2014). Le corps est déposé sur le dos. Le bras droit est étendu légèrement détaché du corps, la main en pronation. Le bras gauche est légèrement replié vers l’intérieur du corps, la main en pronation ramenée vers la partie supérieure du fémur droit. Les membres inférieurs sont repliés dans une position semi- assise ; les pieds reposant à plat sur le fond de la fosse. Le corps de l’individu 3 a glissé sur la pente de l’interface supérieure du comblement initial USE 093_002, avant d’être arrêté par la paroi du silo. Ses tibias sont directement en contact avec la paroi de la fosse, tandis que les pieds reposent à plat sur le fond. Ceci indique que les articulations du corps étaient encore souples au moment du dépôt du corps. On observe par ailleurs que le grill costal est ouvert en place ; ce qui indique que la décomposition du corps s’est effectuée en milieu ouvert. Le squelette est incomplet. Le crâne et les vertèbres cervicales manquent, de même que la partie supérieure de l’humérus gauche et l’ensemble de l’humérus droit, qui ont été détruits par le creusement de la fosse ELA 101. Une partie de ces ossements ont été retrouvés en position secondaire dans le comblement USE 101_001. La partie supérieure du couple tibia-péroné, de même que la rotule et la partie inférieure du fémur gauche, manquent également. Ces éléments ont manifestement été détruits lors de l’arasement du comblement de la fosse, qui a été effectué au moment des travaux d’aménagement du glacis en avant des remparts de Marsal. L’individu 3 est isolé dans la partie ouest de la fosse. Il repose directement à la surface de l’interface supérieure de l’unité de comblement initiale USE 093_002. Les restes du corps sont recouverts par l’unité de comblement USE 93_001a. Un fragment osseux (côte) prélevé sur le squelette a donné la datation radiocarbone suivante : Beta-395795 : 2140 ± 30 BP ; soit les périodes Cal BC 350-305, Cal BC 210-90, et Cal BC 65-60. L’INDIVIDU 4

D’après la taille et la conformation du corps, il s’agit manifestement d’un sujet infantile (fig. 2). L’étude anthropologique des ossements indique un sujet de sexe non déterminable, âgé de 4 à 6 ans (MEYER, 2014). L’individu 4 repose sur le dos. La jambe gauche est en extension ; la jambe droite légèrement repliée. Le petit corps a glissé sur la pente de la surface stabilisée du bouchon d’effondrement USE 093_002, en direction de la paroi du silo. Les pieds plongent en avant vers le bas de la pente ; la jambe gauche s’étant trouvée légèrement repliée à la suite de ce mouvement. Ceci indique

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que le sujet a glissé sur le fond de la fosse alors que les articulations du corps étaient encore souples. Le squelette est incomplet. Toute la partie supérieure du corps, jusqu’au bassin, manque : ne sont conservés que les pieds et les jambes, jusqu’à la partie supérieure des fémurs. La destruction de la partie supérieure du corps coïncide avec l’interface d’arasement de la partie supérieure des dépôts stratigraphiques en place créée lors de l’aménagement du glacis des remparts de Vauban. La partie inférieure du corps de l’individu 4 repose directement sur les ossements du bras droit de l’individu 1, de même que sur ceux de la partie inférieure des jambes de l’individu 2. Ses restes osseux sont recouverts par l’unité de comblement USE 93_001a. Un fragment osseux prélevé sur le squelette a donné la datation radiocarbone suivante : Beta 365349 : 2160 ± 30 BP ; soit la période CalBC 350-110. L’INDIVIDU 5

D’après la taille et la conformation du corps, il s’agit vraisemblablement d’un individu adulte (fig.  3). Le corps est déposé sur le dos. Le bras droit allongé le long du corps, tandis que l’avant-bras est replié sur le haut du corps. Le bras gauche est étendu au-devant du corps, l’avant-bras replié vers le crâne. Les membres inférieurs sont en extension et croisés l’un sur l’autre. Le corps de l’individu 5 semble avoir été jeté dans le silo depuis l’ouverture de la fosse. Il a roulé le long de l’interface supérieure de l’USE 93_002 (bouchon d’effondrement stabilisé du silo) et est resté calé par les parois du silo. L’humérus droit ainsi que la jambe gauche sont directement en contact avec la paroi alors que le pied droit est resté à plat. Ceci indique que les articulations du corps étaient encore souples au moment du dépôt de l’individu 5. Par ailleurs, un petit bloc de calcaire (Dolomie) a bloqué le basculement du crâne. Plusieurs indices signalent que le corps paraît s’être décomposé à l’air libre. Ainsi, la mandibule de l’individu 5 est tombée lors de la décomposition du corps, laissant la mâchoire ouverte. On observe d’autre part une scission au niveau de la colonne vertébrale (entre la deuxième et troisième vertèbre lombaire) intervenue lors de la décomposition du corps. Un autre indice est l’entassement des côtes droites contre la paroi du silo. Enfin, la scapula droite est tombée sous les restes du corps de l’individu 5, entre les fémurs de l’individu 7. Le squelette est complet. La taphonomie des ossements est homogène : ceux-ci présentent une teinte de fond des ossements à tendance naturelle et légèrement brunâtre, un taux de fracturation et d’érosion relativement faible, ainsi qu’une très bonne conservation générale. Les ossements présentent également des traces post-dépositionnelles de manganèse sous la forme de croûtes, avec un très bel exemple au niveau des fosses iliaques. Le corps de l’individu 5 a été découvert recouvert par la couche USE 93_001b, et reposant sur l’interface

