L’île de Malte: un cas hybride?

Des marges

aux frontières Les puissances et les iles en Méditerranée

à lépoque moderne

ÉruoES RÉuNtES PAR ANNE BRoclNl ET MARIA GHATALI

ÉoITIONS

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DES MARGES AUX FRONTIÈRES

hiérarchie sociale déjà instituée, et un certain désir d'ouverture et de modernités indissociables d'une coopération avec le pouvoir étr4nger et la valorisation de la culture et du savoir intellectuel. Dès lors, loin de se rétrécir sur une contestation des souverainetés extérieures et sur une mise en valeur de pratiques culturelles anciennes, incarnées par des autochtones fermés à toute influence extérieure, les identités insulaires, faqonnées par leur destin frontalier apparaissent plus complexes, faites de méfiance envers ce qui est " autre r,, mais également d'une fascination certaine liée à une collaboration étroite et nécessaire avec les représentants des souverainetés étrangères. C'est le cas de Minorque au xvllf siècle, mais également celui de Malte entre la fin du xvuf et le début du 1111f siècle : l'étude menée par Carmelina Gugliuzzo témoigne bien de l'épanouissement de l'ile dans une ouverture économique désormais indissociable de sa situation stratégique définitivement acquise au ccur de la Méditeganée. Ijile-forteresse perdue par les chevaliers de Saint-Jean deJérusalem sert alors d'appui essentiel à la colonisation et d'escale de fret sur les routes commerciales de l'Empire anglais, tandis que son ouvernue large à la mer contribue à ciseler ,rn u ètr. insulaire, original, à la fois oriental et occidental, conséquence d'une histoire frontalière faite de Permanences culturelles et de superpositions d'influences extérieures' Il n'empéche que les iles vivent la fin de l'époque moderne et le début de l'époque contemporaine dans l'exaltation et la revendication de leur langue comme élément déterminant dans la démarcation nette entre les insulaires et un pouvoir extérieur qui, bien que toléré et utilisé, demeure étranger. Les autorités étrangères peuvent bien employer dès lors leur ProPre langue officielle, l,espagnol en sicile et en sardaigne, l'anglais ou le franqais à Minorque au xvrrre siècle, le génois puis |e frangais en,Corse, l'italien ou l'anglais à Malte, l'anglais encore au Levant dans les iles ioniennes du premier >o