Formation médicale continue Pathologie de la muqueuse buccale
Ann Dermatol Venereol 2007;134:588
Kyste lympho-épithélial buccal P. LÓPEZ-JORNET
Observation Une femme de 27 ans consultait pour la présence, sur le bord latéral de la langue, d’une tumeur asymptomatique de plus d’un an d’évolution. Il n’y avait pas d’antécédent médical notable. Aucune habitude toxique n’a été signalée. Elle a été traitée préalablement à l’aide de mesures prophylactiques (polissage de cuspides dentaires afin d’éviter les traumatismes sur cette région, collutoires et antibiotiques) sans qu’aucune amélioration n’ait été obtenue. Elle n’avait aucun antécédent traumatique ou inflammatoire sur cette région. Une lésion circonscrite et bien délimitée, de couleur jaunâtre, qui n’était pas adhérente aux plans profonds, apparaissait à l’examen clinique intrabuccal sur le tiers postérieur du bord latéral de la langue, mesurant 3-5 mm de diamètre (fig. 1). Sa consistance était élastique. Le reste de l’examen stomatologique était normal et aucune adénopathie n’était palpée sur les chaînes cervicales. Les examens complémentaires réalisés et l’analyse biochimique du sang étaient normaux. L’étude histopathologique confirmait le diagnostic de kyste lympho-épithélial (fig. 2). Aucune récidive à un an de recul de l’exérèse n’est survenue.
Fig. 1. Vue intra-buccale permettant d’apprécier la lésion nodulaire sur le bord latéral du tiers postérieur de la langue.
Commentaires Le kyste lympho-épithélial buccal est une lésion nodulaire sous-muqueuse superficielle asymptomatique, de couleur jaunâtre, qui mesure normalement moins d’un centimètre de diamètre. Le spectre d’âge est très large, allant depuis l’adolescence jusqu’à la septième décennie de la vie. La distribution par sexe est pratiquement la même [1-3]. Il survient plus fréquemment là où il existe du tissu lymphoïde extra-amygdalien. La localisation la plus fréquente est la partie antérieure du plancher de la bouche et le bord postéro-latéral de la langue, comme dans notre cas. Or, il peut également siéger sur la surface ventrale de la langue, le palais mou, les piliers amygdaliens et l’oropharynx [4]. Du tissu épithélial attrapé dans les ganglions lymphatiques ou bien un autre tissu lymphoïde pendant le développement embryonnaire peuvent être à l’origine de ce kyste. La prolifération subséquente de cet épithélium produit une masse cliniquement visible. Une augmentation remarquable de l’incidence de kystes lympho-épithéliaux des glandes salivaires majeures a été documentée chez des patients Hospital Morales Meseguer, Clínica Odontológica Universitaria Medicina Bucal, C/Marqués de los Vélez s/n, Murcia 30.008, Espagne. Tirés à part : P. LÓPEZ-JORNET, à l’adresse ci-dessus. E-mail :
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Fig. 2. Image histologique du kyste lympho-épithélial (coloration avec de l’hémalunéosine).
VIH positifs [1]. Le diagnostic différentiel avec des lésions du tissu conjonctif (lipome) et des annexes (mucocèle) s’avère nécessaire. Le traitement est une biopsie d’exérèse.
Références 1. Gallagher G, Kabani S, Noonan V. Oral lymphoepithelial cyst. J Mass Dent Soc 2006;54:52. 2. Epivatianos A, Zaraboukas T, Antoniades D. Coexistence of lymphoepithelial and epidermoid cysts on the floor of the mouth: report of a case. Oral Dis 2005;11:330-3. 3. Cataldo E, Santis HR. A clinico-pathologic presentation. Lymphoepithelial cyst. J Mass Dent Soc 1985;34:56. 4. Buchner A, Hansen LS. Lymphoepithelial cysts of the oral cavity. A clinicopathologic study of thirty-eight cases. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1980;50:441-9.