supérieure de l’USE 93_002. Le squelette se trouve sous les ossements de l’individu 2 et repose directement sur les restes de l’individu 7. Un fragment osseux (côte) prélevé sur le squelette a donné la datation radiocarbone suivante : Beta-390134 : 2190 ± 30 BP ; soit la période Cal BC 360-170. L’INDIVIDU 6

D’après la taille et la conformation du corps, il s’agit vraisemblablement d’un individu jeune (fig. 4). Le corps est couché sur le côté droit ; la tête ayant basculé à un niveau inférieur à celui du reste du corps. Le bras gauche est replié dans le dos du sujet, tandis que son bras droit est étendu face au corps, l’avant-bras étant légèrement replié. Les membres inférieurs sont légèrement pliés. Le corps de l’individu 6 a été introduit dans le silo après le dépôt de l’individu 8, qu’il est venu recouvrir partiellement. Cet épisode est intervenu à un moment où la décomposition de ce dernier était déjà fortement avancée. En effet, le crâne de l’individu 6 a complètement basculé en arrière, en tombant dans la cavité de la cage thoracique de l’individu 8. Cette disposition indique également que le corps de l’individu 6 a dû se décomposer lui aussi à l’air libre. Le squelette est complet. Ses ossements présentent une taphonomie différentielle. En effet, les côtes, les vertèbres et le bassin sont caractérisés d’une part par une teinte allant de naturelle à légèrement brunâtre, une texture poreuse et un mauvais état de conservation général. Le reste du corps, en revanche, apparaît bien préservé, avec une teinte de fond de la matière osseuse davantage brunâtre foncée et des atteintes post-dépositionnelles de manganèse sous la forme d’aplats. Ces caractéristiques indiquent que le corps a séjourné dans deux contextes stratigraphiques différents et que les ossements de la partie axiale du squelette ont subi plus longtemps les altérations atmosphériques que le reste du corps. On note également que le tibia gauche porte des traces anciennes, qui paraissent résulter de coups portés à l’aide d’un outil tranchant. Un fragment osseux (côte) prélevé sur le squelette a donné la datation radiocarbone suivante : Beta-390135 : 2200 ± 30 BP ; soit la période Cal BC 370-180. L’INDIVIDU 7

D’après la taille et la conformation du corps, il s’agit vraisemblablement d’un individu jeune, dont les os sont en cours d’épiphysation (fig. 5). Le corps est couché en extension sur le dos. Les deux bras sont étendus en extension le long du corps ; le bras droit était légèrement décollé du tronc. Les membres inférieurs sont rapprochés l’un de l’autre et placés en extension. Le bras gauche, ainsi que le membre inférieur droit, sont plaqués contre la paroi du silo.

Un silo abandonné rempli de cadavres gaulois à Marsal (Moselle).7

Fig. 3 : Marsal « La Digue » (Moselle), silo ELA 093. Vue de détail de l’individu 5 (cliché Projet Briquetage de la Seille).

Fig. 4 : Marsal « La Digue » (Moselle), silo ELA 093. Vue de détail de l’individu 6 (cliché Projet Briquetage de la Seille).

Fig. 5 : Marsal « La Digue » (Moselle), silo ELA 093. Vue de détail de l’individu 7 (cliché Projet Briquetage de la Seille).

