Dossier Antonio Gramsci, Actuel Marx, 57, 2015

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Descripción



Texier Jacques, Gramsci, Paris, Seghers, « Écrivains de tous les temps », 1966. Parmi les nombreux articles de Jacques Texier, mentionnons également l'article classique « Gramsci, théoricien des superstructures », La Pensée, n° 139, 1969, pp. 35-60.
Tosel André, Gramsci. Textes, Paris, Éditions sociales, « Essentiel », 1983. Du même voir notamment Marx en italiques. Aux origines de la philosophie italienne contemporaine, Mauvezin, TER, 1991.
Christine Buci-Glucksmann, Gramsci et l'État. Pour une théorie matérialiste de la philosophie, Paris, Fayard, 1975.
Regain dont témoignent un colloque de 2013 intitulé « Gramsci Renaissance » (dont les actes sont annoncés en 2015 aux Éditions sociales), la parution de deux nouvelles anthologies (celle de Razmig Keucheyan : Guerre de mouvement et guerre de position, Paris, La Fabrique, 2011 ; et celle de Martin Rueff : Pourquoi je hais l'indifférence, Paris, Rivages Poche, 2012), le DVD de Fabien Trémeau (Paris, Delga, 2013), et la toute récente réédition des Textes introduits par André Tosel (Paris, Le temps des cerises, 2014).
Présentation Antonio Gramsci est, à l'intérieur des traditions issues de Marx, l'un de ceux qui a le moins pâti de la disqualification de tout ce qui peut évoquer le marxisme, suite au double écroulement du « bloc de l'Est » et des idéologies communistes. En témoigne notamment le fait que son œuvre ait pu nourrir, à une échelle mondiale, la nouvelle historiographie qui s'est développée autour des Cultural, Subaltern et Post-Colonial Studies. Si cette œuvre, et en particulier les Cahiers de prison, demeure aujourd'hui encore stimulante, c'est sans doute parce qu'avec une liberté intellectuelle et une érudition hors du commun, Gramsci a su nourrir sa pensée politique d'une réflexion historique exigeante inspirée par des traditions d'études particulièrement fortes en Italie. La vigueur singulière de la pensée gramscienne tient beaucoup à son refus de séparer la théorie politique d'une réflexion sur les conditions historiques de possibilité et les limites propres de la perspective révolutionnaire dans une conjoncture spécifique.Présentation Antonio Gramsci est, à l'intérieur des traditions issues de Marx, l'un de ceux qui a le moins pâti de la disqualification de tout ce qui peut évoquer le marxisme, suite au double écroulement du « bloc de l'Est » et des idéologies communistes. En témoigne notamment le fait que son œuvre ait pu nourrir, à une échelle mondiale, la nouvelle historiographie qui s'est développée autour des Cultural, Subaltern et Post-Colonial Studies. Si cette œuvre, et en particulier les Cahiers de prison, demeure aujourd'hui encore stimulante, c'est sans doute parce qu'avec une liberté intellectuelle et une érudition hors du commun, Gramsci a su nourrir sa pensée politique d'une réflexion historique exigeante inspirée par des traditions d'études particulièrement fortes en Italie. La vigueur singulière de la pensée gramscienne tient beaucoup à son refus de séparer la théorie politique d'une réflexion sur les conditions historiques de possibilité et les limites propres de la perspective révolutionnaire dans une conjoncture spécifique.
Présentation
Antonio Gramsci est, à l'intérieur des traditions issues de Marx, l'un de ceux qui a le moins pâti de la disqualification de tout ce qui peut évoquer le marxisme, suite au double écroulement du « bloc de l'Est » et des idéologies communistes. En témoigne notamment le fait que son œuvre ait pu nourrir, à une échelle mondiale, la nouvelle historiographie qui s'est développée autour des Cultural, Subaltern et Post-Colonial Studies. Si cette œuvre, et en particulier les Cahiers de prison, demeure aujourd'hui encore stimulante, c'est sans doute parce qu'avec une liberté intellectuelle et une érudition hors du commun, Gramsci a su nourrir sa pensée politique d'une réflexion historique exigeante inspirée par des traditions d'études particulièrement fortes en Italie. La vigueur singulière de la pensée gramscienne tient beaucoup à son refus de séparer la théorie politique d'une réflexion sur les conditions historiques de possibilité et les limites propres de la perspective révolutionnaire dans une conjoncture spécifique.

