Les catacombes, un lieu de mémoire paradoxal

June 15, 2017 | Autor: Michel Fauquier | Categoría: Early Church, Church History, Places of memory (les lieux de mémoire)
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Descripción

LES CATACOMBES : UN LIEU DE MEMOIRE PARADOXAL Michel FAUQUIER Conférence donnée dans le cadre de la XVe Université d’été du Carrefour d’Histoire religieuse, à Vannes le 10 juillet 2006

Sainte Agnès (Catacombe de Pamphile, Rome, verre doré)

Michel FAUQUIER, Les catacombes, un lieu de mémoire paradoxal

La nuit tombante, le visage couvert, les sens éveillés et le pas feutré, les chrétiens de Rome se dirigent vers des galeries souterraines creusées spécialement pour accueillir les corps de leurs martyrs, après avoir emprunté une entrée gardée secrète. L’image est connue, peut-être même est-ce la plus célèbre de celles attachées à la chrétienté antique, avec une autre image, celle de ces mêmes chrétiens, une fois arrêtés et jugés sommairement, avant d’être livrés dans l’arène aux dents des fauves 1. Cette image largement véhiculée et pourtant presque totalement fausse, a contribué à donner à l’Eglise la figure d’une société souterraine, au propre comme au figuré, dont l’ombre serait le royaume, et le complot le mode d’action naturel. Ce procès n’est pas neuf, et n’est pas dû qu’à l’inspiration en panne de romanciers et de scénaristes à la recherche d’une notoriété facile et convertible en or : l’idée que Rome est morte pour ainsi dire assassinée par le christianisme a germé dans de grands esprits, dont les thèses sont encore parfois reprises sans prudence, ce qui nécessite de régulières mises au point, comme celle, magistrale, de Bruno Dumézil2. En traitant de la trace que les catacombes ont laissé dans la mémoire, c’est donc de la nature même de l’Eglise qu’il est question, mais aussi de la place de cette Eglise dans les sociétés humaines, et singulièrement dans la société occidentale au cœur de laquelle est née la mémoire des catacombes. L’enjeu est vaste, on le voit, il n’est certainement pas neutre, mais il n’est pas aussi unanime et clairement défini qu’on l’imagine : d’une part, parce que des chrétiens ont eux-mêmes contribué à brouiller l’image des catacombes, et d’autre part, parce que, pour prendre le vocabulaire du mythe, on peut dire que les chrétiens entrent dans les catacombes au moment où ils en sortent. Il y a en effet un décalage saisissant entre ce que furent réellement les catacombes et l’image qu’en a conservé la mémoire commune. À bien y regarder, on peut d’ailleurs se demander si ce paradoxe n’est pas vérifié dans le cas de bien de ces « lieux de mémoire » dont on doit à Pierre Nora l’invention, mais dont l’approche évacue le religieux en ne lui donnant qu’une place périphérique et polémique3. N’entendant pas procéder au même tri, cet exposé se situe dans la

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Citons à titre d’exemple, un extrait d’une présentation malheureusement commune telle qu’elle peut traîner sur l’Internet (http://www.vanhoucke.com/catacombes.html)… et dans beaucoup d’esprits : « (…) les Catacombes étaient autrefois les sépultures souterraines des premiers chrétiens qui furent persécutés à Rome. Les Catacombes de Rome sont devenues justement célèbres parce que les chrétiens se réfugiaient dans ces souterrains. Il s’agissait le plus souvent d’anciennes carrières abandonnées. Mais il ne pouvaient pas s’y cacher longtemps car ces souterrains n’étaient pas aménagés pour cela. La ventilation était défectueuse et les gens y auraient manqué d’air. Les païens (ennemis des chrétiens) brûlaient leurs morts dans des crematoria. La religion chrétienne, au contraire, interdisait de brûler les morts, mais prescrivait de les enterrer. Les chrétiens utilisaient donc ces souterrains pour recevoir les sépultures de leurs morts, peut-être pour les dissimuler, plus certainement pour y célébrer des cérémonies mortuaires en secret. C’est l’origine des « messes noires ». Et puis, ces sépultures devinrent officielles, les chrétiens n’eurent plus besoin de se cacher. Il purent même décorer ces souterrains de peintures et de sculptures très intéressantes. C’est dans ces corridors obscurs qu’est né l’art chrétien (…) ». On reste pantois devant un tel concentré d’erreurs grossières ! 2 Les Racines chrétiennes de l’Europe : conversion et liberté dans les royaumes barbares, Ve-VIIIe siècle, Paris, 2005. 3 Pour ce qui est de la République et de la Nation, auxquels sont consacrés les deux premiers volumes des Lieux de mémoire, la chose est simple : Il n’y a rien. On aurait voulu ancrer l’idée qu’elles sont par nature exclusives du religieux, qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Il faut attendre le volume consacré aux France, pour voir apparaître le religieux pour lui-même. Mais cette fois, il est avant tout présenté comme la cause de conflits : celui du catholique avec le laïc, ou des minorités (janséniste, protestante, ou juive) avec le pouvoir oppresseur. Surgissent alors, un clocher ou nulle cloche ne sonne le moment de la prière, et une cathédrale ou nul évêque n’officie, avant les chapitres consacrés à Vézelay et à Notre-Dame de Paris qui permettent au lecteur de lever les yeux vers le ciel. Enfin, ce court périple s’achève sur deux évocations qui permettent de rappeler une nouvelle

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droite ligne tracée par le philosophe Paul Ricoeur4, lequel reprend à son compte la distinction opérée déjà par les Grecs entre la μνήμη, et l’ἀνάμνησις, la première étant la mémoire à proprement parler — un πάθος qu’Henri Bergson qualifiait de « conscience rêveuse » —, et la seconde étant un travail sur la mémoire — une πρᾶξις, définie par Ricoeur comme une « lutte contre des résistances ». Pour ce faire, on s’attachera d’abord à rappeler ce que furent l’origine et la forme des catacombes, le champ couvert ici se limitant toutefois à celui saisi par la mémoire, c’est-à-dire, chronologiquement l’antiquité tardive, et géographiquement le suburbium romain. Dans un second mouvement, ce champ chronologique sera élargi vers son aval, à mesure que nous progresserons, non plus dans les allées des catacombes, mais dans celles de la mémoire attachée aux catacombes pour comprendre comment cette mémoire s’est construite et le lien qu’elle entretient avec les faits.

