Natrausinan Alapa: Histoires de Lelepa (Lelepa - French)

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Descripción

Les participants à l’atelier linguistique de Juillet 2010

Remerciements Je souhaite adresser les premiers remerciements aux gens de Lelepa et Mangaliliu qui m'ont ouvert les portes de leur communauté, de leurs familles et de leur langue. Sans eux ce livre n'aurait pu voir le jour. Je tiens aussi à remercier en particulier les six locuteurs qui ont raconté les histoires publiées dans ce livre: le Chef Kalkot Murmur, William Matakutalo, Thompson Namuan, Eunice Touger, feu George Kaltaua Munalpa et Billy Poikiki. Je souhaite aussi remercier les nombreux locuteurs de la langue de Lelepa qui ont prêté main forte à ce projet en fournissant un travail d’édition: ils ont relu les premières versions de ces histoires et ont proposé nombre d’améliorations textuelles. Qu’ils en soient remerciés car ils ont contribué à améliorer ces textes: le Chef Kalkot Murmur, William Matakutalo, Thompson Namuan, Richard Matanik, Masavia Laklotal, Salome Kalsong,

Helen Micah, Leitau et George Tauanearu Munalpa. Je voudrais aussi remercier Alison Fleming pour son assistance dans ce procédé. Pour leur aide sur mes traductions françaises et anglaises des textes, je tiens à remercier les personnes suivantes: Miranda Forsyth, Judy Forsyth et Chris Ballard pour la traduction anglaise, et Maïa Ponsonnet et Alexandre François pour la traduction française. Pour finir, je souhaite adresser de chaleureux remerciements à Chris Ballard et Meredith Wilson qui m’ont encouragé à réaliser cet ouvrage dès 2007, lorsque je commençais mes recherches sur la langue de Lelepa. Je tiens aussi à les remercierpour leur soutien dans la réalisation de ce livre et pour leur amitié. Sébastien Lacrampe Canberra, Septembre 2013

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Mutuama eto Artok to L’ogre d’Artok par le Chef Kalkot Murmur

L

’histoire de l’ogre d’Artok est bien connue dans la région, et constitue un bon exemple de la rivalité continue entre le peuple

des humains et le mutuama, ou ogre. Dans cette histoire, l’ogre

d’Artok se rend sur Efate pour punir une vieille qui n’a pas respecté son interdiction de faire du feu. Les petits-enfants de la vieille vont ensuite riposter et se venger de l’ogre.

Enregistrement et transcription par le Chef Kalkot Murmur et Sébastien Lacrampe, le 1er avril 2008 à Mangaliliu.

Le Chef Kalkot Murmur et son petit-fils Jacob lisant une première version de ce livre. Août 2012

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K

J

onou, api naota �elan Magaliliu. Mesa na epi mala gotfaan, kenem urwan su�ag Naviti wan, urwan traus nakai. Naviti nae ekat pea magnem til skei kat nou pa, konou amsouna lag agamro til tena. Tena epi nakai na tematua urto magnem trausia sral.

e suis le grand chef de Mangaliliu. Cet après-midi, nous sommes chez Naviti et nous racontons des histoires traditionnelles. Naviti nous en a déjà raconté une, quant à moi je vais raconter celle-ci. C’est une histoire que les anciens nous racontaient souvent.

Epi mutuama skei, eto Artok to. Artok epi naure kiki nae. Etos to sral, eto farean kina to, kan mutuama nge nae se elag pi naota �el skei na epi temramra. Namramrana nae, eti msauna nkapu mau. Eti msauna nkapu egasua, Afate frourou na, mato Tuktuk panei pan pa, t�osuki mato Afatenleg. Eto pan pa, nafsana nge, ten Afate mauna urugatae nsfa na etilia, urkut wus suk nafsana nge na eto.

Il y avait un ogre qui vivait sur Artok, Artok était sa petite île à lui. Il y demeurait et restait dans sa maison de chef, car l’ogre était aussi un chef qui régnait sur un territoire. Sur son territoire, il avait interdit de faire du feu. Il ne voulait pas de feu sur une grande partie d’Efate, depuis Tuktuk jusqu’à Fatenleg. Il en était ainsi, et tous les habitants d’Efate respectaient cette loi.

Kan eto pan pa naleti nge, eplo wan farean kina wan Artok wan se, elo pak Fate se, nkapu nge eto lai nat �el wuru Afate pan, Afatu�a. Eto lakae taplange, elag, “Sei neto? Agapea pa lakae.” Etos ersag rarua nae pak lau, pak ntas tapla, eto palseki rarua nge nae panei. Napeau eto slatia tapla, erog wiakinia eto regregki nalegana panmei, eto lega nalegana nge lag, “Fale, fale naroro, fale, faalua.” Se eto palse. Epalse sarik tapla nina se eto lega, “Fale, fale naroro, fale, fale faalua.”

Mais un jour, alors qu’il était dans sa maison de chef, il regarda vers Efate et vit qu’une grosse fumée s’élevait de Fatu�a. «Mais qui est-ce? Je vais aller voir» dit-il. Il déplaça sa pirogue vers la plage, jusqu’à la mer, et se mit à pagayer. Les vagues du large le portaient, il se sentait bien et chantonnait une chanson. Il chantait cette chanson tout en pagayant: «Fale, fale naroro, fale, faalua.» Il pagayait un petit peu tout en chantant: «Fale, fale naroro, fale, faalua.

Epalse panei pan rosak nagusun Katoa. Eto palse wuru rofrof wus Afate panei pan pa, elo pak Fatu�a ekat pi mlatig. Nina, ekat taplos rarua nae pak uta, ersa saleaki rarua nae tau �lasa Kiki tau. Ekat wuru uta eu�au�a n�aun

L’ogre atteint la côte à la pointe de Katoa. Il pagaya en suivant la côte d’Efate et vit que Fatu�a était proche. Alors, il prit la direction du rivage, accosta et laissa sa pirogue à �lasa Kiki. Il passa par le bord en donnant de 4

faatu uta panei pak Fatu�a. Elakae lag nkapu nae eti to tan to mau se, eto n�aun faatu alag. Epios lag, “Huei!”

grands coups de pied dans les pierres qui se trouvaient sur son passage. Il s’aperçut que le feu ne se trouvait pas au sol, mais en haut d’un rocher. Il appela: «Ohé!»