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Le corps de l’individu 7 a été déposé dans le silo et remobilisé par la mise en place des dépôts de la couche USE 93_002 (bouchon d’effondrement du silo). Cette remobilisation se marque par une légère surélévation du côté droit du corps, en particulier les membres, ainsi que la chute du corps du sternum et de l’appendice xiphoïde dans la cavité interne droite de la cage thoracique. Le corps est resté calé par la paroi du silo lors de ce remaniement naturel. Le corps semble s’être décomposé à l’air libre, une fois remobilisé. En effet, la mandibule est tombée, laissant la mâchoire ouverte. On observe d’autre part une scission au niveau des vertèbres (entre la onzième et la douzième vertèbre dorsale) intervenue lors de la décomposition du corps. Le squelette est complet. Le tibia droit et le crâne présentent des fractures anciennes probablement causées par le poids des terres qui les ont écrasés. La taphonomie des ossements de l’individu 7 est homogène : ceux-ci présentent une teinte de fond brunâtre foncée, un taux de fracturation et d’érosion relativement faible, ainsi qu’une très bonne conservation générale. On relève la présence de traces post-dépositionnelles sous la forme d’aplats de manganèse. Le corps de l’individu 7 a été découvert à la base de la couche USE 93_002 et sur l’interface supérieure du creusement du silo USE 93_003. Il a donc probablement été posé ou jeté dans le fond du silo puis, après un laps de temps difficilement estimable, ses restes osseux ont remobilisés et recouverts par l’USE 93_002 (bouchon d’effondrement du silo). L’individu 7 se trouve sous les restes osseux de l’individu 5.

Un prélèvement de côte a donné la date radiocarbone suivante : Beta-390136 : 2240 ± 30 BP ; soit les périodes Cal BC 390-340 et Cal BC 325-205. L’INDIVIDU 8

D’après la taille et la conformation du corps, il s’agit vraisemblablement d’un individu jeune, dont les os sont en cours d’épiphysation (fig. 6). Le corps est couché sur le côté gauche, en position légèrement contractée. La tête est légèrement basculée en arrière. Les bras sont étendus face au corps ; l’avant-bras gauche étant légèrement replié. Les membres inférieurs sont légèrement pliés, les jambes étant croisées l’une sur l’autre au niveau des tibias. Le corps de l’individu 8 a été déposé le premier au fond du silo. Son pied droit s’est trouvé calé par la paroi du silo tandis que son pied gauche a été immobilisé au contact d’un bloc calcaire, qui se trouvait probablement déjà au fond de la fosse. Plusieurs indices montrent que le corps s’est vraisemblablement décomposé à l’air libre. On observe en effet une scission de la colonne vertébrale, entre la deuxième et troisième vertèbre lombaire, qui s’est accompagnée d’un déplacement des vertèbres. On constate également que le sternum a glissé à l’intérieur de la partie gauche de la cavité de la cage thoracique. Le squelette est complet. Le crâne, la tête de l’humérus droit ainsi que la scapula droite présentent des fractures anciennes, qui se sont certainement produites lors de l’écroulement du bouchon d’effondrement

Fig. 6 : Marsal « La Digue » (Moselle), silo ELA 093. Vue d’ensemble de l’individu 8 (cliché Projet Briquetage de la Seille).

Un silo abandonné rempli de cadavres gaulois à Marsal (Moselle).

USE 93_002 au fond du silo. La taphonomie des ossements de l’individu 8 est marquée par une teinte de fond brunâtre foncée, un taux de fracturation et d’érosion relativement faible, une très bonne conservation générale, ainsi que par la présence de traces post-dépositionnelles de manganèse apparaissant sous la forme d’aplats. Un fragment osseux (côte) prélevé sur le squelette a donné la datation radiocarbone suivante : Beta-390137 : 2110 ± 30 BP ; soit la période Cal BC 375-1958. CHRONOLOGIE RELATIVE DE LA SÉQUENCE DE DÉPÔTS DE CORPS DANS LE SILO