NAISSANCE ET FORME DES CATACOMBES

Un mot au sens discuté Les catacombes sont un cimetière souterrain de grande extension, composé de galeries et de chambres funéraires. Pour autant, le latin « catacumbas » ne signifie aucune de ces choses et a donné lieu à des interprétations diverses : les plus savantes estiment qu’on aurait affaire à la combinaison de l’attraction d’un verbe latin (soit cumbere : reposer ; soit catare : regarder) et d’une métathèse d’un ou deux mots grecs5 (κατὰ τύμβος : parmi les tombes ; ou seulement τύμβος), catacombes signifiant alors « reposer parmi les tombes » (cumbere kata tumbos) ou « tombes que l’on va voir » (cata tumbos). Émile Littré, qui propose cette dernière étymologie particulièrement hasardeuse, admet toutefois indirectement qu’elle est la moins probable, et Dom Henri Leclercq rappelle que « ni les textes, ni l’épigraphie » (op. cit., col. 2378) n’autorisent de telles hypothèses. Plus simplement, on estime que le latin « cumba » dériverait du grec « κύμβη », qui désigne tout objet concave, ou « κύμβος » (excavation) avec le sens de « dépression » (notre « combe ») ou de « cavité ». Catacombe aurait donc désigné à l’origine un lieu « près d’une dépression »6 ou « près [d’anciennes] carrières »7, ce qui se trouve être le cas de la plus célèbre des catacombes, celle de Saint-Sébastien, fréquemment désignée sous l’appellation « ad catacumbas » ou « cymiterium catacumbas »8.

fois que la religion divise, avec un Sacré-Cœur de Montmartre « haut lieu contesté » et « monument du refus », puis une très horizontale Jeanne d’Arc, enjeu d’une « mémoire disputée ». 4 La Mémoire, l’histoire, l’oubli, coll. « l’ordre philosophique », Paris, 2000. 5 Altération d’un mot ou groupe de mots, par déplacement de phonèmes (voyelles, consonnes) du fait d’une difficulté de prononciation. 6 Cette leçon a la préférence de dom Henri Leclercq (op. cit., col. 2377). 7 ROBERTO VALENTINI & GIUSEPPE ZUCCHETTI, Codice topografico della città di Roma, 1, Rome, 1940, p. 280 ; BRUNO LUISELLI, In Margine al problema della traslazione delle ossa di Pietro e Paolo, M.E.F.R.A., sér. Antiquité, 98, Rome, 1986, p. 852-854. L’usage presque unanime du pluriel (catacumbas), s’accorde mieux avec cette seconde leçon. 8 Cet usage de désigner un lieu par rapport à un élément caractéristique (source, fontaine, porte…) est fort répandu, et pas uniquement à Rome.

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La via Appia, où est sise cette catacombe, concentrant le nombre le plus important des catacombes connues (fig. 1), on peut imaginer que cette appellation a fini par prendre un sens générique. Il reste que les contemporains de la construction des catacombes ne les désignèrent jamais ainsi, mais parlaient plus banalement de « cryptæ »9 (galeries souterraines). Le mot français dérivé (crypte) ayant pris un sens technique précis, celui de catacombe s’est imposé quand celles-ci sont devenues l’objet d’un engouement à partir du XVIème siècle.

Une forme spécifique La forme de la catacombe trouve son origine dans celle de l’hypogée (littéralement : sous-terre) que l’on peut définir comme une catacombe en miniature10, et dont le plan a pu être assez complexe (fig. 2), sans toutefois être aussi élaboré que celui de ses homologues égyptiens. Hypogées et catacombes, renferment par ailleurs des chambres funéraires, cubicula (littéralement : chambres à coucher) et cryptæ (ici au sens devenu commun), que l’on distingue selon la taille — plus grande dans le second cas —, et même la chronologie, les cryptes étant des aménagements plutôt tardifs. Dans ces chambres, un mobilier spécifique s’est développé, en particulier au IVe siècle, en lien avec la pratique du refrigerium ou repas funéraire. Ainsi des tables à offrande ou « mensæ » (fig. 5) et des chaises à dossier ou « cathedræ » ont été sculptées, ces dernières ayant peut-être servi à symboliser la présence du défunt : dans le coemeterium maius, via Nomentana, une de ces cathèdres est d’ailleurs taillée contre un arcosolium (fig. 5). Plus discrètement, de petits objets ont été déposés sur les tombes ou scellés dans les murs, avec une fonction décorative, mais plus certainement encore pour identifier les sépultures. Ces objets étaient très variés : pièces de monnaie, objets en verre, en céramique ou en marbre, bijoux, lampes à huile... Si on excepte le cas particulier, et au demeurant plutôt rare, du sarcophage — qui est moins un élément constitutif des catacombes, qu’une forme particulièrement élaborée de mobilier funéraire —, les trois autres formes de sépultures que l’on rencontrait dans les catacombes étaient creusées dans la structure même, soit le long des galeries, soit dans les cubicula. La plus importante de ces formes, ou arcosolium (littéralement : siège [sous un] arc), se présente comme une vaste niche au plafond en forme d’arc plus ou moins prononcé, cette niche étant destinée à recevoir un sarcophage creusé dans la paroi, et fermé par une dalle. À partir de cette forme de base, certaines variantes ont été tentées, comme pour le cubiculum des tonneliers (catacombe de Priscille, via Salaria nova), qui est flanqué de deux colonnes latérales (fig. 4). Par nature, l’arcosolium est une tombe collective, familiale ou corporative et abrite plusieurs corps. D’ailleurs, plusieurs arcosolia peuvent être rassemblés dans un cubiculum, comme c’est le cas de ceux des mensores11, abrités dans un renfoncement en forme d’abside, dans la catacombe de Domitille, via delle Sette Chiese (fig. 6). La plus simple des formes de sépulture, ou « loculus » (littéralement : petit lieu), est constituée d’une simple cavité creusée dans la paroi d’une galerie ou d’une chambre, fermée avec toute sorte de matériau (fig. 7), depuis les plus humbles (tuiles en terre cuite maçonnées) 9

JEROME, Commentarius in Ezechielem prophetam, 12, 40 ; PRUDENCE, Peristephanon liber, 11, 154. Au maximum, quelques sépultures. Ainsi, à l’origine, l’hypogée d’Ampliatus, qui date du début du IIIème siècle, et qui finit par être englobé dans la catacombe de Domitille (via delle Sette Chiese), accueillait moins de dix sépultures, alors que ladite catacombe en accueillit plusieurs milliers. Jean Guyon estime par exemple le nombre des sépultures de la catacombe ad duas Lauros, à 11 000, sans compter les tombes de surface ! 11 Fonctionnaires chargés de la police des grains au sein de la Préfecture de l’Annone : c’est du moins l’interprétation retenue par Philippe Pergola. D’autres, comme Vincenzo Fiocchi Nicolai, pensent qu’il s’agit plutôt de pistores, lesquels étaient chargés de piler le grain et de le transformer en pain. 10