Nina, epitlak fterkin Fatu�a, nae winge eto pat nkapu nge, ema kapua. Epitlak sulla rua, nagira epi Tamani Maniariki naaram Tamani Manialapa. Naara artpe maanu panei. Eto ma �rafraf kapua nge, etanu�a maanu ngeas, epuria, nkapu nge eto lai nat �ela. Marka tuama elo�ae. Nina, epanmei, eto psruk pulukinia, “Ae, kuto nag sei to? kutirogea at�ofkor lag kurugati paksou nkapu egasua Afate mau?” Fterkin Fatu�a epsatrae lag “Ee, konou arogea. Kan nlakan terua kiki naara arpat maanu kiki panei, armsauna lag urugamnaara pat kapua. Epi nlakan ato pat nkapus.”

Or, la vieille de Fatu�a était là, et c’était elle qui avait fait le feu. Elle râpait le laplap1. Elle avait deux petits-fils, qui s’appelaient Tamani Maniariki et Tamani Manialapa. Ils chassaient des oiseaux dans la brousse. Très vite, elle râpa le laplap, le fourra avec des oiseaux et alluma le four à pierres chaudes. Le feu fumait beaucoup, et l’ogre s’en aperçut. Alors, il arriva et la réprimanda: «Eh bien, pour qui te prends-tu? N’as-tu pas entendu que je vous ai interdit de faire du feu sur Efate?» La vieille de Fatu�a lui répondit: «Non, j’ai bien entendu. Mais comme mes deux petits ont attrapé des oiseaux, ils voulaient que je leur fasse un laplap. C’est pourquoi j’ai fait du feu.»

Arto pulukinia taplange pan pa, erkin fterki nges lag, “�apea pukus kapua na, �apea pulua fefe gaskimau, agalakae se agkat pa.” Fterki epulua fefe taplange, elpisia se eplo to. Elag, “Kulag agafuluae gaskimau, �alpisia se �akat pan se kuplo to, �afa!” Marka tuama elag, “Ee, �amro puluae gaskei wei!” Emro pulua fefe kerua, elo�ae se eplo to. Nina elag, “Ae! Nag kulag agafulua tekerua, �alokae, �akat pa! Apuluae se kuplo to!” “�amro putia gaskei wei!” Epulua ketolu, kefati, pan pa ekat pulua pkout fefe mouna. Ekat pi faatu fenu ekat to kapua to.

Ils se disputèrent ainsi pendant un moment, puis l’ogre dit à la vieille: «D’abord, ouvre ce laplap et retire une des couvertures du four à pierres2 , j’y jetterai un coup d’œil puis je m’en irai.» La vieille retira une couverture du four à pierres, il y jeta un œil et resta où il était. «Tu as dit d’en retirer une, que tu y jetterais un œil puis tu t’en irais. Mais tu es toujours là, va t’en!» «Non, retires-en encore une autre!» rétorqua l’ogre. Elle retira la deuxième couverture, il regarda et resta où il était. Alors elle poursuivit: «Eh bien! Tu as dit de retirer la seconde, que tu y jetterais un œil puis tu t’en irais. Je l’ai retirée mais tu es toujours là!» «Retires-en encore une autre!» ordonna l’ogre. Elle enleva la 5

troisième, la quatrième et ainsi de suite, elle retira toutes les couvertures du four à pierres. Alors, les grosses pierres chaudes qui recouvraient le laplap apparurent. Mutuama elag, “�aske lua faatu fen nae gaskimau, agalakae se agkat pan.” Ewus nagau, erkalua faatu fea tapla, elakae se eplo to. Faatu kerua se eplo to, faatu ketolu se eplo to, eske lu pkout faatu mauna se eplo to. Fterki elag, “Nag kulag agaskelua faatu fea eganou, �afa. Askelua faatu kerua, faatu ketolu, faatu mauna, kuploto!” Marka tuama elag, Ee, �apea pukus naflel nae gaskimau, agalakae se agkat pa.” Epukus kapua nge, ena�o wia. Mutuama, naokona ekat saras.

L'ogre continua: «Enlève une des grosses pierres chaudes, j’y jetterai un œil puis je m’en irai.» Elle prit les pinces, saisit et retira la première pierre, il regarda et resta où il était. À la deuxième pierre, il était toujours là, à la troisième pierre, il était toujours là, elle enleva toutes les pierres, mais il était toujours là. «Tu as dit de retirer la première pierre, et qu’ensuite tu partirais. J’ai retiré la deuxième pierre, la troisième pierre, puis toutes les pierres, mais tu es toujours là!» dit la vieille. «Eh bien, ouvre d’abord une de ces feuilles à laplap, j’y jetterai un œil et je m’en irai», répondit l’ogre. Elle ouvrit complètement le laplap, qui sentait merveilleusement bon. L’ogre, quant à lui, en avait l’eau à la bouche.