La datation absolue des squelettes, qui sont dépourvus de mobilier, ne permet pas de préciser la chronologie relative des différents dépôts successifs de corps humains dans le silo. Celle-ci peut être approchée par le croisement de la stratigraphie des dépôts de sédiments, avec celle des dépôts de restes humains. Un phasage chrono-stratigraphique en trois séquences principales peut ainsi être restitué (fig. 7) : - Phase 1 : cette première séquence est marquée par le dépôt du corps de l’individu 8 au contact de l’interface de creusement du fond du silo (USE 93_003). Le corps de l’individu 6 vient ensuite partiellement recouvrir celui de l’individu 8 ; le crâne du sujet n° 6 basculant, comme on l’a vu, à l’intérieur de la cage thoracique du sujet n° 8. Les corps des deux chiots, qui ont été trouvés sur des tessons reposant à plat directement au contact du fond du silo, sont déposés à ce moment. Vient enfin le corps de l’individu 7. Cette première phase de mise en place de corps est antérieure au dépôt du bouchon d’effondrement du silo (USE 93_002) . - Phase 2a : dans une seconde séquence, l’individu 5 est déposé en premier, au contact direct de l’interface supérieure du bouchon d’effondrement USE 93_002. Ses restes sont ennoyés dans un apport de sédiments postérieurs (USE 93_001b) . - Phase 2b : dans une troisième et dernière séquence, sont déposés les corps des individus 1 à 4. Le corps de l’individu 2 vient d’abord recouvrir celui de l’individu 5, avant d’être lui-même recouvert par le corps de l’individu 1, sur lequel est déposé enfin le corps de l’individu 4. La position de l’individu 3 à l’intérieur de cette série est difficile à préciser ; on constate néanmoins que ce squelette repose directement au contact de l’interface supérieure de l’USE 93_001b. Ce second ensemble de corps (individus 1 à 4) est ennoyé par la couche de remplissage supérieure USE 93_001a. Cette dernière phase de dépôt est donc contemporaine de l’épisode de comblement terminal du silo. Ces phases successives de mise en place des corps sont séparées par le dépôt du bouchon d’effondrement USE 93_002, qui isole la phase de dépôt 1 des phases

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2a et 2b. Lorsque les parois supérieures du silo se sont effondrées, le poids des terres a fracturé en effet le crâne de l’individu 8 ; tandis que l’introduction de sédiments dans le fond de la fosse a mobilisé une partie du squelette de l’individu 7. Aucun corps n’a donc été jeté durant cette période d’érosion de la partie supérieure du silo, dont la durée chronologique est difficile à estimer. Ce n’est qu’après la stabilisation du dépôt du bouchon d’effondrement que les dépôts de corps ont repris, alors que le silo continuait à se remplir sous l’apport de sédiments venus de la surface (USE 93_001b). Les derniers corps déposés (individus 1 à 4) ont semble-t-il été rapidement remblayés avec la mise en place de la couche USE 93_001a. Comme on l’a vu, la taphonomie des squelettes apporte des précisions intéressantes quant au contexte de dépôt des corps. Les sujets déposés au cours de la phase de dépôt 1 (individus 6, 7 et 8) se sont manifestement décomposés à l’air libre, avant de se trouver enfouis sous les apports de sédiments du bouchon d’effondrement USE 93_002. De la même manière, le corps de l’individu 7, qui est entré dans le silo au moment de la phase de dépôt 2a, s’est lui-aussi semble-t-il d’abord décomposé à l’air libre, avant d’être recouvert par les sédiments de l’USE 93_001a. L’effondrement du bouchon semble être intervenu un certain laps de temps après la mise en place des premiers corps, dont les ossements ont été fracturés en place par le poids des terres. C’est le cas en particulier de l’individu 8, dont le crâne, écrasé en place, devait être vidé de son contenu organique au moment de la chute massive des sédiments venus de la proximité de la surface. En revanche, les corps déposés au cours de la phase de dépôt 2b présentent des caractéristiques taphonomiques différentes de celles des corps introduits précédemment dans le silo : on remarque en effet que ces derniers se sont vraisemblablement décomposés en milieu fermé. C’est ce qui a contribué notamment à maintenir en position assise le corps de l’individu 3. Il s’agit là d’un argument en faveur d’un comblement massif, et sans doute volontaire, de la fosse dans laquelle avaient été entassés ces cadavres, et qui viendrait fermer définitivement ce réceptacle. On peut donc estimer que nous disposons de la série complète des corps qui ont été introduits dans le silo, malgré la disparition de la partie supérieure du comblement de la structure. ÉTAT DES CORPS AU MOMENT DE LEUR DÉPÔT

La stratigraphie des dépôts de corps à l’intérieur du comblement du silo montre que les cadavres ont été introduits successivement, au cours de deux séquences chronologiques principales (phases de dépôt 1 et 2). Les corps entrés les premiers au cours de la phase 1 (individus 8 et 6) paraissent avoir été jetés sur le fond de la fosse, depuis l’ouverture du silo, qui était située probablement à environ 2 m en surplomb. Ceci

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Fig. 7 : Marsal « La Digue » (Moselle), silo ELA 093. Matrice stratigraphique de type Harris (conception et réalisation L. OLIVIER).