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jusqu’aux plus prestigieux (plaque de marbre portant une inscription12). À la façon des exvoto dans nos églises, ces loculi ont envahi progressivement tous les espaces possibles et imaginables des catacombes, selon une logique à la fois rationnelle (économie d’espace) et spirituelle (recherche de la proximité des corps saints). Comme les arcosolia, et malgré leur exiguïté, les loculi pouvaient eux aussi contenir plusieurs restes de corps, autre façon de gagner de la place et en proximité. Enfin, un troisième type de sépulture ou « forma » allait se développer une fois les parois envahies : cette fois, la cavité est creusée dans le sol et fermée par une dalle. On sait que ce type de sépulture devait connaître un grand engouement dans la chrétienté occidentale, où il fut largement utilisé dans les églises, dont il a parfois fini par constituer presque tout le pavement. Les formes que l’on vient d’évoquer sont les plus élémentaires. A partir du dernier quart du IVème siècle, alors que le christianisme commence à être reconnu et devient l’objet de toutes les attentions du pouvoir, les catacombes connaissent de nombreux et importants aménagements destinées à mettre en valeur les tombes des martyrs les plus populaires : l’ornement des catacombes culmine avec l’érection de basiliques souterraines13 ou aériennes14, mais on réalise aussi des ornements moins monumentaux, colonnes ou chancels (balustrade)15. On relèvera que les noms traditionnels donnés à deux des formes que l’on rencontre dans les catacombes, l’[arco]solium et le cubiculum ont une haute valeur spirituelle qu’il faut mettre en relation avec l’étymologie du mot cimetière, du latin « coemeterium » lui-même transposé du grec « τὸ κοιμητήριον », lequel signifie « dortoir ». Le choix n’est évidemment pas anodin, d’autant que le mot « coemeterium » fut utilisé par Hippolyte16 dans ses Philosophoumena (9, 12, 14), pour désigner le lieu de la dernière demeure spécifiquement chrétienne : au sens propre du terme, il n’y a donc que des cimetières chrétiens. Saint Jean Chrysostome devait expliciter ce choix dans le premier chapitre de son Τὸ Κοιμητήριον : « Le lieu même est appelé Koimêtêrion, lieu de repos et de sommeil, afin de vous apprendre que ceux qui sont morts et qui y sont déposés, ne sont pas morts, mais ne sont qu'endormis »17.

Comment les catacombes sont-elles nées ? Dans le cas romain, qui n’est pas exceptionnel, le premier réseau de catacombes s’est appuyé sur un réseau existant de conduits hydrauliques ou de carrières finalement abandonnés. La Loi des XII Tables — fondement de la législation républicaine, refondée sur le consensus retrouvé entre la plèbe et le patriciat18 — engloba dans ses 12

Par exemple, le loculus du martyr Yacinthus, vraisemblablement victime de la persécution déclenchée sous Dioclétien (303-311). C’est à ce jour, la seule tombe retrouvée intacte, d’un martyr de la Rome chrétienne. Elle se trouve dans la catacombe de Bassilla, via Salaria vetus. 13 Par exemple, la basilique de la via Ardeatina, dédiée à un groupe anonyme de martyrs, érigée durant la première moitié du VIème siècle. 14 Par exemple, la basilique des Saints-Nérée-et-Achillée, martyrs c. 100, dont la tradition dit qu’ils furent baptisés par saint Pierre. Une basilique fut construite au dessus de leur sépulture, située dans la catacombe de Domitille, via delle Sette Chiese. 15 Les mêmes saints Nérée et Achillée en bénéficièrent. Il ne reste actuellement plus que la colonne, où est sculptée une scène du martyre d’Achillée. Le chancel a laissé la place à la basilique. 16 Exégète et théologien romain, mort martyr (170/175-235). 17 On notera avec intérêt que, dans le même passage, quelques lignes plus haut, saint Jean Chrysostome, définit le koimêtêrion comme le « le lieu consacré aux martyrs ». 18 La tension était en effet très forte entre ces deux pôles de la société romaine depuis que le régime républicain avait été instauré et presque immédiatement récupéré au profit principal du patriciat. La plèbe ne cessa alors d’exercer une pression croissante en refusant de soutenir le patriciat lors des moments de crise, en se retirant sur

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prescriptions celle de n’incinérer ou de n’ensevelir aucun corps au sein du poemerium, le sillon sacré délimitant l’espace urbain. Dans les faits, c’est le bâti urbain qui fut pris en compte, l’Urbs débordant assez rapidement les limites étroites du poemerium originel, qui fut d’ailleurs repoussé une première fois en 49 sous le règne de Tibère, puis une seconde entre 70 et 79 sous le règne de Vespasien. Les chrétiens, pour lesquels cette règle était indifférente sur le plan de la doctrine, vont l’infléchir à compter de la seconde moitié du IVème siècle, sans volonté d’enfreindre la loi, mais tout simplement pour des raisons pratiques. Mais, si quelques rares catacombes furent implantées légèrement à l’intérieur des limites de ce dernier poemerium19, il est remarquable qu’aucune n’ait par contre enfreint la limite antique de l’Urbs, jadis matérialisée par l’enceinte dite « servienne », comme si un respect particulier y était encore attaché. On peut donc considérer que la règle était bien l’extra-urbanité, et elle fut d’ailleurs étendue à tous les territoires conquis par Rome, sans que cela posât de grandes difficultés, cette règle étant admise unanimement, du moins autour de la Méditerranée. C’est d’ailleurs une distinction, que la législation romaine voulait imposer entre le monde des morts et des vivants, non une rupture, et c’est pourquoi les catacombes furent aménagées ou construites le long des axes principaux menant vers la capitale, formant comme une sorte de couronne suburbaine. Il s’agissait de répondre à une difficulté née de l’accroissement de la population de l’Urbs, avec un double effet : d’une part, il fallait assurer une plus grande quantité de ravitaillement aux vivants, et d’autre part le nombre des morts allait croissant. Dans le premier cas, les besoins du ravitaillement imposèrent d’implanter de nouveaux domaines à proximité de la ville, précisément le long des axes principaux où étaient aussi installées les nécropoles : domaines agricoles et nécropoles se trouvèrent alors en concurrence, la solution de l’enterrement des dernières étant une réponse particulièrement appropriée, d’autant que le prix des terrains de surface atteignait déjà des prix exorbitants à l’époque de Cicéron20. Dans le second cas, l’accroissement de la demande de sépultures se doubla d’une prise d’ampleur de celles-ci, provoquée par le succès de l’inhumation, et pas seulement chez les chrétiens21 : une inhumation consommait en effet de cinq à dix fois l’espace nécessaire pour une incinération. Pour autant, la construction des catacombes n’obéit à aucun plan d’ensemble, et c’est dans un joyeux désordre qu’elles se développèrent, ce qui ne veut pas dire sans suivre un plan particulier : c’est tout le paradoxe romain. Ainsi, on distingue des plans « en peigne »22, « en grill »23, ou « en arête de poisson »24 (fig. 9). Il ne faut d’ailleurs pas croire que ce mélange de désordre à l’échelle générale et d’ordre à l’échelle particulière, caractérisait les catacombes : le tissu urbain de l’Urbs n’était pas moins chaotique, et en tous l’Aventin (la première « sécession de la plèbe » est de 494 a. C.). Certainement sous la menace d’une nouvelle sécession, la patriciat dut accepter de publier le texte des lois fondamentales de Rome, dont il se voulait jusqu’alors l’interprète unique… et très partial : à cette fin, un collège de dix sages (decemviri legibus scribendis) prit la place des consuls entre 451 et 449 a. C., et élabora la Loi des XII Tables, qui fut exposée publiquement sur le forum et apprise par cœur par les écoliers. 19 Trois sont sises en deçà des portes Latina et Appia, une en deçà de la porte de la Porte Prenestina, deux jouxtant le poemerium, à la porte Salaria et à la porte Nomentana (cf. fig. 1). 20 Epistulæ ad Atticum, 12, 21, 33. 21 Les chrétiens jouèrent un rôle dans ce basculement, du fait de l’espérance en la résurrection de la chair. La pratique de l’inhumation était en effet fort rare à Rome où elle relevait plutôt de traditions familiales (Scipioni) ou religieuses (juifs, néopythagoriciens). 22 Etat originel de la catacombe de Calepode, via Aurelia antica, ou fut enterré le pape saint Calixte, bien qu’il fût à l’origine d’une catacombe éponyme : c’est pourquoi on donne parfois le surnom de « Saint-Calixte » à la catacombe de Calepode, celle bâtie par le pape, via Appia Pignatelli, étant appelé « catacombe de Calixte ». 23 Comme l’aire 1 de la catacombe de Calixte. 24 Comme l’étage inférieur de la catacombe de Priscille, via Salaria nova.