Mutuama nge etotan kapua nge se esruf pkoutia pak nmartana pan. Epkate pko, nmartana eptun. Ekat rog nasurana. Eto se erkin fterkis lag, “Kuti pitlak naule nafie tete eto ntak nasu�a nag wara to mau?” Elag, “Ee, epitlakan.” Marka tuama elag, “�apea plae panei trusia tan wara.” Mutuama nge es�aktakta, esura, esura, esura pan pa ntaina epuraki naulen nafie nge. Nina, etos erkin fterki nges lag, “�afaam ntai konou, wan �ati paam ntai konou mau, mesa agafaamko nuk to.” Fterki nge eto paam ntaina nge. Marka tuama nae etos epu Prukut, waago kiki nge naara, se etu�alua. Epanei

L’ogre s’assit sur le laplap et l’aspira en entier dans son ventre. Il sentit qu’il avait trop mangé et que son estomac lui faisait mal. Il eut envie de faire caca. Il demanda à la vieille: «N’as tu pas des feuilles derrière ta maison?» «Si, il y en a» répondit-elle. «Va donc en chercher, et laisse-les ici, par terre» ordonna l’ogre. Il s’accroupit et fit caca jusqu’à ce que ses excréments remplissent les feuilles. Ensuite, il dit à la vieille: «Mange mon caca. Si tu ne manges pas mon caca, aujourd’hui je vais te manger toute crue.» La vieille mangea le caca. Quant à l’ogre, il se saisit de Prukut, leur petit cochon, et s’en fut. Il regagna �lasa Kiki, mit sa pirogue à l’eau, et 6

pak �lasa Kiki, eseik rarua nae, ekat mato palse lu pan pak Artok pan. Epan pak uta Artok, esil pak farea nae se ewan maturu.

pagaya jusqu’à Artok. Il débarqua sur la plage d’Artok, entra dans sa maison de chef et s’endormit.

Terua kiki armato taafa, araroɡea taatia naara eto kai. Skei etilia lag, “Ae, taatia nge!” Kerua elag, “Ee, eti pi taatia mau, epi noana tuku.” Nlag eto si, taatia naara eto kai taplange. Arto rusu pak mlatig, ararogea lag epi taatia. Arpanei pak lau; taatia naara epakawul nsfa mutuama nge epatia. Ararogea na�ara eptunus, naara armaeto pi�ela. Arto se, arsu panei pak nakerker �ana�agau. Tkarki erkin tkalpas lag, “�apea tpe rog konou naasu nae nag, wan lag agamat, �askei�a pa.” Etpea se, e�ol. Eti tpea �askos mau. Artos, arkat rua pak Artok pa. Arpan se mutuama ewan maturu tapla. Mutuama, nalulla eprau. Arpu nalula, panei lkotia narou, tuagoto, nafrat farean kina. Arto se, arseiki nkapu farea nge nae. Nkapu esor, eto tuktuk tapla, mutuama etal krukru tapla, erpuk tolen. Ekat kano nlakan arkat mut suk nalulla. Eto tar�a tuk �ol; nkapu epaamia, go epi nanou nagan. Mutuama emat, naara armsug prukut naara, armro palse lu panei pak Afate.

Les deux petits-fils étaient en montagne, ils entendirent leur grandmère qui pleurait. «Hé, c’est mamie!» dit l’un d’entre eux. «Non, ce n’est pas mamie, c’est le bruit du vent dans un arbre» répondit l’autre. Le vent soufflait, et leur grand-mère pleurait. Ils s’approchèrent un peu plus, et entendirent que c’était bien leur grandmère. Ils arrivèrent près de la mer, et leur grand-mère leur rapporta ce que l’ogre lui avait fait. Ils furent saisis d’une grande tristesse, puis d’une grande colère. Alors, ils se rendirent sur la plage de �ana�agau et le jeune frère dit à l’aîné: «Tire-moi dessus avec ton arc, si je meurs, tu iras seul.» L’aîné lui décocha une flèche mais rata son coup, le jeune frère était toujours en vie. Ainsi, ils partirent tous deux vers Artok. Ils arrivèrent alors que l’ogre était endormi. L’ogre avait de très longs cheveux. Ils tirèrent ses cheveux et les attachèrent à la charpente de sa maison de chef. Ensuite, ils mirent le feu à sa maison de chef. Le feu brula, crépita, et l’ogre roula de surprise et tenta de se lever. Il en était incapable car ils avaient solidement attaché ses cheveux. Il s’effondra bruyamment au sol, s’embrasa dans les flammes et périt ainsi. L’ogre était mort, ils prirent leur petit cochon et s’en retournèrent sur Efate.

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Kutu Pou

D

par William Matakutalo ans cette histoire, Roi Mantae et ses sujets se rendent à Fatarana pour voler les noix de coco de l’ogre après avoir bu trop de kava. Une querelle s’ensuit alors que l’ogre tente de

punir les malfaiteurs. Cette histoire explique aussi pourquoi les gens ont des poux sur la tête.

Enregistrement et transcription par William Matakutalo, John Naviti et Sébastien Lacrampe le 27 juillet 2010 à Mangaliliu.

William Matakutalo dans son jardin de Taros. Août 2012 9

K

onou amro maginta traus nafsana matua skei. Nafsana matua nge, tematua agnem slafea urto magnem tilia.

e vais raconter une vieille histoire. Cette histoire, nos anciens nous la racontaient autrefois.

Malan tuei, marka Roi Mantae emato nalia nae asfirk Mantae, asrar warampa. Nagsa nge, naara urto mun nmaluku. Urto mun nmaluku gotfan pan pa, urmun kasus pa, Marka Mantae erogea lag naokona eti wia mau. Eti rogea lag nmartana ewia mau, eto se elag emarowiaki nanu kasen Fatarana lag egamunus. Etos, etilia lag egafak Fatarana pan.

Il y a longtemps, le vieux Roi Mantae vivait dans son domaine, à Sfirk Mantae, dans la région de Srar. À cette époque, on buvait du kava. Un soir, Mantae et ses sujets burent du kava, ils en burent trop, et Mantae sentit un mauvais gout dans sa bouche. Il eut mal au ventre, et se dit qu’il aimerait bien boire les délicieuses noix de coco de Fatarana. Alors, il annonça qu’il allait partir pour Fatarana.

