Recensione in \" Cahiers de Civilisation Médiévale\" 57 (2014), pp. 20:1-203 :Boncompagno da Signa, «Amicitia» and «De malo senectutis et senii». Ed., Transl., and Intr. by Michael W. Dunne, Peeters, Paris-Leuven-Walpole (Ma) 2012 (Dallas Medieval Texts and Translations, 15)

October 3, 2017 | Autor: Paolo Garbini | Categoría: Medieval Latin Literature
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Descripción

MICHAEL W. DUNNE

de vie et l’arbre de la connaissance, celle de SaintPaul-Trois-Châteaux où se dressent les murailles de Jérusalem et celle de Saint-Zacharie de Venise qui est exclusivement occupée par cinq oiseaux alors que la travée précédente montre à la fois des aigles et surtout un cerf et une biche s’attaquant à un autre animal (p. 341). Pour l’analyse thématique, certains ensembles font l’objet d’une étude approfondie alors que d’autres, principalement, ceux du corpus italien ne sont que brièvement mentionnés. C’est le cas en particulier dans l’examen des thèmes bibliques qui se concentre, au début, sur les programmes de Cruas et de Saint-Paul-Trois-Châteaux en proposant des interprétations parfois discutables. Pour Cruas, on éprouve quelques difficultés à reconnaître la terre et la mer dans les deux bandeaux latéraux respectivement occupés par des demi-palmettes et des ondulations (p. 71). On peut également douter qu’à Saint-Paul-Trois-Châteaux le guetteur soufflant dans un cor représente le prophète Ézéchiel et que les médaillons encadrant les Vivants se réfèrent aux roues de sa vision (p. 71). De même, plus de la moitié de la section traitant du thème de la chasse a été consacrée au programme de Lescar, laissant ainsi peu de place aux programmes italiens qui pourtant en regorgent. Cette analyse ne propose de surcroît qu’une interprétation réaliste de la chasse, considérée avant tout comme un passe-temps aristocratique, sans envisager la moindre interprétation symbolique alors que des œuvres sculptées, comme la chasse au cerf de la façade de la cathédrale d’Angoulême ou celle de Saint-Zénon de Vérone, montrent que cette dimension du thème a pu être envisagée par les contemporains de ces mosaïques. On peut enfin se demander si le « veneur boiteux » chassant à l’arc a effectivement été valorisé, d’autant que sa peau est sombre et qu’il dirige sa flèche vers l’inscription mentionnant l’évêque commanditaire. L’étude du bestiaire se fonde en grande partie sur le programme de Ganagobie qui apparaît ainsi comme une sorte de référence. Et si elle fait preuve d’une remarquable érudition, elle se limite pour l’essentiel à un inventaire des occurrences de chaque animal étendu à la sculpture monumental, de sorte que plusieurs questions restent en suspens : les animaux ont-ils été valorisés ou dévalorisés ? quelle a pu être leur signification ? comment s’intègrent-ils dans les programmes ? L’A. suggère que les animaux de la Création servent à localiser l’image dans le Paradis (p. 132) mais il semble délicat de les envisager dans ce sens lorsque le programme ne comporte ni