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cas, presque totalement étranger au splendide schéma classique que les Romains appliquèrent peu ou prou à leurs fondations extérieures. Sans autorité de régulation, chacun fit sa petite extension personnelle : en particulier, la constitution de certaines catacombes semble avoir été subventionnée par de riches donateurs chrétiens25, qui accueillirent les sépultures des autres membres moins fortunés de leur communauté, lesquels trouvaient un refuge à bon compte dans l’attente de la résurrection. Le nom traditionnel resté attaché à ces catacombes serait alors celui de ces donateurs. Il y a une seule exception à ces initiatives privées originelle, la catacombe de Calixte, via Appia Pignatelli, qui doit son nom au diacre devenu pape (217222), saint Calixte, lequel est à l’origine d’un projet qui devait prendre une grande importance, puisque c’est dans cette catacombe que l’on aménagea durant le IIIème siècle la fameuse « crypte des papes », qui accueillit la dépouille de neuf d’entre eux. Il faut attendre le pontificat de saint Marcel Ier (308-309), pour voir la création d’une nouvelle catacombe due à l’initiative du pouvoir ecclésiastique, celle de Novella, via Salaria nova26. Toutefois, si on en croit les sources écrites27, les autorités ecclésiastiques ont rapidement récupéré — et peut-être toujours eu — l’autorité sur les cimetières28. Cela n’a d’ailleurs pas nécessairement clarifié les choses, du fait des nombreux aménagements et remaniements que connurent les catacombes à partir du dernier quart du IVème siècle à l’initiative de ces autorités, moins respectueuses du maillage originel que soucieuses de créer des itinéraires adaptés aux pèlerinages. Par ailleurs, la construction des catacombes ne mit pas même fin à celle d’hypogées, que l’on aménagea jusqu’à l’extrême fin du IVème siècle. Ces hypogées gardaient un caractère strictement privé : ainsi celui de la via Dino Compagni (dite aussi « catacombe Ferrua »), le long de la via Latina vetus, a été creusé entre 320 et 370.

LES CHEMINS DE LA MEMOIRE DES CATACOMBES

Une forme propre au christianisme ? À bien y regarder, les catacombes ne sont qu’une forme particulière d’une pratique presque unanimement mise en œuvre en Occident, toutes époques confondues, à savoir l’enterrement, encore appelé inhumation ou sépulture. Même quand la crémation domine, elle n’est pas exclusive de l’enterrement : ainsi, au tournant des âges du bronze et du fer en Occident (en gros le début du 1er millénaire a. C.), s’est développée la pratique d’ensevelir les urnes ayant reçu les restes calcinés des morts, ce que les archéologues appellent la « civilisation des champs d’urnes ». Par ailleurs, quant il s’est agi de trouver une forme adaptée au développement de l’inhumation dans les catacombes, c’est celle du colombarium qui a été retenue. Le colombarium, sorte de version aérienne de la catacombe, permettait en effet de stocker les restes calcinés des défunts contenus dans des urnes, qui étaient rangées dans des niches évoquant les pigeonniers, d’où ce type de monument tira son 25

On sait ainsi que les catacombes de Domitille et de Priscille sont respectivement dues aux dons des prestigieuses familles Flavii et Acili Glabriones, toutes deux de rang sénatorial. 26 C’est d’ailleurs plutôt une extension, puisqu’on l’identifie habituellement comme le second niveau de la catacombe de Priscille, et, par ailleurs, la catacombe de Calixte, garda son statut de « cimetière ecclésiastique ». 27 HIPPOLYTE, Traditio Apostolorum, 40 ; Liber pontificalis, 1 ; EUSEBE DE CESAREE, Hist. Eccl., 7, 13, qui rapporte un décret de l’empereur Gallien (260-268) restituant aux évêques l’administration des cimetières que son prédécesseur Valérien (253-260) avait retiré à ceux-ci lors de la persécution de 257-258. 28 Cela ne s’oppose pas à une initiative privée qui suppose seulement un partage des rôles : la subvention et l’exécution étant à l’initiative de riches privés, les autorités ecclésiastiques étant par la suite chargées de la gestion, et ayant peut-être été consultées au moment de la conception.

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nom. Le loculus, n’est finalement que la version allongée de ces niches des columbaria, adapté à la réception de corps non incinérés, bien que souvent réduits. Ces pratiques, apparemment diverses, ont toutes en commun d’enfouir les restes des défunts, sous terre ou dans un vase : dans la tradition occidentale, le lieu des morts est en effet considéré comme souterrain, sens qu’a précisément le mot infernum. Cette vision n’est pas universelle, et on sait, par exemple, que de nombreuses tribus amérindiennes exposaient le corps de leurs défunts en plein vent. Plus proche de nous, les Vikings avaient pour tradition de livrer aux flammes le corps de ceux qui les avaient menés au combat. D’une certaine façon, les mentalités méditerranéennes étaient plus préparées que d’autres à accueillir la doctrine de l’Incarnation. La forme même des catacombes n’est pas tellement nouvelle en Occident, et s’apparente à d’autres formes plus anciennes comme les grands hypogées des civilisations mégalithique et égyptienne, mais aussi étrusque, sabine et romaine29. Dans ce cas, contrairement aux catacombes, les conditions de l’enterrement sont créées artificiellement, puisqu’on accumule sur les galeries, de la terre dans le premier cas (tumulus), et de la pierre ou de la brique dans le second cas (pyramide). Il est vrai que le rôle des galeries n’est pas le même dans les trois cas : pour l’hypogée, la galerie joue le rôle de voie d’accès unique ; pour la pyramide elle s’inscrit dans un ensemble labyrinthique destiné à diminuer le risque de pillage ; pour les catacombes, elle est à la fois voie de circulation et lieu même de la sépulture de certains défunts. La différence entre les formes d’ensevelissement antérieures et les catacombes, sont d’autant moins essentielles que ces dernières prirent à l’origine la forme d’hypogées, la catacombe au sens strict, n’apparaissant qu’au milieu du IIIème siècle, d’abord sous forme d’extension des hypogées puis par leur jonction, qui aboutit à la formation de réseaux. D’ailleurs, en italien, le même mot (ipogeo) sert indistinctement à désigner un hypogée et une catacombe. De toute façon, les catacombes ne sont pas une forme cémétériale propre aux chrétiens, puisqu’elles ont été aussi largement développées par les juifs, ces derniers n’ayant jamais voulu mêler leurs morts à ceux des autres religions, ce qui n’était pas le cas des chrétiens. Cette volonté explique certainement pourquoi les catacombes juives sont plus nettement éloignées du poemerium, dont elles ne transgressent jamais la limite, pour autant, elles ne sont pas très éloignées des ensembles chrétiens, cette fois pour de simples raisons d’accès et géologiques. On connaît six catacombes juives (dont une double : celle de la villa Torlonia) dans la périphérie de l’Urbs, ce qui, compte tenu de la petite taille de la communauté juive 30, n’est pas négligeable. La forme et l’origine de ces catacombes ne diffèrent pas de leurs homologues chrétiennes : elles aussi se développèrent à partir d’hypogées, entre la fin du IIème siècle et le début du IIIème, usant de l’arcosolium et du loculus. Par contre, les catacombes juives présentent une iconographie presque uniquement et explicitement religieuse. L’iconographie des catacombes chrétiennes, au contraire, est mêlée et pas toujours aussi explicite, témoignant que la christianisation fut progressive : dans l’hypogée de la via Dino Compagni, on trouve une représentation de la déesse Tellus ; dans la catacombe de Vibia, sur la via Appia, tombes chrétiennes et d’adeptes des cultes de Mithra ou 29