Narei skei nae eto se elag, “Ae, kinta tagrua pan.” Nagina epi kutu, elag, “Konou, agafagki nanu.” Male kutu etilia taplange lag naara argarua pan, skei eto se etilia lag, “Kinta tugamau, nlakan kinta tugafan, konou agafi walak, kutu nae egafatu konou, egopag pak lag.” Walak epi ntal skei na konou se alakae, mamei agnou se epagis. Epi ntal nge ursa�alea. Male Ras erogora, elag, “Tugamau pan. Konou, agaras nanu.” Malei, Ras ekat pi katolu nagar. Skei emro panei, nagina epi Sara. Nae elag, “Ae, kinta tugamau pan, wan lag nanu egafar, konou agasrae.” Kos elag, “Kinta tugamau pan, wan lag tugafan, konou agapi kos, kurugaksum nanu konou.” Urpan pa eganou, Sul etilia lag, “Kinta tugamau, konou agapi sul na kurugatka nanus.”

Un de ses sujets, qui s’appelait Pou, suggéra: «Très bien, allons-y tous les deux. Moi, je grimperai aux cocotiers.» Lorsque Pou proposa qu’ils partent tous les deux, un autre de ses sujets ajouta: «Allons-y tous, et lorsque nous y serons, je serai le ‘walak’, Pou me grimpera dessus pour arriver en haut des cocotiers.» Le ‘walak’ est une corde, j’en ai déjà vu, mon père s’en servait pour grimper aux arbres. C’est un morceau de corde en forme de huit. Lorsque Cueilleur les entendit, il renchérit: «Allons-y tous. Moi, je cueillerai les noix de coco.» Du coup, Cueilleur était le troisième d’entre eux. Un autre des sujets de Mantae arriva, il s’appelait Balayeur. Il ajouta: «Eh bien, allons-y tous, lorsque les noix de cocos tomberont par terre, je les balayerai.» Puis Eplucheur déclara: «Allons-y tous, je serai l’éplucheur, vous éplucherez les noix de coco avec moi.» Enfin, Poinçon ajouta: «Allons-y tous, je serai le poinçon avec lequel vous percerez les noix de coco.»

Urseiki rarua naara Sfir, urpalse pan pak Fatarana pan. Urpu rarua

Ils mirent leur pirogue à l’eau à Sfir, et pagayèrent jusqu’à Fatarana. Ils

J

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naara pak uta se, marka mutuama nge ewan maturu farean kina pa. Naara urkat pan pa lag urugafnak nanu nae. Urpan pa urmato lei tapla, marka mutuama erogea lag nanu skei eronat ntan tapla nina, elag, “Ksum far!” Emro to pan pa, erogea lag kerua emro roa nat ntan tapla, emro tilia lag, “Ksum far!” Emro to pak katolu emro ronat ntan tapla, elag, “Ksum far!” Erogea lag nanu ekat laapa kat far tapla elag, “Nat skei nge elag to pnak nanu agnou!”

accostèrent alors que l’ogre dormait dans sa maison de chef. Ils étaient venus pour lui voler ses noix de coco. Ils se mirent à les récolter, et l’ogre entendit tomber une noix de coco. Il déclara: «Épluchons la noix de coco germée!» Puis une seconde noix de coco tomba, et l’ogre répéta: «Épluchons la noix de coco germée!» Enfin, une troisième tomba et l’ogre répéta encore: «Épluchons la noix de coco germée!». Il trouva que beaucoup de noix de cocos étaient tombées. «Peut-être que quelqu’un me vole mes noix de coco!» s’exclama t-il.

Epak katam tapla se, kutu nae epag mpan n�ou nanu lag wan. Mutuama elag, “Nag kuto pnak nanu agnou? Mesa, aga�apunuoko, agafaamko mesa!” Epak farea nae pan, epu tagot nae, epanmei, etagtof nanu nge, emakoto. Kutu esok pa, elao n�ou naptau. Marka mutuama emro pu tagot, emro sfa pa etagtof naptau. Kutu emro sok naptau, emro pa lao napkoro skei. Marka mutuama emro panei tagtofia tapla, kutu eto se, esok epa lao farea nae. Marka mutuama eto se etkon farea nae. Male etkonia tapla, kutu emro sok, epa lao n�au fterki nae. Elao n�au fterki nae tapla, marka mutuama epan, etagtof n�aun fterki nae. Male e�apunu fterki nae tapla, Kutu epan pa lao n�au marka mutuama. Marka mutuama eto rogea lag emakenkinis, ekarea se ekano karluae. Esfa pa mus ntas se, Kutu eliko kasua to n�auna to.

Il sortit alors que Pou était sur un cocotier. «C’est toi qui vole mes noix de coco? Je vais te tuer et te manger immédiatement!» hurla l’ogre. Il entra dans sa maison de chef, se saisit de sa hache et coupa le cocotier qui s’effondra. Pou sauta du cocotier pour atterrir sur un arbre à pain. L’ogre leva sa hache, courut et coupa l’arbre à pain. Pou sauta à nouveau et atterrit sur un vellier. L’ogre coupa le vellier, et Pou sauta sur la maison de l’ogre. L’ogre mit le feu à sa maison. Alors, Pou sauta et atterrit sur la tête de la femme de l’ogre. L’ogre arriva et coupa la tête de sa femme. A ce moment là, Pou sauta sur la tête de l’ogre. L’ogre sentit que sa tête le démangeait, il se gratta mais ne put se débarrasser de Pou. Alors il plongea dans la mer, mais Pou était solidement installé sur sa tête.

Mesa, kinta tupitlak kutu eto n�au kinta nlakan epi kutu nge na elao n�au marka mutuama. Ekat nou warange.

Aujourd’hui nous avons des poux sur la tête à cause de Pou qui grimpa sur la tête de l’ogre. C’est la fin de l’histoire. 11

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Komagal Komagal

V

par Thompson Namuan oici l’histoire d’un couple et de leur petite fille, qui vivaient dans

un village à Maua. Cette histoire explique comment apparut Komagal, un récif qui se trouve en face de la plage de Maua.