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201 les quatre fleuves ni l’arbre de vie ou celui de la connaissance. Dans la section consacrée à la géographie et à la cosmologie, la longue analyse des mosaïques de Die (7 pages) comporte également des interprétations discutables. Ainsi, les deux médaillons disposés aux angles du cadre rectangulaire délimitant l’œuvre ont-ils été interprétés comme des figurations du soleil et de la lune. On peut enfin regretter que les questions de style n’aient été abordées que superficiellement, les comparaisons demeurant souvent très générales tandis que le catalogue de motifs décoratifs n’a été que très peu exploité. On peut dès lors éprouver quelques difficultés à évaluer la fiabilité des datations proposées. Abstraction faites de ces quelques réserves, ce livre constitue un outil et une référence indispensable pour tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin au décor de pavement d’époque romane. Outre la vue d’ensemble qu’il propose dans la première partie, il fournit un catalogue complet des œuvres conservées, des photos, des plans et, pour ceux qui désirent aller plus loin, une très abondante bibliographie. Marcello ANGHEBEN. Michael W. DUNNE, éd. trad et introd. — Boncompagno da Signa, « Amicitia » and « De malo senectutis et senii ». Louvain, Peeters, 2012, VIII-166 p. 1 h.-t. (Dallas Medieval Texts and Translations, 15). Avec cet ouvrage contenant deux textes, la collection « Dallas Medieval Texts and Translations », publié par Peeters, arrive enfin à son quinzième volume. Créée en 2002, lle cherche à rendre accessibles les textes latins de 500 à 1500 ap. J.-C. grâce à leur traduction en anglais. Cette entreprise mérite d’autant plus le soutien de l’ensemble des chercheurs sur la littérature médiolatine que, dans la période extrêmement délicate de « transition médiatique » que nous connaissons actuellement – c’est-à-dire le passage du livre imprimé à internet –, il y a danger que beaucoup de chefs-d’œuvre et même des pans entiers de la littérature médiévale puissent tomber dans l’oubli. Cela s’est d’ailleurs déjà produit dans la tradition occidentale à d’autres moments cruciaux : passage de l’oralité à l’écriture, du rouleau de papyrus au codex et enfin du codex à l’imprimé. Traduire signifie tout d’abord faire connaître, et faire connaître est la condition nécessaire pour

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espérer sauver un trésor encore enterré, avant que l’on n’en perde jusqu’à la carte. Au Moyen Âge, le latin n’était pas une langue maternelle – on l’apprenait à l’école – mais plutôt une langue paternelle, et la littérature médiolatine peut-être envisagée comme une gigantesque traduction d’un original vulgaire qui n’a jamais proprement existé. Et c’est bien cela que nous demande aujourd’hui, paradoxalement, la littérature médiolatine : être convertie dans les langues actuelles pour pouvoir être comprise bien au-delà du cercle restreint des spécialistes, dans cette Europe qui l’a mise au monde, un monde qui aujourd’hui trouve difficilement sa propre identité et qui pourrait se retrouver dans le Moyen Âge latin, parce que la littérature médiolatine raconte une unité millénaire dans la diversité. En ce qui concerne l’urgence de l’activité de traduction, je signale une initiative italienne analogue, née en 2009 : la collection des textes traduits « Scrittori latini dell’Europa medievale » (écrivains latins de l’Europe médiévale), dirigée par F. Stella et publiée chez les éditions Pacini de Ospedaletto (Pise), qui en est actuellement à son numéro 11. Le volume en question ici, dirigé par M. W. Dunne, est très appréciable notamment pour le choix de deux ouvrages de Boncompagno da Signa ; ces deux petits textes extravagants – qui se différencient de sa considérable production d’artes dictandi – se prêtent à attirer l’attention des lecteurs par leur originalité, leur franchise et leur écriture emplie de verve. Il s’agit en fait de deux écrits « moraux », dédiés respectivement à l’amitié et à la vieillesse ; cicéroniens seulement dans le titre, ils sont bel et bien « boncompaniens » en réalité, pour leur regard impitoyable (mais à la fois amusé) sur les rapports humains. L’on espère que la traduction de M. W. Dunne puisse contribuer à élargir la connaissance de Boncompagno dans ce monde anglo-saxon qui a su faire naître les chefs-d’œuvre de Swift, Sterne, Carlyle, Abbott… Il est bien possible que Boncompagno puisse être un auteur en mesure de capter l’attention d’un public certes cultivé mais pas spécialiste en la matière. M. W. Dunne semble aussi le confirmer : il confesse être tombé par hasard sur Boncompagno sur Google, et opportunément signale la citation de la Rhetorica novissima de Boncompagno dans un discours brillant de références érudites prononcé en 2009 par Jean-Claude Trichet lorsque ce dernier était président de la BCE. Dans son introduction, M. W. Dunne nous fournit une présentation libre de Boncompagno et en particulier des deux textes choisis et traduits ; s’ensuivent