e­ xpliquerait notamment la position centrée des corps sur le fond du silo et leur entassement l’un sur l’autre. Leur position couchée sur le côté, les jambes fléchies et les bras légèrement repliés en avant, semble indiquer pour sa part que les cadavres ont été précipités dans l’excavation alors que leurs articulations étaient encore souples. Un temps relativement court pourrait donc

s’être étendu entre le décès des sujets et leur introduction dans le silo désaffecté. La position de l’individu 7 est plus problématique. Il a été trouvé en effet en position allongée en extension, les bras étendus le long du corps et les membres inférieurs rapprochés l’un de l’autre. À première vue, cette position ne paraît guère compatible avec celle d’un

Un silo abandonné rempli de cadavres gaulois à Marsal (Moselle).11

corps qui aurait été jeté, comme les précédents, depuis la surface. Il est cependant possible que celui-ci ait glissé sur la surface en pente du bouchon d’effondrement ; ce qui aurait produit cette disposition particulière. Pour sa part, la position des membres, qui forme un « effet de paroi » au contact du creusement du silo, suggère que les articulations du sujet étaient encore souples au moment de son introduction dans la fosse. La situation est plus claire pour les sujets appartenant à la seconde phase de dépôt de corps. L’individu 5 est entré le premier, à partir du côté est de la fosse. Il est manifestement tombé sur le dos, et a glissé sur la surface inclinée du bouchon d’effondrement du silo. Comme on l’a vu, la position du bras gauche ramené vers le visage semble indiquer que le corps était encore souple quand il a été introduit dans le silo. L’individu 2 a manifestement été jeté ensuite directement sur lui, face contre terre, les bras pendant en avant. Là encore, ceci paraît indiquer que les articulations du corps étaient encore souples au moment du dépôt du cadavre. Puis l’individu 1 a été précipité à sa suite, la face également tournée contre terre. La position des membres ne permet pas de déterminer s’il a été déposé ou non à l’état de cadavre frais. On a jeté enfin sur ce dernier le corps de l’individu 4, qui appartient à celui d’un enfant. Le petit est tombé sur le dos et a glissé sur le côté droit du corps de l’individu 1. Le fléchissement de sa jambe gauche indique que les articulations du corps étaient encore souples à ce moment. Le regroupement de tous ces corps du côté est de la fosse semble attester que ces derniers ont été jetés dans le silo les uns à la suite des autres, au cours d’une seule et même séquence. La position isolée de l’individu 3, qui a été trouvé plaqué contre le côté ouest de la paroi, ne permet pas de déterminer le moment auquel il est entré dans cette fosse, par rapport aux autres individus déposés au cours de la phase 2. Son cadavre a néanmoins été jeté comme les autres à partir de l’ouverture du silo. En effet, lorsqu’il est tombé au fond, il a glissé sur le dos sur la surface en pente du bouchon d’effondrement (USE 093_002) ; tandis que la partie inférieure du corps était arrêtée par la paroi du silo, ses jambes se repliant naturellement en position semi-assise. De la même manière, la légère rotation du corps sur le côté droit a ramené le bras gauche vers l’intérieur, tandis que le bras droit s’éloignait du thorax. Tout ceci indique que le corps a été précipité à l’état de cadavre frais, sans doute peu de temps après la mort.

CHRONOLOGIE ARCHÉOLOGIQUE DES DÉPÔTS STRATIGRAPHIQUES TYPO-CHRONOLOGIE DU MOBILIER ARCHÉOLOGIQUE ASSOCIÉ

Les différentes unités stratigraphiques identifiées sur le terrain ont livré chacune plusieurs séries de fragments de céramique domestique, qui permettent d’en déter-