Ainsi l’hypogée d’Ampliatus, via Ardeatina, des Otavii, via Trionfale, des Nasonii, via Flaminia… Certains se sont même trouvés enserrés au milieu de catacombes chrétiennes construites par la suite, comme celle de la Torreta, à la surface de la catacombe de Calixte. Les mausolées impériaux n’étaient finalement qu’une version plus proéminente de la même pratique. 30 Petite mais pas ridiculement petite : il y avait en effet onze synagogues dans l’Urbs.

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de Sabazios se côtoient ; quant à l’hypogée des Aurelii (c. 230), l’un des rares aménagés en deçà du poemerium, on trouve une représentation inspirée de l’Odyssée, ainsi que d’autres au caractère beaucoup plus indéfini, certainement volontairement : faut-il y voir de simples représentations bucoliques, ou des images à caractère philosophique, ou même évangéliques ? La scène d’un homme gardant un troupeau de brebis, livre à la main, est le type même de représentation problématique, que certains interprètent comme le Christ du sermon sur la montagne, et d’autres comme une figure d’un défunt de la famille Aurelii parvenu aux Champs-Élysées (fig. 8). On notera qu’il s’agit pour l’essentiel d’hypogées, c’est-à-dire de sépultures de familles aisées, c’est-à-dire celles-là mêmes où il était le plus fréquent que chrétiens et non-chrétiens se côtoient encore pour quelque temps. Mais, même quand le discours du décorateur devient clairement chrétien, il n’est pas toujours facile à comprendre depuis qu’on en a perdu le sens : ainsi, dans la catacombe de Calixte, si la scène du baptême du Christ ne pose aucune difficulté d’identification, il n’en va pas de même d’une image devenue célèbre, celle dite du « poisson eucharistique » (fig. 8) dont on se demande si elle n’évoque pas plutôt le refrigerium. Il reste que la volonté des autorités chrétiennes de développer le mode de sépulture catacombal semble bien liée à l’affirmation de l’unité et de la solidarité31 de la communauté chrétienne telle qu’elle s’exprime dans les œuvres des apologistes32. Par ailleurs, la pression démographique jouait encore plus pour les chrétiens que pour les autres Romains, du fait de l’accroissement soutenu de la communauté chrétienne, confirmé par les sources33. Enfin, à cet accroissement quantitatif s’ajoutait une dimension qualitative, cette même communauté chrétienne touchant désormais largement les élites, seules susceptibles de financer d’importants travaux d’aménagement comme en supposaient les catacombes. Alors, l’unité des morts prolongeant celle des vivants, on en vint à la construction de lieux d’inhumations propres aux chrétiens. Sans que la mixité des nécropoles eût gêné l’exercice des rites chrétiens liés à la sépulture, il reste que leur christianisation facilitait ce culte, en particulier la célébration de la messe, ce dont témoignent plusieurs auteurs contemporains34.

Un lieu de refuge tenu secret ? Loin d’être les lieux de la survivance secrète d’une secte poursuivie par le pouvoir, les catacombes furent au contraire le moyen de mesurer les effets de la modification déterminée de l’attitude de ce pouvoir envers les chrétiens. Ce n’est donc pas un hasard si le règne de Constantin (306-337) coïncida avec la cristallisation de la forme traditionnelle de la catacombe et la prise en main de leur administration par la hiérarchie ecclésiastique. Avant Constantin, les chrétiens avaient déjà profité de la « petite paix de l’Eglise » (258-303, entre les persécutions de Valérien et de Dioclétien) pour développer les catacombes, lançant des travaux d’une telle ampleur qu’ils étaient impossibles à dissimuler, idée qui ne vint d’ailleurs semble-t-il à personne : les empereurs païens voulaient contraindre les vivants à l’obéissance… pas les morts, auxquels, dans une tradition antique unanime, on devait offrir une sépulture digne, même s’il s’agissait d’ennemis. 31

Dans le domaine funéraire, les plus riches chrétiens permettaient aux plus pauvres de recevoir une sépulture décente comme en témoignent Aristide (Apologeticus, 15, 6), Hippolyte (Traditio Apostolorum, 40) ou Tertullien (Apologeticus, 39, 5-6). 32 En particulier, Aristide (Apologeticus, 15, 5-7) ou Tertullien (Apologeticus, 39, 1-2). 33 En particulier une lettre du pape Corneille (251-253) à Fabius, évêque d’Antioche, qui donne le détail de l’imposant clergé romain et parle de plus de 1500 veuves et indigents à la charge de la communauté ecclésiale (EUSEBE DE CESAREE, Hist. Eccl., 6, 43, 11). 34 Mart. Polycarpi, 18, 2-3 ; TERTULLIEN, De Anima, 51 ; CYPRIEN, Epistulæ, 1, 2.