Enregistrement et transcription par Thompson Namuan et Sébastien Lacrampe, le 28 octobre 2009 sur Lelepa.

Thompson Namuan avec des rouleaux de pandanus destinés à la fabrication de nattes. Août 2012 13

S

A

lafea, epitlak natkon skei amaua taafa warampa. Epitlak natkon nge emato se epitlak tamaraota skei urmatos to. Arto pan pa, arpitlak naara grunkiki skei, mamei nae elag maetokinia, eto se e�apunuea.

utrefois, il y avait un village dans la montagne au dessus de Maua, et il y avait un couple qui y vivait. Ils vivaient ensemble et au bout d’un moment, ils eurent une petite fille. Peut-être que son père était en colère contre elle, toujours est-il qu’un jour il la tua.

Emrakinia panei pak lau; Amaua waren e�apunuea. Pa enou, ekat tunia tos to, se emro sak lu pa. Esak lu pan pa, pak taafa pan, epa lok tetei nae urkat mato. Urmato, urto logor tatau nge naara lag egafanei, se ekat ti to panei mau. Urto pan pa, nalati fea ekat pa. Elag, “Kane nangta wan epak sei pa?” Elag, “Elag raus ntara, urpak matuna skei pa, eti panei mau.” Urto pa nalati kerua ekat pa. Emro paoseki mamei naes, mamei nae elag, “Konou ati tae mau, epak sei pa nae?” Eto se mamei nae ekat rki tetei naes lag, “Ae, konou, nasifara skei atunia mato lau to, kane tugato pan pa, nou�ana egalima tugofan. Agafesia, tugafa paia, tugafanei paamia.”

Il l’amena sur la plage, et la tua là-bas à Maua. Puis il l’enterra et retourna vers l’intérieur des terres. Il remonta vers l’intérieur et alla voir sa femme. Ils attendirent leur fille qui ne revenait pas. Une première journée passa. «Mais notre petite, ou est-elle donc passée?» demanda sa femme. «Peut-être qu’elle a suivi ses petites amies, qu’elles sont allées quelque part et qu’elles ne sont pas encore revenues» répondit-il. Ils attendirent et une deuxième journée passa. Elle questionna de nouveau son mari qui répondit: «Eh bien, je ne sais pas! Où a-t’elle bien pu aller?» Au bout d’un moment, le mari déclara à sa femme: «Ecoute, j’ai enterré des bananes ‘nasifara’3 sur la plage. Attendons un peu, et quand elle aura disparu depuis cinq jours4 , nous descendrons sur la plage. Je les déterrerai, tu les mettras dans ton panier et nous reviendrons les manger.»

Arto pan pa epi u�a lima taplange, tetei nae ekat maroakinia lag tatau nge, mamei nae epatias tapla nmatuna skei. Ekat pi u�a lima, arkat su panei pak tan. Arkat panei pak lau; elag, “Nasifara wei?” Elag, “Mo, nasifara wei nae, atunia mato

Ils attendirent donc le cinquième jour après la disparition de la petite, et la mère se disait que son mari avait dû la tuer. Le cinquième jour après sa mort, ils descendirent tous deux vers la mer. Arrivés sur la plage, la mère demanda: «Où sont les bananes?» «Eh bien, voici 14

warampa.” Tetei nae elo�ae tapla, elo�ae se elag, “Fua ekat mato �asas.” Ekat tae, elag, “Marka agnou, e�apunu nan kenem wan na to.” Etos taplange ekat to pesia. Epesia taplange se, eto pai magfai pak kotor nae, go eto paam magfai, se eto tag. Epaea se eto paamia taplange, mamei nae erkinias lag, “Ae, �ati paamia mau, ekat na�o, �ati paamia mau, �anei, tagfa.” Fterki etilia lag, “Nag kulag epi nasifara agnou, agafaamia.” Epaamia taplange se eto pai magfai pan pa, epesia pan pa epes pkoutia, epaia se arkat sak tu�alua.

les bananes, je les ai enterrées là-bas,» répondit le père. Sa femme regarda, et dit: «Les mouches la recouvrent déjà.» Elle avait compris: «Mon mari a tué notre enfant, elle est enterrée là-bas» se dit-elle. Puis elle commença à la déterrer. Elle la déterra en pleurant, en en plaçant une moitié dans son panier et en en mangeant l’autre moitié. Comme elle la mettait dans son panier et la mangeait en même temps, son mari s’écria: «Enfin, ne mange pas ça, c’est pourri! Viens, allons-y.» «Tu as dit que c’étaient mes bananes, je vais les manger» rétorqua-t-elle. Ainsi, elle la mangea, et en garda la moitié dans son panier. Lorsqu’elle l’eut entièrement déterrée, ils remontèrent vers l’intérieur des terres.

Ekat to tag se ekat to sak. Eto sak panei to taafa, eto lo panei pak alau. Ekat panei pak natoroa nae wa. Erki mamei naes lag, “Kulo�a taikiki nag; urkat plagkigo panei tapla mato, �ato panei lu pa lo�ara.” Marka nae elo teluku lo lu tapla nina, fterki etos tapla, eto taafa waren, esok. Esok su panei pak ntas lau; ekat turu wan ntas lau wan, amaua malmauna kuto lo�ae. Epi tewei nae, epi Komagal nae wa. Epi natrausina nge; nanou nagna etapli nge.

Elle remonta vers l’intérieur en pleurant. Comme elle montait dans la montagne, elle se tourna vers la mer. Elle arriva en haut d’une falaise et dit à son mari: «Regarde, voici tes jeunes frères, ils te cherchent, va les voir.» Alors que le mari regardait par-dessus son épaule, sa femme se jeta du haut de la falaise. Elle tomba dans la mer et s’y noya. Encore aujourd’hui on peut la voir à Maua. Le récif que l’on appelle Komagal, c’est elle. C’est ainsi que se termine cette histoire.

