Les Cascatelles de Tivoli

Les Cascatelles de Tivoli Dans la première des salles en enfilade, m'attend une surprise désaltérante. Un pilier central y coupe la perspective mais sans l'aveugler. Des cascades se déversent silencieusement des murs. Chaque tableau s'ouvre comme une bouche d'eau, dont s'échappe une clameur muette. Les cascatelles de Tivoli se déclinent sous tous les angles. Elles ne sont, parait-il, que les filles capricieuses et coquettes de la Grande Cascade qu'un nuage signale au sommet de la colline. Leur carrousel est aérien et aquatique; il tourne autour de moi dans un bruit de tonnerre cristallin. L'air est plein de leur soif vibrante. Des gerbes d'éclaboussures rebondissent sur les rochers comme des ailes de cygne ébouriffées. Des panaches vaporeux soufflent leurs barbes de plumes, délient leurs écumes de fibrilles, dans lesquelles les coups de pinceaux rivalisent de ténuité. Je les scrute, je les respire. Mes poumons ne s'emplissent pas de la poussière d'un musée, mais de leur fraîcheur humée. Les génies des cascatelles bâtissent au-dessus de chacune d'elles des arches multicolores. Dans l'échauffourée de la roche et de l'eau, flottent des arcs-en-ciel.