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Quant à faire des catacombes un lieu de refuge, cela aurait été carrément suicidaire, le nombre des issues, toutes connues, étant limité. Il ne faut d’ailleurs pas écrire l’histoire à l’envers, et oublier que la reconnaissance de fait obtenue par les chrétiens restait fragile : la réaction païenne tentée par l’empereur Julien (361-363) le rappela douloureusement, la victoire du christianisme n’étant définitivement acquise qu’avec l’empereur Théodose (393-395), alors que le contexte international ne cessait de s’assombrir, ouvrant des perspectives fort incertaines aux chrétiens. Si les chrétiens avaient vraiment voulu se montrer prudents, ils n’auraient pas construit les catacombes avant la fin du IVème siècle, c’est-à-dire près de deux siècles après leur début réel. C’est en fait au cours des XVIème et XVIIème siècles, que se forgea le mythe selon lequel les catacombes auraient été le lieu de résidence ou de refuge des chrétiens poursuivis par le pouvoir. Hormis le fait que, dès l’époque du pape Sylvestre Ier (314-335), sous le règne de Constantin, la politique ecclésiastique de mise en valeur des catacombes avait concentré son attention sur les seuls martyrs — comme nous le verrons par la suite —, les sources furent sur-interprétées : ainsi, le premier chapitre du Liber pontificalis, mentionnait la présence de papes « in cimiteriis », et une lettre de saint Cyprien de Carthage (Epistulæ, 80, 1), rappelait que le pape Sixte II et quatre de ses diacres, victimes de la persécution de Valérien le 6 août 258, avaient été exécutés « in cimiterio ». S’il s’agit bien d’une catacombe dans ce dernier cas (en l’occurrence celle de Calixte), ce n’est pas nécessairement le cas dans le Liber pontificalis, du fait de l’existence de cimetières aériens contemporains des premières catacombes. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’exceptions et non de la règle.

Le cimetière des martyrs ? Pas plus qu’elles ne servirent de refuge aux chrétiens fuyant la répression, les catacombes n’ont pas été aménagées pour recevoir les corps des martyrs, mais tout simplement ceux de tous les Romains décédés qui n’avaient pas trouvé de place ailleurs. Du fait de la diffusion du christianisme et de son triomphe final au IVème siècle, être Romain c’était être chrétien, à peu de choses près : si on excepte le cas des catacombes juives, que l’on vient d’évoquer, les catacombes prirent un caractère résolument chrétien. Mais, comme dans le même temps, les souverains pontifes voulurent exalter le souvenir des martyrs dont le sang versé était considéré comme « semence de chrétien » selon le mot de Tertullien, la confusion entre les catacombes et le temps des martyrs commença à s’installer dans les esprits. On ne peut pas dire que les souverains pontifes aient voulu cette confusion, mais ils l’ont de fait fondée et nourrie, en concentrant les travaux d’aménagement qu’ils ordonnèrent autour ou au dessus des restes des martyrs les plus vénérés par les Romains. Les flots de pèlerins venus de tout l’Occident vers Rome, et dirigés préférentiellement vers les lieux du souvenir martyrial, où ils trouvaient leurs origines spirituelles, retournaient chez eux avec la certitude que les catacombes avaient bel et bien été la dernière demeure des martyrs des premiers siècles. Le culte des martyrs remonte au moins au IIème siècle, mais ses manifestations restèrent longtemps discrètes, et les corps des martyrs reposèrent d’abord au milieu de ceux des autres chrétiens, leur sépulture ne se distinguant en rien de celles des autres : il suffit de penser aux cas de saint Pierre et saint Paul 35. C’est seulement avec Constantin que ce culte prit alors la forme particulière de la sépulture ad, apud ou retro sanctos ou corpora, qui émergea alors : comme les chrétiens avaient recherché de leur vivant 35

Respectivement au pied de la colline du Vatican et le long de la via Ostiense.

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un contact avec les corps saints36, ils le recherchèrent une fois morts en se faisant enterrer à proximité des corps de ceux qui avaient subi le martyre — qui était alors le seul sceau de la sainteté —, espérant établir ainsi une sorte de compagnonnage spirituel dans l’au-delà37. C’est donc tout naturellement, que l’on a privilégié les lieux où étaient enterrés des martyrs, qui devinrent l’objet de toutes les attentions des autorités politiques et religieuses : pour ce qui concerne l’empereur, en plus de la dévotion personnelle, il y a pu aussi avoir une volonté d’attacher sa mémoire à celle des saints les plus populaires. La manifestation la plus éclatante de ce phénomène fut la construction des mausolées de sainte Hélène, de Constantin son fils, et de sa sœur Constantine, contre des basiliques, Saints-Pierre-et-Marcellin pour les deux premiers, et Sainte-Agnès pour la dernière. Dans un premier temps, pour de simples raisons d’accessibilité, on privilégia les structures de surface en construisant des mausolées au dessus ou contre des tombes de martyrs, ainsi que des basiliques38, mais on commença aussi à aménager de vastes catacombes communautaires autour des dépouilles de ces mêmes martyrs. Les deux phénomènes ne doivent pas être dissociés, car ils procèdent de la même volonté. Le réseau ancien des catacombes fut alors aménagé et étendu, y compris verticalement, ce qui imposa la construction d’escaliers à double entrée39 pour desservir les différents niveaux40. Par contre, les aménagements des catacombes restèrent modestes dans un premier temps, prenant la forme de simples memoriæ (lieux attachés à la mémoire d’une personne), ou oratoires41. Il faut attendre le pontificat de saint Libère (352-366), pour voir menés des travaux de plus grande ampleur, en l’occurrence, l’ornement de la tombe de saint Agnès avec des dalles de marbre. Il n’est pas indifférent que ce même saint Libère, ait été le premier des souverains pontifes à désigner Rome comme le « siège apostolique », expression que l’on peut comprendre de deux façons : le lieu où réside le pouvoir apostolique, ou bien le lieu où résident les apôtres, en l’occurrence les corps des saints Pierre et Paul. L’autorité du souverain pontife ne pouvait qu’en être renforcée. Avec le pape saint Damase Ier (366-384), l’entreprise amorcée sous Constantin devint l’objet d’une politique systématique, ce qui aboutit à favoriser le rôle des catacombes comme lieu du souvenir martyrial, par rapport à leur rôle funéraire originel. Ce n’est donc pas étonnant, si, à peu près au même moment, l’aménagement prima sur l’extension des catacombes. À partir de la fin du IVème siècle, les chrétiens qui voulaient élire leur demeure funéraire ad sanctos, furent alors contraints d’aménager des sépultures de fortune en utilisant des espaces devenus ou restés libres. Les successeurs de Damase ne relâchèrent pas l’effort, d’autant que la fréquentation des sanctuaires, et en particulier des catacombes, allait en augmentant : ainsi, les sources indiquent que le pape saint Symmaque (498-514) fit ériger une basilique au dessus du tombeau de saint Pancrace, via Vitellia42. 36

Ce contact était perpétué dans le temps, les pèlerins rapportant avec eux des linges appelés « brandea » qui avaient touché le corps des martyrs ou leur tombeau, ou qui avait été trempés dans l’huile alimentant la lampe située sur ce tombeau. 37 AUGUSTIN, De cura pro mortuis gerenda, 5. 38 C’est ce qu’on appelle les « basiliques cirquiformes », car ayant la forme de cirques (Sainte-Agnès, SaintLaurent-hors-les-murs, Saints-Pierre-et-Marcellin, Saints-Pierre-et-Paul ou basilica Apostolorum). Celle construite au dessus de la tombe de saint Pierre, prit une forme plus traditionnelle et une ampleur exceptionnelle (basilique à cinq nefs). 39 Gradus descensionis, gradus ascensionis, selon que l’on voulait descendre ou monter. Le premier de ces escaliers doubles fut construit pour atteindre la tombe de saint Laurent. 40 On atteignit jusqu’à cinq niveaux, dans le cas du complexe de Saint-Calixte. 41 Le premier attesté est dû au pape Jules Ier (337-352) qui fit ériger un oratoire sur la tombe de saint Valentin, mort martyr en 269, et appelé à la notoriété que l’on sait, dont il n’aurait pas été peu surpris ! 42 Il subit le martyre c. 304.