miner la datation archéologique. Ces ensembles ne fournissent néanmoins que des éléments de datation part terminus post quem, dans la mesure où ces fragments ont été remobilisés, pour l’essentiel, après leur dépôt dans le sol. Les accumulations de briquetage encaissantes, dans lesquelles a été creusé le silo ELA 093 (EUS 14.1-001) ont livré une série de fragments céramiques, qui se rattachent clairement à la période archéologique du Hallstatt D1. Les éléments caractéristiques sont en particulier les récipients fermés à cordon digité soulignant la base du col (type 6620a de la typologie d’ADAM et al., 2011), ou encore les formes à épaulement globuleux et profil légèrement sinueux, qui sont rehaussées de motifs gravés délimités par des lignes multiples (fig. 8). Ceux-ci figurent des bandes de croisillons, qui sont typiques de la période du Hallstatt D1 dans la vallée de la Seille, notamment dans le site d’atelier de « La Digue ». Ces différents éléments typologiques fournissent une datation archéologique par terminus post quem du dépôt des accumulations de déchets de production dans lesquelles le silo a été établi. Celle-ci peut être fixée au Hallstatt D1, dans la première moitié du VIe s. av. J.-C. Nous ne possédons manifestement aucun élément archéologique datant qui soit contemporain de la période d’utilisation initiale du silo. En revanche, la première unité stratigraphique de comblement de cette grande fosse (USE 93_002) a fourni une série de fragments céramiques, qui forment un ensemble hétérogène de formes et de décors se rattachant aux périodes typo-chronologiques du Hallstatt D1 et D2. Le Hallstatt D1 est attesté par des formes à décor gravés de croisillons (ART 1185), ainsi que par des formes ouvertes basses (de type « coupe » ou jatte ») à profil faiblement sinueux (ART 1188, 1198, 1215). Néanmoins, c’est la période du Hallstatt D2 qui apparaît ici la mieux représentée : elle est attestée notamment par des formes biconiques ou carénées, dont certaines à état de surface étiré de type « peau de crapaud » (ART 1189) (fig.  9). Manifestement, le matériel en stratigraphie mêle des fragments qui se trouvaient abandonnés sur le fond de la fosse et d’autres, provenant également de la surface, qui ont été remaniés lorsqu’ils se sont trouvés intégrés au bouchon d’effondrement USE 93_002. Ces différents éléments typologiques fournissent une datation archéologique par terminus post quem de la formation de ce dépôt stratigraphique, laquelle peut-être fixée au ­Hallstatt D2, dans la seconde moitié du VIe s. av. J.-C. Quelques éléments de petit mobilier ont été recueillis par ailleurs au sein de cette première unité de comblement du silo. Il s’agit d’une fusaïole en terre cuite, très altérée (ART 1218), et d’un fragment de tige de fer, de section losangique, ployée et brisée (ART 1180 ; fig. 10). Le nettoyage de ce petit élément métallique au laboratoire de restauration du MAN a fait apparaître un conglomérat de restes organiques indéterminables (restes végétaux ?) fossilisés dans les produits de corrosion.

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La seconde unité stratigraphique de comblement du silo (USE 93_001) a livré également un ensemble hétérogène d’éléments datants, qui sont, de même, constitués de fragments de céramique domestique. À l’intérieur de cette séquence de comblement, la formation USE 93_001b, qui s’est déposée la première, a fourni un ensemble hétérogène de formes et de décors, qui se rattachent aux périodes typo-chronologiques du Hallstatt D1 et éventuellement D2. Le Hallstatt D1 est identifié en particulier par un fragment de récipient à épaulement globuleux et à décor de bande de croisillons délimités par des doubles lignes gravées. L’espace

compris entre les lignes est rempli d’incisions transversales, formant un motif de « lignes à échelle » typique de la période du Hallstatt D1 dans la vallée de la Seille et en particulier sur le site de « La Digue » (ART 1183). Au Hallstatt D1 et éventuellement D2 se rattache un fragment de récipient ouvert de type « coupe » ou « jatte » appartenant au type 1200 de la typo-chronologie du mobilier céramique du premier âge du Fer d’Alsace-Lorraine (ADAM et al., 2011) (fig. 11). La dernière couche de comblement conservée (USE 93_001a) a fourni une série d’éléments céramiques et

Fig. 8 : Marsal « La Digue » (Moselle), silo ELA 093. Mobilier de l’unité stratigraphique EUS 14.1-001 (dessin et DAO L. OLIVIER).

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métalliques, qui appartiennent aux trois périodes typo-chronologiques du Hallstatt D1, D2 et D3. Le Hallstatt D1 est évoqué par un petit récipient fermé, à épaulement globuleux et profil légèrement sineux, à motif d’impressions digitées et d’incisions transversales (ART 1063). Le Hallstatt D2 se signale par un fragment de jatte tronconique à profil surbaissé et bord rentrant (ART 1075). D’autres éléments sont typiques du ­H allstatt D3, comme un fragment de récipient à

é­ paulement caréné, à décor de chevrons peints en réserve (ART 1103), et surtout un fragment de ressort et de « bouclette » de fausse corde de fibule en bronze, de type « à ressort en arbalète » (ART 1064) (fig.  12). Ces éléments typologiques fournissent une datation ­archéologique par terminus post quem de la fermeture définitive de la fosse dans laquelle avaient été jetés les corps humains. Celle-ci peut être fixée au Hallstatt D3, dans le premier quart du V e s. av. J.-C.

Fig. 9 : Marsal « La Digue » (Moselle), silo ELA 093. Mobilier de l’unité stratigraphique USE 93_002 (dessin et DAO L. OLIVIER).

