Jean Christophe Norman. La correction de l\'Atlas

June 21, 2017 | Autor: Klaus Speidel | Categoría: Fluxus, Art Criticism, Critique, Art Theory and Criticism, Writing in Visual Art
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Descripción

Cover - Guiseppe Penone Continueràa crcscere tanne che in quel punto,1968, Jean-ChristopheNorman2OjO

Exposltlon au musée du Temps de Besançon II OU6MARSAU30MAI 2OlO

Jean Christophe Norman

La Correction

de I'Atlas

KlausSoeidel

Transfert,continuitéet différence Des romansde voyageentièrement réécritsà la main,accrochés commed'énormes dessinsau mur,des imagesiconiques de précieusement prisesdansla pénombrependantde l'histoire recouvertes de I'artcontemporain de graphite,des photographies longuesmarchesen Norvège, des vidéosstatiques à I'apparence si fragilequ'onn'oseles décrire...Voiciautantd'éléments de l'univers Norman. de Jean-Christoohe Connupoursesperformances où il passaitparfois24 heuresà marcherdansun lieuou à patiemment écrirele temps,le travailde Norman maintenant s'enrichit d'uneréflexion sensible et personnelle surI'image et,pluslargement, la représentation.

1.Fluxus quedansle cadred'unecertaine performance, Parlant de sesperformances, Jean-Christophe Normansignalesouvent il n'était pasdistinguable (lorsqu'elle (lorsque passait desautresvisiteurs avaitlieudansun musée)ou desautrespassants se dans une ça ville). plusprécisément Ce n'estqu'envoyantla vidéoup anddown,2009, la bande-son en écoutant de la vidéo,quej'ai comprisqu'il poursonartpendant exprimait là quelque longtemps. chosequiavaitététrèsimportant Surla bande-son de lavidéoup anddown, qui I'artiste JeffreyPerkins évoquesonarrivéeà NewYorket sa décisionconsciente artiste d'êtreun conduitun taxi,ce qu'ila fait pendant22 ans.Cettedécisionartistique radicalea amenéI'artiste NamJunePaikà parlerde Perkins commede " I'ultimeartiste peut-être fluxus'. TelPerkins, Normanrecherchait l'artendeçàde I'emphase, lafusionentrevieet art.Sicetaspectde sontravailn'a pasdisparu quelques-unes et quecesceuvres nesontjamaiscriardes, Norman va dansunedirection nouvelle. iciétablir Jevoudrais descontinuités et (aussi)différences. 2. Écriture Norman Jean-Christophe estunartistequiécritbeaucoup. Phraseaussijusteque trompeuse. Nousassocions habituellement l'écriture la production à la production de contenus, d'untexte qu'ils nouveau. Lorsquenouslisons:" JosephKosuthet AndrianPipersontdes artistesqui écrivent nous beaucoup entendons ", nâr