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COMPTES RENDUS

une brève bibliographie et les textes latins en regard des traductions respectives, lesquelles sont dotées de notes de commentaires concises. Je ne peux qu’exprimer, après avoir applaudi cette collection et avoir souhaité la bienvenue à ce Boncompagno anglais, quelques rapides observations concernant la méthode adoptée et certains détails de ce travail. Outre les erreurs d’impression qu’il importe peu d’énumérer, il n’est pas rare de tomber sur d’autres imprécisions qu’il est en fait, vu la destination universitaire de l’ouvrage, nécessaire de signaler. Ainsi, par exemple, p. 4, l’on attribue sans réserves à Boncompagno le traité Oculus pastoralis, destiné à la formation du podestat, suivant, me semble-til, une hypothèse de Ludovico Antonio Muratori de 1741. Pourtant, cette dernière a été rejetée à partir d’Augusto Gaudenzi en 1895, puis ensuite par la critique boncompanienne suivante (à la n. 4, il cite l’édition dirigée par D. Franceschi en 1966, au titre adopté par l’éditrice – alors qu’elle a publié l’œuvre comme anonyme – ; M. W. Dunne met en évidence une inexistante et trompeuse identification de l’auteur : Boncompagnus) ; et curieusement à la p. 5, dans le paragraphe dédié aux œuvres de Boncompagno, l’Oculus pastoralis n’y est même pas mentionné (sur la question de l’attribution de cette œuvre à Boncompagno, R. M. Dessì, « Pratiques de la parole de paix dans l’histoire de l’Italie urbaine », dans Prêcher la paix et discipliner la société, Turnhout 2005, p. 258, n. 51, semble vouloir rouvrir la discussion). À la p. 6, la date du décès d’Alberico est située en 1188 alors que celui-ci est mort vers 1098/1099. Aux pages 21 et 27, Tavernazze est indiqué de façon erronée comme l’endroit de la maison d’édition SISMEL – « Edizioni del Galluzzo », au lieu de Florence. Venons-en à la méthode. À la p. VII, Ph. W. Rosemann, qui présente la collection en tant que directeur, déclare que, outre le but premier – c’est-à-dire l’accès aux textes latins du Moyen Âge à travers une traduction anglaise qui fait autorité –, la série vise à procurer des textes latins fiables, sur la base de bonnes éditions critiques (quand elles existent, et réimprimées quand cela est possible) ou encore sur la base de nouvelles éditions, en général demicritiques, avec un apparat critique limitée aux variantes significatives. Rien à dire sur la demicritique textuelle : entre une nouvelle édition critique fondée sur la prise en compte complète de la tradition manuscrite et la simple réimpression d’une édition antérieure, il y a toute une série de nuances possibles, autant que légitimes. Il importe néanmoins d’être clair.

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Le présent volume revendique l’édition pour les deux œuvres de Boncompagno. En ce qui concerne l’Amicitia, M. W. Dunne propose effectivement un nouveau texte reconstruit à partir de trois manuscrits mis à jour ultérieurement à l’édition classique de S. Nathan de 1909. Toutefois, l’A. ne s’attarde en aucune manière sur les rapports entre les manuscrits, alors que sur le sujet, même dans le régime (déjà mentionné) de demi-critique, il aurait fallu au moins fournir quelques explications. En revanche, on ne peut considérer comme « édition » (et encore moins comme « nouvelle édition ») le texte du De malo senectutis et senii, pour lequel M. W. Dunne affirme avoir utilisé le texte offert on-line par Steven Wight (à propos duquel j’ai déjà eu l’occasion de relever mérites et défauts) acceptant, mais pas de façon continue, « the variant readings proposed by Garbini ». Or, ma propre édition ne propose pas de variantes au texte de S. Wight mais reconstruit bel et bien le texte sur la base de la collation de la tradution manuscrite. Sans insister sur les choix discutables de M. W. Dunne (p. ex. « fabulam », retenue est une lectio facilior par rapport à famina), je crois que présenter le texte de S. Wight avec cinq leçons différentes (qui me sont attribuées, mais en réalité dépendent de la tradition manuscrite) est un exercice certes légitime, mais qu’on ne peut certainement pas qualifier d’édition critique comme annoncé. Enfin – et seulement parce que dans le commentaire du De malo… dix lignes sur les trente-trois qui composent la note 5 sont utilisées pour gloser (en reprenant une note de S. Wight) le nome de plume de Boncompagno « Buchimenon », je ne peux que renvoyer à mon « Tra sé e sé : l’eteronimo di Boncompagno da Signa “Buchimenon” e un suo sconosciuto trattato “de transumptionibus” », Res Publica Litterarum, 22, 1999, p. 66-72. Pour une mise à jour bibliographique, j’ajoute enfin le travail sur l’Amicitia de Boncompagno – postérieur au volume ici recensé – de E. Artifoni, « Amicizia e cittadinanza nel Duecento. Un percorso (non lineare) da Boncompagno da Signa alla letteratura didattica », dans Parole e realtà dell’amicizia medievale, éd. I. Lori Sanfilippo et A. Rigon, Rome, 2012, p. 9-30. [trad. Astrid FIENGO] Paolo GARBINI. Graham A. LOUD, trad. — The Crusade of Frederick Barbarossa. The History of the Expedition of the Emperor Frederick and Related Texts.

