Recension C. Castel 2016 : P. Pfälzner, M. Al-Maqdissi (Eds), Qaṭna and the Networks of Bronze Age Globalism. Proceedings of an International Conference in Stuttgart and Tübingen in October 2009. Qaṭna-Studien. Supplementa 2 2015. XII, 584 p. Journal Asiatique n°304/2, 2016, p. 328-332.pdf

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Descripción

comptes rendus

Gregorio del Olmo Lete, Studies in Common and Comparative Semitics. Selected Papers. Series Semitica Antiqua 2. CNERU & DTR (Córdoba Near Eastern Research Unit + Durham University). Córdoba  : Oriens Academic, 2015. XV + 432 pages. ISBN  : 978-84-606-7235-7. Prix 90€. Ce beau livre rassemble quatorze études (recomposées et munies d’un index) du grand sémitisant Gregorio del Olmo Lete, co-auteur, avec Joaquín Sanmartín, du monumental Dictionary of Ugaritic Language in the Alphabetic Tradition (­Leiden/Boston  : Brill, 2003), lequel compte plus de mille pages. Cet ouvrage, rédigé en espagnol (2000), est devenu un dictionnaire d’usage, et Wilfried G. E. Watson en a produit une traduction anglaise. Il n’est guère possible d’aborder ici toutes les différentes études par le détail, mais il demeure loisible d’en citer quelquesunes, qui se distinguent par l’étendue de leur portée comme par l’audace de leur doctrine. Mentionnons tout d’abord une ample étude (p. 1-28) portant sur la classification des langues sémitiques  : il va sans dire que la modélisation adoptée par l’auteur est susceptible d’intéresser à la grammaire comparée d’autres langues. Il fait le postulat d’un proto-sémitique multipolar «  multicentre  » (p. 14), qui serait – de façon plus conventionnelle – un rameau du groupe afro-asiatique (p. 2). Il note avec sagacité (p. 20) que la distribution entre sémitique de l’ouest et sémitique de l’est est asymétrique, posant que l’akkadien et l’éblaïte procèdent d’un seul et même nucleus  : le proto-amorrite (p. 21). Fort intéressant est le Stammbaum proposé par l’auteur (p. 27), qui associe à la représentation cladistique en ordonnée une perspective chronologique en abscisse  : l’on y voit que le groupe sud-arabique (détaché du sémitique commun vers 4000 ans avant notre ère) est audit sémitique commun ce que l’anatolien commun est à l’indo-européen  : un rameau précoce, qui se caractérise par un caractère sui generis en regard de la famille «  classique  ». Vient ensuite un riche dossier sur la possibilité de voir dans l’ougaritique et le sudarabique épigraphique deux dialectes du nord-ouest (p. 41-64). Ce propos provocateur s’appuie sur des données culturelles  : la commune figure du dieu ougaritique ʕaṯtaru, qui est une sorte de rival et de substitut ridicule de Baal choisi par la déesse ʔaṯiratu (p. 42-46), et dont le culte se prolonge dans le panthéon sudarabique, dont il est la figure prédominante (sudar. épigr. ʕṯtr). L’auteur évoque le motif des champs Élyséens cananéens (p. 46-47), peuplés par les «  rois d’éternité  » (ougar. malakūma ʕalāmi), et que la tradition situe aux confins sud-est de la Jordanie, dans le royaume du roi ʕôǥ de la Bible, dans les villes connues sous le nom ougaritique de ʕaštarātu et de Hidraʕayu (= hébr. ʕaštārôṯ et ʔeḏreʕî). Il faut encore citer les Dioscures ougaritiques que sont Šaharu «  Aurore  » et Šalimu «  Crépuscule  », qui font respectivement écho à ʔrṣ et ʕzz en sudarabique épigraphique (47-48). L’auteur

évoque en outre des correspondances linguistiques  : les pronoms possessifs de troisième personne du singulier en -šu/-ša communs à l’émariote et au sudarabique ancien (en regard de -hu/-ha des autres langues), le maintien du w- initial en émariote, alors que l’ougaritique a fait passer ce *w- à *y(p. 56). Il relève (p. 59) une série de cognats  : ougar. √ʕDB«  préparer  » (=  sudar. épigr. √ʕḎB-), ougar. ʕnn- «  serviteur  » (= sudar. épigr. ʕwn- «  id.  »), ou encore ougar. ğr- «  envahisseur  » (=  sudar. épigr. ğwr- «  id.  »). Dernier argument en faveur d’une parenté génétique entre sabéen et ougaritique  : la présence d’un abécédaire «  sabéen  » trouvé à Ougarit (p. 51-53), et qui inclut le phonème ḍ, perdu par ailleurs dans cette langue  : cf. ougar. ʔarṣu «  terre  » (< sém. com. *ʔarḍu). Il faut ensuite citer l’audacieuse étude (p. 81-98) portant sur «  grammaticalisation, lexicalisation et universaux sémantiques  », où il est affaire de la genèse des prépositions du sémitique commun *bV «  auprès de  », *kV «  comme  » et *lV «  à  », que l’auteur entend faire sortir d’anciens substantifs monolittères – cette approche glottogonique du dossier comparatif est récurrente chez l’auteur, qui revient sur ce sujet dans d’autres articles (cf. p. 189-198). Il est difficile d’admettre (p. 86-89) les vocables monolittères *bV «  lieu  », *kV «  existence  » et *lV «  possession  », que l’auteur rattache avec trop de hardiesse à la négation *lā (p. 189), en posant un intermédaire sémantique du type *«  il ne t’appartient pas de  ». De même, on ne saurait comparer au sém. com. *kV (*ku, *ka, *ki) le déictique i.-e. *o (noté †kʰo), comme s’y risque l’auteur, qui rapproche en outre sém. com. *bV (= *ba, *bi) de l’adverbe i.-e. *bʰi «  auprès de  » (ce qui va bien pour le sens, mais ne se laisse point démontrer). Il faut enfin signaler la ressemblance troublante (p. 91) entre sém. com. *ana «  vers  » (akk., ébl., sudar.) et l’adverbe i.-e. *an «  vers  » (got. ana, gr. ἀνά). Signalons une importante réflexion sur le morphème nominal *-y- «  postposé  » dans les anthroponymes ougaritiques (p. 137-168). C’est le type – singulier – d’ougar. ʔaḫīyu/-īyā (p. 150), qui ne se décline point, et tient lieu de nominatif ou de génitif. Noter encore le type Kalbīyu qui ne se fléchit pas davantage. L’auteur, amassant un riche dossier (p. 148-155), parvient à la conclusion inattendue que le postulat d’une distribution entre un suffixe -iya- de genre masculin et sa contrepartie -aya de genre féminin ne tient pas, à l’examen des données du palais de Mari, où la majorité des formes en -aya désignent en fait des hommes. Le suffixe sous-jacent *-iyu/ *-ayu n’est donc pas un marqueur de genre en soi (p. 156, n. 403). Selon moi, il faut ici faire le départ entre différents schèmes susceptibles d’avoir convergé pour former une classe hétéroclitique  : il faut tout d’abord retirer du dossier les formes du type qatil où le yod est à poser comme une consonne finale  : c’est le type d’akk. rabûm «  grand  » (< sém. com. *rabiy-u), avec un qatl présentant une assimilation de type ar. rabbu- «  maître  » (
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