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Naluokia tolu Trois naluokia

L

par Eunice Touger es naluokia constituent une forme de tradition orale différente des

légendes traditionnelles présentées dans ce livre. Ils remplissent des fonctions similaires à celles des proverbes français, et

s’appliquent à de nombreuses situations de la vie quotidienne à Lelepa. Eunice en raconte ici trois. Le premier donne des indications relatives à

la navigation en pirogue depuis Efate jusqu’à Lelepa. Le second explique que lorsque l’on fait quelque chose, il faut se concentrer dessus. Enfin, le dernier dicte comment l’on se doit de traiter nos anciens.

Enregistrement et transcription par Eunice Touger et Sébastien Lacrampe, le 11 avril 2008 à Mangaliliu. Eunice Touger. Août 2012 17

K

J

onou, nagi konou epi Eunice. Konou apanei to Magaliliu to mala kiki, amsouna lag agatil naluokia etolu.

e m’appelle Eunice. Je suis venue à Mangaliliu pour quelque temps, et je veux raconter trois naluokia.

Naluokia fea, natowia urtilia lag, “Namta nag egato rarua fea.” Etapla, elag: wan kupak Fate, kuto Fate to, kumsouna lag �afak naure. Kukat msomso rarua nag, kumsouna lag �afak naure, se rarua skei ekat pea mato palse pa. Namta nag egato rarua fea nge. �alakae lag narwa eputia, naroa nmat eputia pa rak Artok. �ati palse rousia mau. Nag �afalsek rarua nag; �afat rarua nag egaliko �autariu kite Nagsumtas. Kan wan kulag �afalse rous rarua fea nge, narwa nmat egapu kumu na rarua pa rak Artok pa.

Voici le premier naluokia. Nos ancêtres disaient: «Tes yeux ne doivent pas quitter la première pirogue.» Voici ce que cela signifie: lorsque l’on se rend sur Efate, au bout d’un moment il faut revenir vers Lelepa. Notre pirogue est chargée de produits du jardin, et l’on veut regagner Lelepa. C’est alors que l’on voit qu’une pirogue est partie en premier. On applique alors le naluokia: «Tes yeux ne doivent pas quitter la première pirogue.» On observe la direction du courant, qui tire la pirogue vers Artok: il ne faut pas suivre cette pirogue. On pagaye alors en direction de �autariu ou de Nagsumtas, car si l’on décide de suivre cette première pirogue, le courant nous emportera vers Artok.

Naluokia kerua, natowia urtilia lag, “�lakan Saone.” Urlag �lakan Saone emarou, epan lag egafa mun nuwai. Epan se, epitlakan nuwai rua esara. Nae, �lakan Saone nge elao to �aleputan napua. Elag, “Agamun sei?” nlakan nuwai esara wuru nar�anan rarua. Eto �aleputan napua, eto paplu taplange, nlakan eti tae lag egamun nuwai taplange mau. Epkate marou pan pa, ekat mat wan napua. Naluokia nge elag, wan kumsouna lag �afat nmatuna gaskei, namaroana nag egakat skimau, �akat patia. �amro ti pat namaroana nag egalaapa mau. Kane wan kupat namaroana nag laapa, kukano pa

Voici le deuxième naluokia. Nos ancêtres disaient: «C’est comme le râle tiklin5 de Saone.» Un jour, le râle tiklin de Saone avait soif, et il partit boire à la rivière. Il partit et trouva deux bras de rivière. Il se trouvait sur le chemin, au milieu des deux bras de rivière. L’eau coulait des deux cotés du chemin, et il se dit: «Mais ou vais-je donc boire?» Il fit de nombreux va-et-vient, parce qu’il ne savait pas lequel des deux bras choisir. Il eut de plus en plus soif, et mourut sur le chemin. Ce naluokia signifie que si l’on veut faire quelque chose, on doit penser uniquement à cette chose, et la faire. Il ne faut pas penser à d’autres choses. Si l’on pense à d’autres choses, 18

pat matna nge kumsouna lag �afa patia. Natowia urpsa tonakinia lag, “Etaos �lakan Saone wan.”

on ne pourra pas faire ce que l’on avait prévu. Nos ancêtres expliquaient cela en disant: «C’est comme le râle tiklin de Saone.»

Naluokia ketolu, natowia urtilia lag, “Kupaam nafnagan mala wia; kuta�argor nafnagan mala sas.” Etapla, elag: wan tupi nkarkik to, tematua skei aginta urto loparkat kinta. Tusa to, urto pagan kinta. Mali tupanei pi �ela tapla, tulo�a te�ata skei, tukat rausera pa. Tukat mato mnaara pat srago to, tukat nera mato, tuta�argor tematua aginta naara urpea to loparkat kinta, panei panpa tupi nata�ol �askosko. Urpsa tonakinia lag, “Kupaam nafnagan mala wia; kuta�argor nafnagan mala sas.” Tenge, enou warange.

Voici le troisième naluokia. Nos ancêtres disaient: «Lorsque tu manges à la bonne saison, tu oublies la nourriture de la mauvaise saison.» En voici l’explication. Lorsque nous étions petits, nos parents s’occupaient de nous. Nous étions petits et ils nous nourrissaient. En grandissant, nous rencontrâmes d’autres personnes et devinrent proches d’elles. Nous fîmes des choses pour elles, habitèrent avec elles, et oubliâmes nos parents qui, les premiers, s’occupèrent de nous jusqu’à ce que nous soyons adultes. Nos ancêtres expliquaient cela en disant: «Lorsque tu manges à la bonne saison, tu oublies la nourriture de la mauvaise saison.» Mon histoire se termine ici.

ci-dessous �laka—râle tiklin 19

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Tuaraka ma atina Tuaraka et sa grand-mère

V

par George Kaltaua Munalpa oici l’histoire de Tuaraka et de sa grand-mère. Elles vivaient dans la brousse et décidèrent de descendre vers la côte pour manger des fruits délicieux qui ne se trouvaient pas chez

elles. La morale de cette histoire est qu’il faut toujours prendre des

précautions pour réussir ce que l’on entreprend. Dans cette version,

le feu George Kaltaua Munalpa montre aussi comment cette histoire peut renvoyer à des idées Chrétiennes.