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Farnham, Ashgate, 2010, VIII-225 p., 3 tabl., 2 cartes (Crusade Texts in Translation, 19). Faisant partie d’une collection aussi prestigieuse qu’utile, le présent volume comporte la traduction anglaise de sept textes relatifs à la croisade de Frédéric Barberousse, sa préparation, son recrutement, la traversée de l’Anatolie et son arrivée à Antioche, onze jours après la noyade de l’empereur. La plupart d’entre eux ont fait l’objet d’éditions latines soignées dans les Monumenta Germaniae historica, aujourd’hui aisément accessibles sur la Toile, et il serait malvenu de reprocher à l’éditeur de ne pas avoir fourni l’original en vis-à-vis par la même occasion. Claire et précise, l’introduction d’une trentaine de pages donne une vision globale de l’histoire de l’expédition. Elle aborde aussi des questions plus érudites concernant l’auteur des œuvres, ses sources d’information ou leur tradition manuscrite. Elle contient également une étude formelle de la prose rythmée de quelques-unes des chroniques : surtout cursus velox, mais aussi trispondaicus, voire tardus. L’ouvrage principal du recueil, occupant presque sa moitié (p. 33-134), est l’Historia de expeditione Friderici imperatoris. Écrite de façon composite vers 1200 par au moins deux auteurs, elle ne saurait plus être attribuée au moine Ansbert. Elle s’inspire, en partie, du journal de Tageno, doyen de Passau (Bavière), mort à Tripoli à l’automne 1190, et d’autres témoins oculaires de l’expédition. Elle commence par les préparatifs de 1189 pour s’arrêter, dans une sorte d’appendice, avec la conquête de la Sicile par Henri VI et avec sa tentative de rendre héréditaire la dignité impériale. Contrairement aux sources anglo-normandes, elle présente sous un jour positif la capture par le duc d’Autriche de Richard Cœur de Lion, accusé de l’assassinat de Conrad de Montferrat, apparenté aux Staufen (p. 123-124). Elle met également en valeur le rôle de Frédéric de Souabe († 1191) prenant la tête des croisés à la mort de son père. Elle est assez précise sur l’itinéraire en Anatolie de Frédéric Barberousse, dont l’armée n’a pas été aussi malmenée par les Turcs qu’on ne l’écrit trop souvent, peut-être au miroir anachronique de l’expédition précédente de Conrad III. Seul le début du deuxième texte, l’Historia peregrinorum (env. 1200), inspirée en partie de l’Historia de expeditione, a été traduit ici (p. 135-148). Il couvre les événements allant des victoires de Saladin jusqu’à la mort de l’empereur. La prédication de croisade occupe une place importante dans le récit. Elle est à l’œuvre au cours de la diète tenue à Mayence en Carême 1188 dans un contexte

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