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pcrluanttz ans. uefie oeclstonarttsttqueradicalea amené l'artisteNam June Paikà parlerde Perkinscomme de l'ultimeartiste " fluxus". TelPerkins, Normanrecherchait l'arten deçàde I'emphase, peut-être la fusionentrevieet art.Si cet aspectde son travailn'a pas disparuet que ces æuvresne sontjamaiscriardes,Normanva dans une directionnouvelle.Je voudraisici établirquelques-unes des continuitéset (aussi)différences. 2. Écriture Jean-Christophe Normanest un artistequi écritbeaucoup. Phraseaussijusteque trompeuse.Nousassocionshabituellement l'écriture à la productionde contenus,la productiond'un texte nouveau.Lorsquenous lisons: " JosephKosuthet AndrianPipersont des artistesqui écriventbeaucoup., nouSentendonsqu'ils expriment des penséesdans leursécrits.L'écriture par rapportaux idéesexprimées. est instrumentale Ainsi," Art afterPhilosophy. de Kosuthpeutêtreimpriméet réimprimé, pratiquement traduitet reproduit, sanspertes.Ce qui compteest moinsla formeque le contenu,les idéeset éventuellement le choixdes mots. Le philosopheNelsonGoodmanindiqueque l'écriture >: nous avonsaccèsà l'æuvreoriginaleHamlet, est un art . allographique que nousla lisionsdansuneéditionde pocheà 1Êou dansla premièreédition.ll y opposela peinturecommeart autographique. " " selonGoodman,la reproduction d'unepeinturede Rubens,mêmeindistinguable, ne nousdonneraitpas accèsà l'æuvreoriginale. La peintureest un art autographique, l'écriture un art allographique. Revenons maintenant à l'écriture de Jean-Christoohe Norman: Qu'est-cequi se passelorsqu'ilréécrità la mainLe Navirede Boisde Hans HennvJahnn? Je penseque nousentronsdans un espaceintermédiaire. Si la reproduction est complèteet sanserreur- ce qu'on peutsupposer- la reproduction du textepar I'artistenousdonneaccèsà l'æuvreoriginale. Maisellefait plus: telleune æuvreillustrée, où I'illustrateur superposeune deuxièmeæuvreà la première,Normancrée par la réécritureune nouvelleceuvrequi lui est propre.Les manuscrits de Normanperpétuent à la fois une æuvre(cellede JosephConradet HansHennyJahnnrespectivement) et donnentexistence à une nouvelleæuvre.L'ceuvreperpétuéeest allographique, la nouvelleautographique. lmaginonsmaintenantque toutes les éditionsdes æuvresde Conradet de Jahnn disparaissentdans une catastrooheculturelle terribleet que le seulexemplaire du Navirede Boisqui survitest celuiqui a été réécritpar Norman.Un collectionneur quiauraitacquis cetteæuvrepourraitalorsfairetransférerl'écritde Normanpour pouvoirlire le textede HansHennyJahnnsous formede livre.Cette nottvelle editionpourraitensuiteêtreréimprimée et sansmentionaucunede Norman.ll n'y auraitaucuneviolation des droitsd'auteur (lutrtc r;onccrttcnt tltl Nortllrttt qtrc la formeet non le contenutextuelde son ceuvre.La nouvelleéditiondonneraitalorsà nouveau iro(:r:i;tIrlttvtc rkr.Irlrrrrrl'our;rvoi rirr:r;r\:; i\ I'rnrrvrc dc Norman,il faudraitallervoirle roureau.

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3 Vlslon et voyage Siquelquun nousdemandait de manière candide: " C'estquoiAuCæurdes Ténèbres ? " on pourraitdansbeaucoup de silualronr;, répondre" C'estun livre". Nousassocions tellement le texteà son supportque mêmeà l'époquede la numérisation massive, la ltirt;o le livre et dominentencorenos habitudesde lecture. Si notrepremièreimpression faceauxmanuscrits de Normanest que I'onpourraitles lireen continucommeon lithabituellement un lexkr dans un livre,il n'en est en réalitérien.Faceà cettemassede texte,noussommesdépassés.Nousne voyonsque certainspassages, des motsapparaissent et disparaissent, nousnaviguonsdans le texteplusque nous ne le lisons. Si les æuvresde Jahnnet de Conradpersistentsur les rouleaux,I'accèsqu'en a un lecteurest très différentde celuique donne un livre.On peut même se demanders'il convientde continuerà parlerde lecture.La lectured'un texten'est possiblequ'à une certaine distanceet à un angleprédéterminé. C'estd'ailleursI'unedes raisonspour lesquelleslesvisiteursdes muséesse tassentet se gênent toujoursplus lorsqu'ilslisentles cartelsque lorsqu'ilsregardentles æuvres(la deuxièmerarsonétantqu'rlspassentgénéralement plus de tempsà lirequ'à voir).Dansla lecture,il fautcesserde voir (lenoirdes mots),dépasserla visiondans la compréhension d'un sens pour éventuellement retrouverunevisionintérieure. Le fait que les Sans lrTresde Normansoientmanuscritsleur confèreune oualitévisuelleau-delàde leur oualitétextuelle.Leurtaille en rend la lecturecontinuedifficile,voireimpossible.Les manuscritsde Jean-Christophe Normanpeuventêtre perçusde distances variables, maisilssonttropgrandspournousindiquerunedistanceidéale.Lesmotsqui se détachentde leursurfacelorsquenousnous approchonsrésonnenten nouscommes'ilsformarent un textesecretenchâssédans I'ensemble. que l'intégralité Ce textecachéest d'un ordrebeaucoupplus personnel d'un roman:lesmotsqui m'apparaissent ne sontpas lesvôtres. Dansles va-et-vient devantet sur le côtéde l'image-motse crééecomme un jeu entrelectureet vision.Ces manuscritsne demandent pas un spectateurimmobilequi contemple,maisun visiteuractifqui se meutphysiquement devantet mentalement dans le texte. Tantôtspectateurtantôtlecteur,;e visitele texte,je voyagedans le texte.Je penseà Wittgenstein, qui dit que les remarquesdans ses - auxquellesle supportdu livreconvientsi peu - sont comme des esquissesde paysagequi rendent RecherchesPhilosophiques comptede voyagesau coursdesquelsil a souventtouchéles mêmespoints,les approchanttantôtd'un côté,tantôtd'un autre. La vistondu livrecomme carteest familièreà Jean-Christophe Norman,voyageur,et qui a si souventopérédes transfertsentredes carteset des espacesréels,connectantdes lieuxéloignéspar ses performances. qu'ilpermetuneappréhension Letransfert du textesurun supportdifférent troubleautantla perception habituelle nouvelle. Le" Schriftbild " - termeallemandqui signifielittéralement - laisseapparaître imaged'écritureou image-écriture des régularités de l'écriturede Norman et de Conradqu'on ne perçoitguèredans le livreoù I'onne voitjamaisplusque la doublepage. 4. Exercice