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Au Vème siècle43, la suite logique fut l’abandon progressif de la sépulture catacombale, phénomène que l’on peut mettre en relation avec la décrue démographique qui semble frapper l’Urbs : dans un premier temps, les lieux les plus difficiles d’accès furent abandonnés au profit des plus prestigieux, ou des plus accessibles, en particulier ceux à proximité des escaliers. Dans cette même logique, on vit alors des sépultures élire domicile dans des constructions abandonnées, à l’intérieur du poemerium. Parallèlement, les aménagements se poursuivirent jusqu’au milieu du VIème siècle, du fait de la prise d’ampleur du pèlerinage de Rome qui s’imposait dans la chrétienté d’Occident : cette fois, il ne s’agissait plus d’améliorer le réseau catacombal, mais de le concentrer sur quelques endroits prestigieux qui prirent résolument un caractère cultuel et s’inscrivirent dans l’itinéraire de pèlerinages de grande ampleur. Ces lieux privilégiés furent l’objet de toutes les attentions, des travaux de déblaiement étant entrepris pour répondre à l’affluence et des « lucernaires » creusés pour mettre en valeur par la lumière, les lieux les plus importants. De même, l’usage d’installer des autels sur la tombe même des martyrs, déjà attesté au IVème siècle, devint fréquent, conduisant à la construction de petites basiliques ad corpus souterraines44, mais aussi à d’autres en partie aériennes et plus imposantes, qui furent bâties en particulier sous les pontificats de Pélage II (579-590)45 et d’Honorius Ier (625-638)46. Le contexte international se tendant à partir du milieu du VIème siècle, avec la guerre entre les Goths et les Byzantins (536-553), les incursions lombardes au milieu du VIIIème siècle, et finalement celles des Sarrasins en 846, les abords de l’Urbs ne furent pas laissés à l’abandon, comme on l’avait cru dans un premier temps, mais furent désertés au profit des domus urbaines, retranchées au sein du poemerium, lequel avait achevé de perdre son caractère sacré, au profit d’un rôle purement défensif : c’est d’ailleurs à ce moment qu’on commença à ensevelir des morts en deçà du poemerium. En particulier, le raid d’Aistolf, en 756, laissa un bien mauvais souvenir, le roi lombard s’étant servi de certaines catacombes pour en faire ses étables. Les corps des martyrs étant la plus grande richesse de l’Eglise romaine, on pensa bientôt à leur faire emboîter le pas des vivants : opéré dès le milieu du VIIème siècle, le transfert vers les basiliques urbaines fut presque complètement achevé au milieu du IXème siècle, sous le pontificat de saint Léon IV (847-855). De toute façon, l’Eglise romaine était confrontée à des difficultés financières qui ne lui permettait plus d’entretenir un nombre inconsidéré de bâtiments. Ne furent alors plus accessibles que quelques lieux privilégiés, comme les catacombes aux abords de SaintSébastien. Les autres tombèrent dans l’oubli.

La chasse aux corps saints Les catacombes furent redécouvertes fortuitement à la fin du XVème siècle, à l’occasion de mouvements de terrain ou du creusement de puits destinés à 43

L’inscription la plus tardive retrouvée in situ, est datée de 454 (catacombe de Saint-Pancrace, à proximité de la via Aurelia antica). 44 Ainsi, le pape Jean Ier (523-526) fit aménager la sépulture des saints Félix et Audacte (ils subirent le martyre en 303) dans la catacombe de Commodille, via delle Sette Chiese ; le pape Vigile (537-555) fit aménager les abords de la sépulture de saint Hippolyte (il subit le martyre c. 235), sur la via Tiburtina, et Honorius Ier (625638) fit aménager les sépultures de Pierre et Marcellin (ils subirent le martyre en 304), sur la via Labicana. 45 Il fit construire une basilique sur la tombe de saint Laurent (il subit le martyre en 258), sur la via Tiburtina, ainsi que, peut-être, celle sur la tombe de saint Hermès (il subit le martyre c. 120), dans la catacombe de Bassilla, via Salaria vetus. 46 .Il fit bâtir trois basiliques : sur la tombe de sainte Agnès, via Nomentana, une nouvelle basilique sur la tombe de saint Pancrace, via Vitellia, et celle sur la memoria du pape saint Jules Ier (337-352), via Portuense. Ces dernières constructions, particulièrement ambitieuses n’ont été achevées que sous le pontificat de Théodore Ier (642-649).

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alimenter les vignes qui couvraient alors la campagne romaine. Dès le début, les catacombes furent soumises à deux types d’approches, celle des antiquaires47, et une autre que l’on pourrait qualifier de « scientifique » au sens moderne, mais que l’on ne distinguait pas nécessairement à l’époque. Ainsi, le premier de ces scientifiques, le moine augustinien Onofrio Panvinio (1530-1568), se serait considéré comme un antiquaire. De toute façon, la motivation redevint rapidement religieuse : alors que les catacombes étaient rendues à la notoriété, l’Eglise, confrontée au terrible défi lancé par la Réformation protestante, se remettait à peine en ordre de combat. Dans ce contexte, tout ce qui était susceptible d’apporter un appui à la doctrine réaffirmée récemment par le concile de Trente (1545-1563) était accueilli avec enthousiasme et prenait un caractère providentiel : ainsi la découverte inopinée d’une catacombe restée intacte, le 31 mai 1578, le long de la via Salaria. Dans ce contexte, les recherches prirent une orientation apologétique, l’iconographie étant fréquemment l’objet d’une surinterprétation. Toutefois, l’enjeu étant de taille, les fouilles furent prises au sérieux, et les bases d’une archéologie chrétienne de qualité furent jetées, aussi bien par des religieux (le dominicain Alfonso Ciacconio), que par des laïcs (Philippe van Winghe, Jean l’Heureux, Pompeo Ugonio), dont Antonio Bosio (c. 1570-1629), agent de l’Ordre de Malte, qui lança le chantier de la publication exhaustive des fouilles des catacombes. Malheureusement, avec le temps, et la controverse anti-protestante enflant, les antiquaires eurent raison des impératifs de la science, et comme plus tard Heinrich Schliemann partit à la chasse au bel objet dans les ruines de Troie et de Mycènes, on partit à celle des corps saints dans les catacombes romaines, avec le renfort du corps spécialisé des « corpisanctari », lesquels procédèrent à un véritable pillage, dont les règles furent fixées par le décret pontifical de Clément IX48 en 1668. C’est de nouveau un religieux, le jésuite Giuseppe Marchi auquel on doit une reprise en main scientifique des fouilles des catacombes, aboutissant, le 6 janvier 1852, à la constitution de la « Commission pontificale d’archéologie sacrée », à l’initiative du pape Pie IX (1846-1878), et dont Giovanni-Battista de Rossi (1822-1894) devait prendre la direction, formant toute une génération de disciples. En fait, Rossi reprit à son compte la méthode mise au point par Bosio, dont on mesure ainsi mieux la clairvoyance : ce dernier avait commencé par rassembler la documentation existante, avant de mener une étude poussée des lieux déjà découverts et de lancer la fouille d’autres catacombes. L’urbanisation de la périphérie urbaine de la Rome moderne depuis les années 1920, a facilité le travail des chercheurs, en permettant de nouvelles découvertes49, étudiées de façon rigoureuse.