Présentation
Antonio Gramsci est, à l'intérieur des traditions issues de Marx, l'un de ceux qui a le moins pâti de la disqualification de tout ce qui peut évoquer le marxisme, suite au double écroulement du « bloc de l'Est » et des idéologies communistes. En témoigne notamment le fait que son œuvre ait pu nourrir, à une échelle mondiale, la nouvelle historiographie qui s'est développée autour des Cultural, Subaltern et Post-Colonial Studies. Si cette œuvre, et en particulier les Cahiers de prison, demeure aujourd'hui encore stimulante, c'est sans doute parce qu'avec une liberté intellectuelle et une érudition hors du commun, Gramsci a su nourrir sa pensée politique d'une réflexion historique exigeante inspirée par des traditions d'études particulièrement fortes en Italie. La vigueur singulière de la pensée gramscienne tient beaucoup à son refus de séparer la théorie politique d'une réflexion sur les conditions historiques de possibilité et les limites propres de la perspective révolutionnaire dans une conjoncture spécifique.

On a connu en France plusieurs phases d'intérêt pour la pensée de Gramsci ; après une période d'interprétation orthodoxe qui insistait sur le « léninisme » de Gramsci, on a assisté à un moment d'élaboration théorique fructueux mettant en évidence la distance qu'il prend souvent avec le « canon » du matérialisme dialectique. Ce second moment a été marqué par la publication d'anthologies de textes gramsciens et de travaux interprétatifs par l'un des fondateurs d'Actuel Marx, Jacques Texier, par André Tosel, et par le livre Gramsci et l'État de Christine Buci-Glucksmann. La richesse de ces travaux, ainsi que l'édition des Écrits politiques et des Cahiers de prison (chez Gallimard, à l'initiative de Robert Paris), laissait présager de nombreux développements. Depuis une vingtaine d'années, cependant, rares ont été en France les travaux s'inspirant d'Antonio Gramsci alors même qu'ils n'ont jamais cessé de prospérer ailleurs (on pense à sa présence en Amérique latine, aux travaux de l'International Gramsci Society, et à l'usage fréquent de ses concepts dans différents secteurs des sciences sociales anglo-saxonnes). Mais un net regain d'intérêt dans le contexte francophone est actuellement en cours. C'est dans le cadre de ce « retour à Gramsci » que ce numéro d'Actuel Marx s'inscrit. Il entend éclairer plusieurs aspects de la nouvelle actualité de l'auteur des Cahiers de prison qui restent encore mal connus en France, en mettant l'accent sur les apports interprétatifs de la recherche italienne la plus récente et sur la place, centrale mais aussi problématique, qu'il occupe dans les sciences sociales et dans les débats qui traversent les mobilisations les plus marquantes de la période récente.
