La pensée d’Ibn al-Muqaffa‘

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Descripción

UNIVERSITY OF BUCHAREST CENTER FOR ARAB STUDIES

ROMANO-ARABICA XV

Graffiti, Writing and Street Art in the Arab World

editura universităţii din bucureşti ®

– 2015 –

Editors: George Grigore (University of Bucharest, e-mail: [email protected]) Laura Sitaru (University of Bucharest, e-mail: [email protected]) Associate Editor: Gabriel Biţună (University of Bucharest, e-mail: [email protected]) Assistant Editors: Georgiana Nicoarea (University of Bucharest, e-mail: [email protected]) Ovidiu Pietrăreanu (University of Bucharest, e-mail: [email protected]) Blind peer reviewed Editorial and Advisory Board: Jordí Aguadé (University of Cadiz, Spain) Andrei A. Avram (University of Bucharest, Romania) Ramzi Baalbaki (American University of Beirut, Lebanon) Ioana Feodorov (Institute for South-East European Studies, Bucharest, Romania) Pierre Larcher (Aix-Marseille University, France) Jérôme Lentin (INALCO, Paris, France) Giuliano Mion (“Gabriele d’Annunzio” University, Chieti-Pescara, Italy) Luminiţa Munteanu (University of Bucharest, Romania) Bilal Orfali (Ohio State University, Columbus, USA) Stephan Procházka (University of Vienna, Austria) Valeriy Rybalkin (“Taras Shevchenko” National University of Kiev, Ukraine) Mehmet Hakkı Suçin (Gazi University, Ankara, Turkey) Shabo Talay (Free University of Berlin, Germany) Irina Vainovski-Mihai (“Dimitrie Cantemir” Christian University, Bucharest, Romania) Ángeles Vicente (University of Zaragoza, Spain) John O. Voll (Georgetown University, Washington, D.C., USA) Photo (The Wall of the American University of Cairo, Tahrir Square, Egypt, September 24, 2012): Georgiana Nicoarea Cover Design: Gabriel Bițună

Published by: © Center for Arab Studies Pitar Moş Street no 7-13, Sector 1, 010451, Bucharest, Romania Website: http://araba.lls.unibuc.ro/ Phone: 0040-21-305.19.50

© Editura Universităţii din Bucureşti Şos. Panduri, 90-92, Bucureşti – 050663; Telefon/Fax: 0040-21-410.23.84 E-mail: [email protected]; [email protected] Internet: www.editura.unibuc.ro

ISSN 1582-6953

Contents I. Graffiti, Writing and Street Art in the Arab World Ashour Abdulaziz. The Emergence of New Forms of Libyan Public Expression: Street Art in Tripoli……………………………………………………………………………………………… Ea Arnoldi. Renaming Shuhada Street: Palestinian Activism, Spatial Narratives and Graffiti in Hebron……………………………………………………………………………………………... Anne-Linda Amira Augustin. “Tawra, ṯawra yā ğanūb”: Graffiti and Slogans as Means of Expression of the South Arabian Independence Struggle…………………………………………. Frédéric Imbert. Califes, princes et poètes dans les graffiti du début de l‟Islam………………… Pierre Larcher. Épigraphie et linguistique. L‟exemple du graffito arabe préislamique du Ğabal ‟Usays……........................................................................................................................................ Georgiana Nicoarea. The Contentious Rhetoric of the Cairene Walls: When Graffiti Meets Popular Literature…………………………………………………………………………………. David Novak; Mohammad Sedigh Javanmiri. Graffiti in Iraq: Focus on Sulaymaniyah in Northern Iraq………………………………………………………………………………………

9 17 39 59 79 99 113

II. Studia Varia

‫ اإلدراك للسان ااألراك ابي حان ااألذلسي ألممرذ ًاا‬:‫ المعجم ثنائي اللغة في التراث العربي‬.‫………منتصر أمين عبد الرحيم‬. 135 Andrei A. Avram. An Early Nubi Vocabulary…………………………………………………….