Enregistrement et transcription par George Kaltaua Munalpa, Thompson Namuan et Sébastien Lacrampe, le 16 avril 2008 à Lelepa.

George Kaltaua Munalpa. Nowembre 2005. 21

K

M

onou Munalpa, agatil natrausina skei naloni tamatira skei. Armato taafa Muntopu namlas.

oi, Munalpa, je vais raconter une histoire à propos d’une petite fille et de sa grand-mère. Elles vivaient dans l’intérieur des terres, à Muntopu.

Go, naara tena urto taafa to malange, urto rogo narogorogona tete eto lau pa, lag nmas pi �el alau. Taos na�a�e, nakafka, �oli, go namali, napkoro, noatkus taplange. Grunkik nge nae etos, erogea, emarowiakinia lag egafaam noatkus nge. Erki taatias, “Taatia, amsouna lag agafaam noatkus nge tete na etau lau tau, taragafak lau pa.” Elag, “Ewia, tagsu pa.”

Ceux qui vivaient à l’intérieur des terres à ce moment-là entendirent que la saison des fruits était excellente sur la côte. Des fruits tels que les châtaignes tahitiennes, les pommes canaques, les mandarines, les pommes cythères, les velles. La petite fille eut vent de cette nouvelle et se dit qu’elle aimerait bien manger de ces fruits. Elle dit à sa grand-mère: «Mamie, je veux manger ces fruits qui se trouvent sur la côte, allons-y.» «Très bien, descendons sur la côte» répondit la grand-mère.

Arsu panei pan pa, arkat to natoroa tapla arkat to lo pak lau. Arlo�ae se srago nge etau. Nlag esi, na�o noatkus eto fif sak panei. Elo�ae esara npatnas artaafa pa. Pa enou, arkat lag argasu panei. Grunkik nge, nagina epi Tuaraka. Tuaraka, taatia nae ekat rkinias lag, “Tuaraka, �aliko kasua, se tagsu pak lau.” Grunkik eliksuk taatia nae to se esu nekinia. Arsu panei pan pa artau nmal ntaafa tapla, malei! Taatia nae epaskasra!

Elles descendirent, arrivèrent au bord d’une falaise et regardèrent vers la mer. Elles virent que ce qu’elles étaient venues chercher se trouvait en bas. Le vent soufflait et l’odeur des fruits montait vers elles. Elles continuèrent à descendre. La petite fille s’appelait Tuaraka. «Tuaraka, accroche-toi bien à moi à mesure que nous descendons vers la mer» lui conseilla sa grand-mère. Tuaraka s’accrocha bien à sa grand-mère et descendit avec elle. Elles descendirent pendant un moment et se trouvaient à mi-chemin, quand soudain, sa grand-mère glissa!

Epaskasra mala kiksa nge, eroa. Tuaraka ekat saksak to npapna to se arkat roa, arkat suk to napua to. Arkat ti pak lau pan mau. Arkat pi fatu, arkat to nmal napua to. Epi natusina skei na markan

Elle glissa et tomba. Tuaraka était assise sur ses épaules, elles tombèrent sur le chemin et furent changées en pierres. Elles n’arrivèrent pas sur la côte. Elles étaient pétrifiées et restèrent à mi-chemin. C’est une histoire que les 22

ci-dessus Vue d’Efate et d’Artok depuis Lelepa

slafea urtilia mala urto tafnau wur nasu�a tap. Wan urtilia lag nate skei egafitlak nafsana, marka urmato psasuk kenem, urto takorog nafsana pan pa, urpo pa natsukia nafsana na, Tuaraka ma atina. Elag, “Kugaloparkatia.”

anciens nous racontaient lorsqu’ils prêchaient à l’église. Lorsque l’un d’entre eux avait un discours à faire, ou lorsqu’ils voulaient nous conseiller sur certaines choses, ils finissaient leur discours avec cette histoire, l’histoire de Tuaraka et sa grand-mère. Cette histoire veut dire: «Prenez garde.»

Iesu etilia lag nae egafak nakortlag pa, egafa maginta pat suksuk lalia mato. Epi tena lag wan tugato marmana to, tugasraleskos, tugamat, tugamato warawia. Kane tugato marmana to, tugati ta�argor Iesu mau, tugasralesko Iesu. Nae, epanei maginta mat, et�a namerlosana aginta. Epi tena tugomaoris, namaorina na eto po to mau to epi nakortlag. Epi nanouna natrausina nge.

Jésus a dit qu’il irait au ciel pour nous préparer un endroit où séjourner après la mort. Ainsi, si l’on a la foi, on croira en lui, et à notre mort on ira au Paradis. Ayons la foi, n’oublions pas Jésus, croyons en Jésus. Lui, qui est mort pour nous, qui a annulé nos péchés. Ainsi, nous vivrons cette vie éternelle qui se trouve au ciel. C’est la fin de l’histoire. 23

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Pafunu naaram Wotanmaanu Pafunu et Wotanmaanu

V

par Billy Poikiki oici l’histoire de �afunu et Wotanmaanu, deux rochers qui se trouvaient l’un à coté de l’autre. Ils se disputèrent et

Wotanmaanu partit pour s’installer près de l’île de Mataso.

Cette histoire explique aussi comment �afunu est devenu en endroit tabou, et que les endroits tabous sont puissants dans la région de

Lelepa et toujours respectés par ses habitants. �afunu est un récif

immergé également connu sous le nom de Paul’s Rock. Quant à

Wotanmaanu, c’est un pic rocheux situé prés de Mataso, et autrement connu sous le nom de Wot Rock.