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En l’occurrence l’ « Académie romaine des antiquaires » de Pomponio Leto (1425-1498). Amateurs d’antiquités, ces « antiquaires » ne sont pas des commerçants, comme de nos jours, mais s’apparentent plutôt à nos historiens de l’art. 48 Il est vrai que le souverain pontife, dont le pontificat fut fort bref (1667-1669) avait plus à faire avec les jansénistes, auquel il offrit la fameuse « paix clémentine ». 49 En particulier dans les catacombe de Pamphile, de Commodille, de la Villa Savoia…

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Mises en forme au tournant des IIème et IIIème siècles, les catacombes, sont nées et se sont développées pour des raisons finalement matérielles, qui n’ont rien à voir ni avec le sens spirituel, ni avec le contexte historique, auxquels la mémoire les a rattachés. Mais quand l’Eglise de Rome, désormais assurée de l’appui du bras séculier qui l’a frappait naguère, put agir au grand jour, elle se tourna vers le monde des catacombes pour y célébrer la mémoire de ceux qui avaient permis son triomphe et fonda ainsi involontairement un mythe que les modernes ont retourné contre elle. La mémoire n’a donc pas agi de façon irrationnelle en attachant les catacombes aux témoins de la foi et à Rome. Certes Rome n’est pas toute la chrétienté, mais elle en est nettement le cœur dès l’origine, et l’ampleur du monde souterrain de ses catacombes — de loin le plus étendu des réseaux catacombaux — donne une idée de son poids symbolique. Certes, aussi, les catacombes ne sont pas les tombes des martyrs, pas même uniquement des chrétiens, mais c’est bien ces martyrs dont on recherchait le compagnonnage, que l’on fût un grand prince ou un humble personnage, et les papes n’ont fait que favoriser un contact qui répondait à une attente profonde. La mémoire se souvient à sa manière, elle trie, mais elle n’invente rien au sens latin du terme : les catacombes, les chrétiens, les martyrs et le culte qui leur fut rendu, rien de tout cela n’a été imaginé, bien évidemment. Pour autant ces chrétiens ne firent pas des catacombes leur lieu naturel, et certainement pas celui d’un complot contre qui que ce fût, et l’Eglise, en honorant la mémoire de ses martyrs n’a fait que rappeler une vérité enseignée par le Christ : si le grain ne tombe en terre et ne meure, il ne porte pas de fruit. Le martyr, le chrétien, pas plus que le grain ne sont destinés à rester en terre. En ce sens, les catacombes fonctionnent comme un symbole, et non comme un mythe.

Michel FAUQUIER Khâgne de la Perverie (Nantes) Institut Albert-le Grand (Les Ponts-de-Cé)

BIBLIOGRAPHIE Abréviations B.E.F.A.R. : collection « Bibliothèque des Ecoles Françaises d’Athènes et de Rome » (Athènes-Rome, diffusion De Boccard, Paris) D.A.C.L. : Dictionnaire d’Archéologie Chrétienne et de Liturgie (Paris, Letouzey et Ané) E.F.R. : Ecole Française de Rome (Rome) M.E.F.R.A.: Mélanges de l’Ecole Française de Rome et d’Athènes P.I.A.C. : Pontifico Istituto di Archeologia Cristiana (Rome) sér.: série

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Aspects des catacombes romaines (quatre pages)

Fig. 1 : emplacement des principales catacombes romaines (PHILIPPE PERGOLA, Catacombes : topographie, Encyclopædia Universalis, 5, p. 63)

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Fig. 2 : plan de l’hypogée des Flavii Aurelii « A » (catacombe de Domitille, via delle Sette Chiese, Rome, milieu du IVème siècle : VINCENZO FIOCCHI NICOLAI et alii, op. cit., p. 18)

Fig. 3 : développement ultime du premier étage de la catacombe de Priscille (via Salaria nova, Rome : VINCENZO FIOCCHI NICOLAI et alii, op. cit., p. 18)

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Fig. 4 : cubiculum des tonneliers (à gauche : catacombe de Priscille, via Salaria nova, Rome : Catacombes romaines et italiennes, op. cit., p. 34) et cubiculum dit « des sacrements » A3 (aire 1 de la catacombe de Calixte, via Appia Pignatelli, Rome, in VINCENZO FIOCCHI NICOLAI et alii, op. cit., p. 21)

Fig. 5 : cathedra funéraire devant un arcosolium (à gauche : coemeterium Maius, via Nomentana, Rome, c. 340, in VINCENZO FIOCCHI NICOLAI et alii, op. cit., p. 33) et mensa (catacombe de Prétextat, via Appia, Rome, in VINCENZO FIOCCHI NICOLAI et alii, op. cit., p. 46) Fig. 6 : cubiculum des mensores ou des pistores (catacombe de Domitille, via delle Sette Chiese, ème Rome, milieu du IV siècle : VINCENZO FIOCCHI NICOLAI et alii, op. cit., p. 86)

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Fig. 7 : loculi de facture simple (à gauche : catacombe de Commodille, via delle Sette Chiese, Rome in VINCENZO FIOCCHI NICOLAI et alii, op. cit., p. 45), du martyr Yacinthus (en haut à droite : catacombe de Bassilla, via Salaria vetus, Rome, début IVème siècle, in Catacombes romaines et italiennes, op. cit., p. 21) et d’Apuleia Crysopolis (en bas à droite : catacombe de Calixte, via Appia Pignatelli, Rome, in VINCENZO FIOCCHI NICOLAI et alii, op. cit., p. 169).

Fig. 8 : deux images problématiques, le « berger-philosophe » de l’hypogée des Aurelii (à gauche : viale Manzoni, Rome, c. 230, in Catacombes romaines et italiennes, op. cit., p. 32) et le « poisson eucharistique » (à droite : catacombe de Calixte, via Appia Pignatelli, Rome, in VINCENZO FIOCCHI NICOLAI et alii, op. cit., p. 113)

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Fig. 9 : les trois types de plans catacombaux, « en peigne » (en haut à gauche : état originel de la catacombe de Calepode, via Aurelia antica, Rome), « en grill » (en haut à droite : aire 1 de la catacombe de Calixte, via Appia Pignatelli), ou « en arête de poisson » (en bas : étage inférieur de la catacombe de Priscille, via Salaria nova, Rome).

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