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Fig. 10 : Marsal « La Digue » (Moselle), silo ELA 093. Petit élément en fer ART 1180, provenant de l’unité stratigraphique USE 93_002 (cliché Projet Briquetage de la Seille).

LES PROBLÈMES CHRONOLOGIQUES POSÉS PAR LA DATATION ARCHÉOLOGIQUE DES VESTIGES

La datation radiocarbone des différents squelettes humains rejetés dans le silo abandonné ELA 093 fait apparaître un décalage chronologique important avec la datation archéologique obtenue à partir du mobilier

céramique et métallique, qui est associé aux formations stratigraphiques dans lesquelles ces corps ont été déposés. Le radiocarbone situe en effet dans une période très cohérente, placée à l’intérieur des IV e-IIIe s. av. J.-C., la mise en place des corps dans le silo9. Comme le montre la stratigraphie des dépôts de corps, l’introduction des cadavres s’est faite à des moments successifs de l’histoire de cette structure : les premiers sujets

Un silo abandonné rempli de cadavres gaulois à Marsal (Moselle).15

Fig. 11 : Marsal « La Digue » (Moselle), silo ELA 093. Mobilier de l’unité stratigraphique USE 93_001b (dessin et DAO L. OLIVIER).

sont entrés avant le dépôt du bouchon d’effondrement USE 93_002 (phase de dépôt 1), tandis que les autres ont été introduits après la stabilisation définitive de ce dôme de sédiments (phases de dépôt 2a et 2b). Or, la datation archéologique du bouchon d’effondrement USE 93_002 – qui se trouve prise entre ces deux séquences de dépôt – donne un terminus post quem correspondant à la période du Hallstatt D2. Celui-ci est bien éloigné de la datation absolue des restes osseux humains de cette première phase de dépôt de corps, qui se place nettement au cours du Second âge du Fer. Le même constat s’impose pour les formations stratigraphiques USE 93_001a-b, qui sont associées à la phase de dépôt 2a-b. Dans le cas du premier apport de sédiments USE 93_001b, la datation archéologique fondée sur le matériel céramique donne une datation par terminus post quem centrée sur la période typo-chronologique du Hallstatt D1, ou éventuellement D2. Le second apport de sédiments USE 93_001a, qui vient sceller ces dépôts de corps, fournit quant à lui un terminus post quem correspondant au Hallstatt D3. Là encore, le décalage avec la datation réelle des corps fournie par le radiocarbone est important, puisque cette dernière est clairement située – encore et toujours – au Second âge du Fer. Comment donc expliquer l’existence d’un tel décalage entre les datations archéologiques et les datations absolues, et dont l’amplitude atteint ici au moins deux siècles ? Il semble qu’il faille en chercher les raisons dans l’histoire de l’occupation du site de « La Digue ». Comme l’ont montré en effet les fouilles de l’atelier, ce dernier a fonctionné principalement durant le VIe s. av. J.-C. (pendant les périodes typo-chronologiques du Hallstatt D1 et du début du Hallstatt D2) ; les installations de production de sel apparaissant définitivement abandonnées aux alentours de 500 av. J.-C.

(avant la période archéologique du Hallstatt D3). Ce sont les fragments de céramique associés à cette occupation ancienne – et massive – du site qui se trouvent donc préférentiellement remaniés dans le comblement du silo, lequel s’est effectué à partir de l’érosion des sédiments en place. La présence de témoins attribuables à la période du Hallstatt D3, qui ont été trouvés mêlés au comblement terminal du silo (USE 93_001a), indique néanmoins la possibilité d’une occupation dont on ne connaît pas la nature dans le courant du premier quart du V e s. av. J.-C. Par la suite, au cours de la période de La Tène ancienne, le secteur de « La Digue » paraît avoir été déserté. Ce ne serait que dans le courant de la période Cal BC 400-200, que l’emplacement de la périphérie de l’atelier de sauniers désaffecté connaîtrait une nouvelle affectation : celui-ci serait utilisé dorénavant comme un espace dévolu au stockage des productions agricoles. Cette zone serait vraisemblablement située à la périphérie immédiate d’un habitat du Second âge du Fer, dont l’emplacement serait ainsi à rechercher à la partie méridionale du site occupé par l’agglomération actuelle de Marsal. Ainsi, ce hiatus de l’occupation archéologique expliquerait pourquoi ce sont seulement des témoins d’occupation datant du Premier âge du Fer – qui étaient déjà en place dans les sédiments – qui sont entrés dans le comblement du silo ELA 093, bien que celui-ci ait manifestement été utilisé au cours d’une période largement postérieure.