Enregistrement et transcription par Billy Poikiki et Sébastien Lacrampe le 3 avril 2008 à Mangaliliu. Billy Poikiki. Août 2012 25

ci-dessous La cote d’Efate, région de Srar

K

M

onou Poikiki, amro msau maginta til natusina, naloni �afunu naaram Wotanmaanu. Konou aroge nafsana nagna pae tematua.

oi, Poikiki, je vais raconter une histoire à propos de �afunu et Wotanmaanu. Je tiens cette histoire de nos anciens.

Etilia lag, naaram �afunu arlao nalia skimau. Kane pae naloni nafeleana kiki naara, artu�ara peleakira. Wotanmaanu erki �afunus lag, “Konou agatu�alua tuakigo, kane �alao to kasua.” �afunu erkinias lag, “�afan!” Go Wotanmaanu etu�alua tuaki �afunu, etu�alua pan pa, epa lao to taafa Matnaru, nalia taafa waren, tematua urto

Cette histoire dit que �afunu et Wotanmaanu étaient dressés au même endroit. Mais en réalité, l’histoire raconte leur dispute, car ils ne s’entendaient pas bien. Ainsi, Wotanmaanu dit à �afunu: «Je vais te quitter, et tu devras te tenir debout tout seul.» «Très bien, va t-en!» lui répondit �afunu. Et Wotanmaanu laissa �afunu, il partit et alla se 26

tilia lag epi �orun wota. Elao to warange to se, �afunu eto rkinias lag, “Kuto warae to, ato lo�ako.” Eto se, emro tu�alua. Elao tematuna wan se, �afunu erkinias lag, “Aplo to lo�ako.” Eto se, elaotu warmauna se esa. Epan pa lao mato Mataso to. Go emro pios pak �afunu, �afunu eti pistafea mau. Epseikinia lag amoso, aguna, go alapa, taafa nagra etugorea. �afunu emro kano lo�a Wotanmaanu. Go Wotanmaanu ekat lao to ntas to, �afunu ekat roa wan ntas wa.

dresser dans l’intérieur des terres au dessus de Matnaru, dans un endroit que les anciens appelaient le Trou de Wota. Il se dressa là-bas mais �afunu lui dit: «Tu es là-bas, mais je te vois toujours.» Alors, au bout d’un moment, il repartit. Il se dressa à un autre endroit, mais �afunu lui répéta: «Je te vois toujours!» Alors il se dressa dans de nombreux autres endroits mais en vain, �afunu le voyait toujours. Au bout d’un moment, il se dressa près de Mataso. Il appela �afunu, mais celuici ne répondit pas. C’était parce que les montagnes de Moso, Nguna et Lelepa le dissimulaient. �afunu ne pouvait plus apercevoir Wotanmaanu. Ainsi, Wotanmaanu se dressa au-dessus de la mer, alors que �afunu y sombra.

Tematua urto rki kenemis taplange lag, “�afunu epi nalia tap, epi naskau tap. Nata�ol ekano los �ar�aros.” Go epatia telaapa urmtoukinia, urto mtouki �afunu. Konou ati to pakgi mau. Wan apalse pakgi pa, alo�ae lag �afunu ewan, apalse talel wuru �ae. Nlakan tematua urtilia lag epi naskau skei na etap. Wan kumus pak tan pa, �amro mus pak lag, kupanei kusu�ae faatu. Kukano mus sak panei marmaro lag. Urlag epi naskau tap. Urse �afunu go kenem urto mtoukinia pak malmauna. Urti tae palse pak �latigkinia pan mau, nlakan natowia urlag epi naskau na etap. Enou warange.

Les anciens nous disaient que �afunu est un lieu tabou, un récif tabou. Les gens ne peuvent pas s’y baigner sans prendre de précautions. C’est pour cette raison que beaucoup d’entre nous le craignent, nous craignons �afunu. En ce qui me concerne, je n’y vais pas. Si je pagaye vers lui, et que je vois que �afunu est là, je le contourne en passant au loin. Car les anciens nous disaient que c’est un récif tabou. Lorsque l’on plonge vers le fond, et que l’on veut remonter à la surface, on se cogne la tête contre le rocher. On ne peut plus remonter pour respirer à la surface. Nous l’appelons �afunu et nous le craignons encore de nos jours. Nous n’allons pas en pirogue près de lui car les anciens nous disaient que c’est un récif tabou. C’est la fin de mon histoire. 27

Notes 4 Le cinquième jour après le décès d’une

1 Le Laplap est le plat traditionnel principal du Vanuatu. On le prépare à partir de

personne est une cérémonie traditionnelle

tubercules râpés (tels que l’igname, le

durant laquelle un festin est organisé.

taro ou le manioc) mélangés à du lait de 5 Le râle tiklin ou Gallirallus philippensis

coco puis enveloppés dans des feuilles d’

est une espèce d’oiseau commune au

Heliconia. Il est ensuite cuit dans un four à pierres chaudes. On peut y ajouter de la

Vanuatu, appelé nambilak en Bichelamar.

viande, du poisson ou des légumes verts.

On l’observe souvent traverser les routes de façon erratique.

2 Les couvertures pour four à pierres chaudes ou 'fefe' sont fabriquées a partir des feuilles de l’arbre Baringtonia Asiatica que l’on coud entre elles. Une fois le laplap recouvert des pierres chaudes, on dispose les couvertures sur les pierres et on les y laisse pendant toute la cuisson. Elles permettent une bonne conservation de la chaleur et de la vapeur nécessaires à la cuisson du laplap. 3 ‘Nasifara’ est une espèce de banane. Pour favoriser la maturation de cette espèce, les tiges de ces bananes sont tordues sur le régime avant de le cueillir, ou bien le régime est enterré dans le sable. Selon les gens de Lelepa, cette espèce n’est plus cultivée dans la région et pratiquement éteinte. 28

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