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Maurizio Bagatin. The Arabic Manuscripts on Grammar from the Kahle Fonds: Some Research Proposals........................................................................................................................................... 193 Ioana Feodorov. Appellations de l‟éclair et du tonnerre chez les Roumains et les Arabes……….

211 Jairo Guerrero. Preliminary Notes on the Current Arabic Dialect of Oran (Western Algeria)….. 219 Najib Jarad. From Locative to Existential: The Grammaticalization of “fī” in The Spoken Arabic of Aleppo……....................................................................................................................... 235 Elie Kallas. Aventures de Hanna Diyab avec Paul Lucas et Antoine Galland (1707-1710)……... Giuliano Mion. Réflexions sur la catégorie des « parlers villageois » en arabe tunisien………... Ovidiu Pietrăreanu. Conceptual Orientational Metaphors of the „Head‟ in Literary Arabic…… Grete Tartler Tabarasi. On Migration, hiğra, in al-Fārābī‟s Moral Philosophy………………...

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III. Book Reviews )‫ (منتصر أمين عبد الرحيم‬.‫ مكتبة لبنان‬:‫ بحروت‬.‫ صناعة المعجم التاريخي للغة العربحة‬.2014 .‫ علي القاسمي‬.‫…………د‬

299 Necim Gül. 2013. Siirt Arapçasını Kurtarmak. Ankara: Sage Yayıncılık. (Gabriel Bițună)…….. 303 István Kristó-Nagy. La pensée d‟Ibn al-Muqaffa‟. Un agent double dans le monde persan et arabe. Paris: Editions de Paris (Studia Arabica XIV). (Laura Sitaru)……………………………. 307 Pierre Larcher. 2014. Linguistique arabe et pragmatique. Beyrouth, Damas: Presses de l’ifpo (Ovidiu Pietrăreanu)……………………………………………………………………………… 311 Aldo Nicosia. 2014. Il romanzo arabo al cinema. Microcosmi egiziani et palestinesi. Roma: Editore Carroci (Colezione Lingue e Letterature Carroci). (Laura Sitaru)...................................... 329 Paul din Alep, Jurnal de călătorie în Moldova și Valahia (Paul of Aleppo, Travel Notes from Moldavia and Wallachia), edition and annotated translation by Ioana Feodorov, with a Foreword by Răzvan Theodorescu, Bucharest: Editura Academiei Române; Brăila: Editura Istros a Muzeului Brăilei.(George Grigore)………………………………………………………. 331

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István T. Kristó-Nagy. 2013. La pensée d’Ibn al-Muqaffa‘. Un agent double dans le monde persan et arabe. Paris : Editions de Paris (Studia Arabica XIX). p. 618. ISBN 9782-85162-272-3

Compte-rendu fait par Laura Sitaru Une étude exhaustive sur la personnalité d’Ibn al-Muqaffa‘, son époque et son œuvre, c’est l’impression que le livre d’István Kristó-Nagy laisse au bout de la lecture de ses six cents pages. L’auteur a trouvé nécessaire de fouiller en profondeur et d’apporter à la lumière les contextes historiques d’une complexité éclairante pour la vie et, surtout, pour la création d’Ibn al-Muqaffa‘. En tant que chercheur fasciné par l’écriture d’Ibn al-Muqaffa‘, on découvre avec enchantement une contextualisation vraiment éclairante de ses écritures. « L’œuvre d’Ibn al-Muqaffa‘ représente le réveil de la conscience des intellectuels iraniens et leur recherche d’une identité redéfinie suite au traumatisme de la conquête islamique (…) elle est aussi un monument aux compositeurs qui, sous couvert de collaboration avec les conquérants, avaient pour objectif réel de servir leur société » (p. 23). Ibn al-Muqaffa‘, le Persan arabisé et, peut-être, islamisé, le courage de ses écritures, la liberté de douter de tout, représentent dans la lecture d’István Kristó-Nagy l’incarnation de la « versatilité de la période suivant la conquête arabe, un monde en mouvement longtemps (et reste peut-être même aujourd’hui) incompris et ignoré » (p. 23). Accepté en tant que persan à la cour des Umayyades très attachés à l’idée de la suprématie ethnique des arabes, Ibn alMuqaffa‘ trouve sa mort sous l’abbaside al-Manṣūr dans une époque où la pluralité ethnique du Califat s’impose comme une réalité quotidienne. C’est toujours le paradoxe qui caractérise la société musulmane dans la tentative de trouver une identité au commencement de ce chemin à travers l’histoire de l’humanité. Ibn al-Muqaffa‘ fait partie de la couche sociale des kuttāb (scribes, secrétaires, administrateurs, héritiers des fonctionnaires sassanides et byzantins), lesquels malgré la position sociale inférieure, méprisent leurs nouveaux maîtres – les Arabes – et les valeurs 307

