[inédit] \"Septimios Poplios de Pergame, un musicien de talent(s)\".

July 23, 2017 | Autor: Annie Bélis | Categoría: Greek and Roman Epigraphy, History of Greek games and competitions, Citharoedus
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Descripción

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Le palmarès du citharède Septimius Publius de Pergame La longue inscription portée sur une base honorifique trouvée à Smyrne énumère les titres et donne le palmarès du citharède G(aius) Ant(onius) Septimios Poplios, citoyen de Pergame, de Smyrne, d’Athènes et d’Ephèse, dont l ’activité semble avoir atteint son point culminant vers 185/189 ap. J.C..1 Comme souvent, la statue qui surmontait la base inscrite est aujourd’hui perdue. Hormis sur quelques points de détail, les 27 lignes de ce texte sont intégralement conservées et ne soulèvent aucune difficulté particulière de lecture. Depuis le CIG de Boeckh, l’inscription n’a été ni rééditée, ni réinterprétée, ce qui s’explique aisément : elle ne se distingue des nombreuses inscriptions du même genre que dans ses toutes dernières lignes. Dans l’ensemble, elle intéresse surtout par la mention des nombreux concours qui constituent le palmarès d’un musicien professionnel de très haut niveau, actif au tournant du IIe et du IIIe siècle de notre ère, et par la mention finale du phonaskos qui a assisté le citharède dans sa carrière. Les six dernières lignes ajoutent 1

Lors de la 16è Olympiade de Smyrne. CIG n° 3208 = IGR IV 1432 = IK 24, 1, 659 ; Stefanis n° 2121; voyez aussi Michel Sève, « Les concours d’Epidaure », REG 106 (1993), n° 3 p. 327, qui date avec réserves l’inscription du « début du règne de Septime Sévère » ; Pierre Sineux, « Le théâtre d’Epidaure », Metis XI (1996) p. 143, parle du « début du règne de Marc-Aurèle ». Christophe Vendries analyse les victoires de ce citharède dans Instruments à cordes et musiciens dans l’Empire romain, L’Harmattan, 1999, pp. 266-269. Pour Théodoros Sarikakis, [Aktia ejn Nikopovlei, jArc. jEfhmeriv", 1965, n° 6 p. 157 et note 5 , les victoires se situent « entre les années 193 et 211 ».

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une précision rare : Septimios Poplios a obtenu toutes ses victoires uJpo; fwnaskovn, c’est-à-dire avec l’aide et les conseils de son maître de voix,2 dont le nom est donné : Agathèméros de Pergame, inconnu par ailleurs, qualifié d’excellent citharède, titulaire de plusieurs titres dans les concours sacrés (kiqarw/do;n iJeroneivkhn) et (précision rarissime) excellent poètecompositeur, melopoio;n e[ndoxon.3 Son protégé lui rend un vibrant hommage, d’autant qu’il s’est montré à son égard aussi bienveillant que s’il avait été son propre père (les exemples de quasi-maltraitance de musiciens professionnels sur leurs élèves ne sont pas rares). Le texte

G. jAnt. Septivmio" Povplio"

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Pergamhvno" kai; Smurnai'o" kai; jAqhnai'o" kai; jEfevsio", kiqarw/do;" movno" kai; prw'to" tw'n ajp j aijw'no" nikhvsa" tou;" uJpogegrammevnou" ajgw'na". Smuvrnan jOluvmpia th'/ ri v, jAdriavnia,4 JRwvmhn b v, Potiovlou" b v, Nevan Povlin g v , jvAktia b v, to;n ejx jvArgou" ajspivda, Nevmea g v, pavnta" kaqexh'". Smuvrnan koino;n jAsiva", Pevrgamon Aujgouvsteia g v, Traiavneia jAsklhvpeia, Komovdeia b v, Puvqia ta; ejn Delfoi'", jvEfeson jAdriavneia, jvEfeson jEfevsea, Barbivllha, jEpivdauron jAsklhvpeia, jAqhvna" jAdriavneia, Savrdei" Crusavnqinon, Travllei" Puvqia, Meivlhton Diduvmeia, JRovdon JvAleia b v, Lakedaivmona Mantivneian: qematikou;" kai; talantiaivou" oJvsou" hjgwnivsato: uJpo; fwnasko;n P. Ai[l. jAgaqhvmeron jEfevsion kai; Smurnai'on kai;

Le fwnaskov" n’est pas exclusivement un professeur de chant, mais, plus globalement, un spécialiste de la voix, qu’il s’agisse de la voix de chanteurs (comme ici), ou d’acteurs, ou de hérauts, ou d’orateurs. 3 L’adjectif porte sans doute sur les deux substantifs, sur kiqarw/dov" comme sur melopoiov". 4 J’adopte la ponctuation rétablie par Louis Robert, Opera Minora Scripta II, p. 1138.

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Pergamhnovn, kiqarw/do;n iJeroneivkhn kai; melopoio;n e[ndoxon, peri; pavnta eu[noun genovmenon wJ" fuvsei patevra. Vue d’ensemble et composition

Les 21 premières lignes se conforment au plan et au formulaire bien connus. D’abord, en grandes lettres, et sur une ligne isolée du reste du texte par un blanc, le nom complet du musicien, puis ses quatre droits de cité, et enfin, pour clore l’identification du virtuose, la spécialité dont il a fait sa profession : kiqarw/dov". Vient ensuite la formule qui introduit son palmarès : nikhvsa" tou;" uJpogegrammevnou" ajgw'na" (lignes 4 à 21), avant de le détailler, non sans la mention, devenue presque de rigueur à cette époque, movno" kai; prw'to" tw'n ajp jaijwn' o", « seul et premier de ceux de sa génération ». Les titres agonistiques de Septimios Poplios se divisent en trois catégories hiérarchisées. La première liste (lignes 6 à 9), chiffrée, correspond aux victoires obtenues dans les concours sacrés (ce qui n’est pas expressément spécifié, mais qui se comprend à la simple lecture) et, comme le laissait attendre la formule movno" kai; prw'to" tw'n ajp jaijw'no", Elle commence par quinze succès au caractère exceptionnel : Septimios Poplios les a remportés « tous successivement », pavnta" kaqexh'", autre formule bien connue, qui rehausse l’éclat des victoires en série, qu’aucune défaite n’est venu ternir. Comme il se doit, a première mention est celle des couronnes acquises dans deux compétitions à Smyrne, où était dressée la statue. La seconde liste, chiffrée elle aussi (lignes 10 à 19), énumère les 20 titres obtenus dans d’autres concours stéphanites, y compris ceux de la périodos. Enfin, en une courte phrase (ll. 20-21) qui grammaticalement dépend toujours du participe nikhvsa" de la ligne 4, l’inscription rappelle qu’il a remporté également qematikou;" de; kai; talantiaivou"
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