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES Les données de terrain, qui viennent d’être présentées ici, permettent de reconstituer une chronologie relative de la succession des dépôts de corps dans le silo

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Fig. 12 : Marsal « La Digue » (Moselle), silo ELA 093. Mobilier de l’unité stratigraphique USE 93_001a (dessin et DAO L. OLIVIER).

­abandonné de « La Digue ». Elles offrent également la possibilité d’en comparer la datation absolue à la datation archéologique, fournie par le mobilier céramique et métallique qui est associé à la stratigraphie. Les premières déterminations anthropologiques, effectuées sur les corps de la séquence de dépôt 2b, indiquent que les sujets de Marsal ont éprouvé des conditions de vie difficiles. Les trois adultes masculins portent chacun des traces de fractures anciennes aux mains ; deux d’entre eux (individus 1 et 3) ayant été inhumés avec des fractures récentes aux côtes, non réduites. Les trois sujets adultes souffraient par ailleurs d’arthrose. Deux d’entre eux (individus 1 et 3) ont

surtout en commun des déformations pathologiques des os des pieds (calcaneus secondarius), lesquelles sont habituellement rarement observées, dans la mesure où elles ne constituent en général que moins de 5 % des cas identifiés dans les populations anciennes et modernes. L’origine de ces pathologies traumatiques est encore difficile à déterminer, mais pourrait être liée à des conditions de vie ou de travail comportant la manipulation et/ou le transport de lourdes charges (MEYER, 2014). Des analyses de laboratoire complémentaires sont maintenant nécessaires pour préciser l’histoire des différents sujets réunis dans le silo de « La Digue ». L’étude

Un silo abandonné rempli de cadavres gaulois à Marsal (Moselle).17

anthropologique des individus découverts en 2014 devrait donner une image d’ensemble des pathologies et des traumatismes subis par les membres de ce groupe durant leur vie. La détermination de la concentration en strontium, confiée à Elka Duberow au Centre d’Archéométrie Curt Engelhorn de Mannheim (Allemagne), devrait fournir des indications sur leur(s) origine(s) géographique(s). Les analyses isotopiques de l’oxygène, du carbone et de l’azote, réalisées également au CEZA de Mannheim par Corina Kniper, devraient quant à elles livrer des informations sur le régime alimentaire des sujets, et préciser notamment s’ils ont bénéficié, ou non, d’une bonne alimentation. Enfin, leur étude génétique, confiée à Christine Keyser sous la direction d’Éric Crubézy à l’Institut de Génétique moléculaire de Strasbourg, devrait permettre de déterminer en particulier si les sujets de Marsal étaient liés, ou non, par des relations familiales. Toutes ces données, croisées les unes avec les autres, devraient contribuer à esquisser les contours de l’identité de ces individus, à qui l’accès à une sépulture conventionnelle a manifestement été refusé. Remerciements : Nous remercions chaleureusement Michel Gourieux, propriétaire, et Thierry Demange, exploitant, qui nous ont permis de mettre au jour cet

ensemble exceptionnel dans leur parcelle de « La Digue » à Marsal, Jean-Pierre Ménestrel, entrepreneur de BTP, qui l’a délicatement décapé à la pelle mécanique, Vincent Hadot (assistant de conservation au musée de Valenciennes), Clémence Glas (étudiante en Préhistoire à l’université de Paris I) et la petite Gaëlle qui ont apporté leur concours à la fouille, Simon Jusseret, Nicolas Kress et Quentin Letesson (chercheurs à l’université catholique de Louvain-la Neuve ; Belgique) qui ont pris en charge la restitution 3D des squelettes, et enfin Stéphane Marion (ingénieur au Service régional de l’Archéologie de Lorraine, Metz) qui nous a fait bénéficier de ses remarques judicieuses sur les conditions de dépôt des corps de la phase 2b.

NOTES 6.  Altitude – 0,45 m du nivellement relatif de la fouille (NRF) ; soit l’altitude 201,46 NGF. 7.  Les faibles dimensions de la structure indiquent que celle-ci n’a pu être creusée à une grande profondeur, en d’autres termes avant l’arasement des accumulations de briquetage situées en avant des remparts de Marsal. 8.  Les datations radiocarbones sont données ici avec une précision de 2 sigma. 9.  La compilation des dates fait néanmoins apparaître un plus grand pic de probabilité statistique pour la période Cal BC 350 à Cal BC 300 ; soit le courant de La Tène B1.

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