Laura Sitaru

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tribales dont ils sont les porteurs. Par conséquence, « ils prennent leur ancien empire et leurs anciens souverains (…) comme des exemples de parfaite éducation, de culture, d’éloquence, de justice, de responsabilité et de magnanimité » (p. 35). Il y en a aussi d’historiens qui parlent ouvertement d’un conflit entre les kuttāb des premiers temps du Califat, étrangers à l’arabité et à l’islam dans la même mesure, et leurs maîtres arabes, d’où peut-être la réserve sur la création d’Ibn al-Muqaffa‘ manifestée jusqu’assez tard parmi les érudits de l’islam. « Ibn al-Muqaffa‘ a cependant eu des vues plutôt suspicieuses sur les Arabes, leur poésie et leur Coran, et il n’a utilisé ses connaissances de langue arabe et de l’islam que pour les remplir de l’héritage iranien actualisé et pour démontrer la supériorité de son intelligence et de sa culture sur les conquérants de son pays » (p. 38). Habituées depuis longtemps aux débats religieux, les populations conquises trouvent l’islam à ce moment-là assez simple et dépourvu de dimension argumentative. Dans ce contexte, « quand les arguments rationnels sont insuffisants, le pouvoir applique la violence pour s’affirmer, c’est ce que prouve d’une part la campagne systématique lancée par le calife al-Manṣūr contre les innombrables groupes politiques et sectes naissantes et d’autre part la miḥna ou l’inquisition menée par les califes alMahdī et al-Hādī contre les manichéens » (p. 42). Il est bien impressionnant le nombre des sources que l’auteur a consultées, lues et traduites pour réaliser le portrait du « meilleur secrétaire au monde » (p. (57), selon l’appréciation du calife al-Manṣūr lui-même, le noble persan Rūzbih (le béni), alias Ibn alMuqaffa‘. Appartenant à deux modèles culturels différents, où les hommes de lettres étaient eux aussi évalués très différemment – considérés par les Persans porteurs de la sagesse, mais hommes de passion, poètes par les Arabes – Ibn al-Muqaffa‘ incarne toute cette ambiguïté (p. 56). Très souvent, les passages critiques face à l’islam et aux Arabes sont clairement exprimés, Ibn al-Muqaffa‘ ne cachant pas son adversité envers « les envahisseurs arabes de son pays » (p.66-67). « Mais il est allé plus loin encore que le persiflage contre les dignitaires arabes contemporains, il a répondu au défi lancé dans le Coran et il a eu l’audace de déclarer que sa Mu‘āraḍat al-Qur’ān (« La Parodie du Coran ») n’est pas de pire qualité que le texte original, considéré par les musulmans comme étant la parole de Dieu,dont la perfection et l’inimitabilité sont la preuve de la véracité » (p. 71-72). István Kristó-Nagyest convaincu que 308