pluspersonnel queI'intégralité Cetextecachéestd'unordrebeaucoup d'unroman:lesmotsquim'apparaissent nesontpaslesvôtres. Danslesva-et-vient devantet surle côtéde l'image-mot se crééecommeunjeuentrelecture et vision.Cesmanuscrits ne demandent pasunspectateur qui qui physiquement immobile contemple, maisunvisiteur actif se meut devantet mentalement dansletexte. je visitele texte,je voyagedansle texte.Je penseà Wittgenstein, qui dit que lesremarques Tantôtspectateur tantôtlecteur, dansses - auxquelles Recherches Philosophiques le supportdu livreconvient si peu- sontcommedes esquisses de paysagequi rendent il a souvent comptede voyages au coursdesquels touchélesmêmespoints,lesapprochant tantôtd'uncôté,tantôtd'unautre. Lavisiondu livrecommecarteestfamilière Norman, voyageur, à Jean-Christophe et qui a si souvent opérédestransferts entredes parsesperformances. carteset desespaces réels,connectant deslieuxéloignés qu'ilpermet Letransfert dutextesurunsupport différent trouble autantlaperception habituelle nouvelle. Le" Schriftbild uneappréhension " - termeallemand - Iaisseapparaître quisignifie lrttéralement imaged'écriture ou image-écriture desrégularités de l'écriture de Norman et de Conradqu'onneperçoitguèredansle livreoù I'onnevoitjamaisplusquela doublepage. 4. Exercice quela patience s'oppose relève il estévident SiNorman à I'idéequesontravail de I'ordre d'unexercice spirituel, et la persévérance qu'ilévoquelesmonastères aveclaquelle il le poursuit sonthorsdu commun. Legestede réécriture de Norman esttellement archaïque plusquel'époque du Moyen-Âge deslivresélectroniques. 24 heuressanstrêve,écriveletempspendant QueNormanmarchependant unenuit,recopie unromanà la mainou passeunejournée journal, à recouvrir de graphite unepagede il accomplit à chaquefoisquelquechosedontpeude gensseraient capables. ll courtle quele travail, risquede se voirsupplanter le méritedu travailau mériteartistique, Carsi I'ouvrier ne voitdansl'artsouvent le " respect moraltenantlieud'admiration esthétique et Darbel, L'amour de I'art),ce dangerestd'autantplusgrandque le travailest " (Bourdieu quantitativement important. paraîtau primeaborddéplacéquandon parled'art,il " resteà décidersi regarder Si le respectpourI'ouvrier uneæuvred'artcomme quel'" admiration effetd'untravail n'estpasuneappréciation aussivalable esthétique Lebenszleijn, Zigzag). SiI'exploit " " (Jean-Claude parNorman, ou l'exercice ilssontsouvent nécessaires sontrenvoyés auxcoulisses à sontravail. Pouréviterquele regardsetournetrop versle travail(sic'estlà quelque chosequ'onveutéviter), il n'ya quele pouvoir esthétique, sensible et conceptuel. Quanduneæuvre plus.Et c'estcetterichesse quicaractérise estrichede senset de sensations, le travailn'importe lesnouvelles æuvresde Normanet queje veuxdévelopper ici. 5 Tlanslerts rrrltlr l)1":;rr'r:kr, Ârrrft'rl ;\ urrrnoment où le monde(duweb)s'interroge surla question de savoirsi le nouveau ipadde Apple rr"nl)l;rr lr;r lo Krrrtllrr rlArrr;r/orr
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