István T. Kristó-Nagy: La pensée d’Ibn al-Muqaffa‘. Un agent double dans le monde persan et arabe

la discussion autour de la religiosité d’Ibn al-Muqaffa‘ ne se porte pas en termes de croyant versus non-croyant, mais qu’il partage avec d’autres intellectuels persans de l’époque une sorte de dualisme rationnel, plutôt positif et, par conséquence, plus proche du monothéisme, pas nécessairement islamique (p. 78). La raison semble être le centre de sa doctrine, à côté de la croyance dans la « puissance amélioratricede celle-ci »(p. 79). Dans le contexte d’une puissance politique absolue, afficher de croyance sincère, n’importe la nature de celle-ci, religieuse ou bien idéologique, ce serait une absurdité, même une chose répugnante, conquit Ibn al-Muqaffa‘ dans son « Epître sur l’Entourage » (Risālafī-̕̕ l-Șaḥāba). Il devient très clair que le contexte politique de l’époque favorisait la dissimulation, une qualité qu’un conseiller du prince ou du commandant des croyants devait posséder, même y exceller. István Kristó-Nagy s’appuie dans la description de l’œuvre d’Ibn al-Muqaffa‘sur un nombre impressionnant de sources de l’islam classique, dont quelques-unes utilisées en première, mais aussi sur les études précédentes des arabisants qui se sont dédiés au sujet. Il met en discussion la distinction que Francesco Gabrieli fait, en partageant l’œuvre d’Ibn alMuqaffa‘ en « traductions » et « écrits originaux » (p. 81), invoquant les arguments mêmes de al-Ǧāḥiẓ, qui se trouve lui-aussi dans l’impossibilité de séparer les unes des autres. Mais l’essentiel de la démarche d’István Kristó-Nagy réside dans la découverte, au-delà des concepts éthiques et politiques d’Ibn al-Muqaffa‘, connus et étudiés, les fondements de sa pensée, c’est-à-dire « ses principes ontologiques et épistémologiques » qui se trouvent dans ses œuvres religieuses, telles La Critique de l’islam ou bien la Mu‘āraḍat al-Qur’ān. Le souci pour la formation d’une élite politique est plutôt le souci pour transmettre à la culture conquérante un patrimoine riche et précieux représenté par la civilisation persane. Ibn al-Muqaffa‘, sujet de ses maîtres arabes, est en fait leur formateur, leur enseignant, souvent avec l’arrogance de l’individu conscient de sa supériorité. C’est lui le « responsable » pour l’apparition de l’’adab, en tant que genre littéraire et politique en même temps, c’est toujours lui la source devenue classique et obligatoire dans la formation des élites politiques musulmanes à travers les époques. Le mérite d’István Kristó-Nagy est aussi grand que le nom d’ ‘Abdallah ibn al-Muqaffa‘, le père des « miroirs des princes », parce qu’il offre au lecteur un livre irréprochable, à côté des fragments inédits de l’auteur même, jamais traduits de 309

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l’arabe, tels : al-Yatīma (« La perle unique »), l’une de ses épîtres les plus célèbres, ou bien Taḥmīd, l’introduction d’une épître ou discours politique, ou ses Lettres « qui étaient citées par des auteurs postérieurs comme modèle de correspondance éloquente » (p. 95). Le texte attribué à Ibn al-Muqaffa‘ et intitulé al-Manṭiq (« La Logique ») fait aussi l’objet de l’analyse d’István Kristó-Nagy : il s’agirait, conformément aux sources classiques consultées, de la traduction explicative de l’Isagoge de Porphyre et de trois livres de l’Organond’Aristote (les Catégories, l’Herméneutique et les Premières Analytiques), transférés le plus probable en arabe du pehlevi (p. 177-179). On ajoute aussi une bibliographie très étendue et complexe (pp. 463-515) et un index qui couvre 90 pages (pp. 515-605), ce qui confère au livre un caractère tout à fait spectaculaire du point de vue académique.

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