Romain Descendre et Jean-Claude Zancarini présentent l'importante avancée philologique qui a eu lieu en Italie et qui permet de lire les notes des Cahiers de prison de façon diachronique grâce à une meilleure compréhension du processus d'écriture mise en œuvre. Ils présentent les critères de la nouvelle édition nationale en cours de l'ensemble des écrits d'Antonio Gramsci. Ils abordent les travaux historiographiques récents qui, en s'appuyant notamment sur les archives soviétiques, ont permis de mieux connaître le parcours intellectuel de Gramsci dans ses années de formation et ses liens avec le parti italien et l'Internationale pendant les années de prison. Ils soulignent enfin l'intérêt des travaux de sémantique historique portant sur la langue de Gramsci et des travaux interprétatifs qui découlent de ces avancées philologiques, historiographiques et sémantiques. L'article de Fabio Frosini illustre la fécondité des nouvelles approches en considérant l'un des concepts les plus célèbres de Gramsci. Il montre comment une lecture diachronique du concept gramscien d'hégémonie permet de rompre avec les interprétations les plus courantes qui n'y voient qu'une théorie du pouvoir culturel. Il établit que dans les Cahiers de prison, Gramsci mène une réflexion nouvelle par rapport aux usages qu'il faisait de ce concept avant 1926 et dans la première période de la rédaction des Cahiers (« la théorie standard » de l'hégémonie). Cette nouvelle réflexion part de la prise en compte des nouveautés que la Première Guerre mondiale provoque dans les pays occidentaux et en particulier la crise de l'État libéral et du parlementarisme. Elle tend à lier l'hégémonie à la guerre de position conçue comme une phase « culminante » et « décisive » du combat politique : dans cette phase on assiste à un « siège réciproque » des masses envers l'État et de l'État envers les masses. « Hégémonie » désigne alors les moyens que les dirigeants adoptent afin de gagner le soutien des masses, qu'il s'agit de contrôler (d'où le lien avec l'idée de « révolution passive »). Poursuivant l'interrogation sur les enjeux de la réflexion sur l'hégémonie, Daniel Frandji analyse les nombreux passages consacrés dans les Cahiers de prison aux questions éducatives, au projet de construction d'une « école unitaire » et plus largement à ce que Gramsci appelle le « rapport pédagogique ». Il identifie certaines ambiguïtés qu'on retrouvera dans les théories de la domination symbolique. Mais il montre aussi que les réflexions de Gramsci ouvrent des chemins de problématisation qui peuvent encore être parcourus et que son projet d'« école unitaire » conserve une actualité.
Le reste du dossier s'efforce de faire apparaître la richesse, mais aussi les points aveugles, des différents usages qui ont pu être fait d'un auteur dont les concepts et les thèses sont rarement saisis dans leur sens spécifique et leur fonction propre. Vittorio Morfino propose, en s'appuyant sur les archives inédites du fonds Althusser de l'IMEC, une analyse des lectures de Gramsci menées par Louis Althusser, depuis les premières annotations et notes critiques jusqu'aux écrits sur la crise du marxisme. Il met en évidence la profonde ambivalence de l'interprétation althussérienne. D'un côté Gramsci est présenté comme un précurseur, le seul dans la tradition marxiste à tenter de penser la superstructure et en particulier la politique ; de l'autre, il est critiqué comme étant le paradigme d'une conception de la temporalité et de la politique dont il faut se démarquer. Deux phases distinctes ressortent, chacune liée à des critiques portées par des conjonctures politiques spécifiques : dans la seconde moitié des années 1960, Althusser estime que Gramsci méconnaît la spécificité du statut de la science de l'histoire ; à la fin des années 1970, il critique le concept d'hégémonie qui oublierait la domination de classe. Gianfranco Rebucini analyse ensuite la manière dont les sciences sociales anglophones (Cultural Studies, Gender Studies, anthropologie) se sont emparées de l'héritage gramscien pour penser à la fois les structures de la domination, la subjectivité individuelle ou collective et leur relation à la culture, en particulier en mobilisant la relation dialectique entre hégémonie et subalternité. La « traduction » de Gramsci par la New Left dans les années soixante-dix s'avère déterminante, non seulement parce qu'elle a orienté les interprétations des théories gramsciennes dans les sciences sociales anglophones, mais aussi parce qu'elle est à l'origine de biais d'interprétation durables. Alvaro Bianchi souligne quant à lui la présence durable de Gramsci au Brésil. Il présente d'abord les notes des Cahiers qui concernent le Brésil et les confronte à des recherches historiques récentes. Il analyse ensuite la façon dont des chercheurs brésiliens se sont servis, et se servent encore, des écrits de Gramsci pour penser la réalité politico-sociale de leur pays. Il distingue trois moments de cet usage (1960-1980 ; 1980-2000 ; depuis 2000) en montrant comment les questions sont toujours liées à une conjoncture politique spécifique et à des enjeux qui ne sont pas seulement théoriques. Riccardo Ciavolella aborde enfin la question de l'héritage de Gramsci au sein des luttes politiques et des mouvements sociaux contemporains. Pour certains de leurs protagonistes, Gramsci ne serait qu'une figure du marxisme totalitaire, alors que pour d'autres, ses travaux offriraient des outils indispensables pour penser les nouvelles formes de la résistance populaire. Ces « traductions » opposées de la pensée gramscienne sont généralement fondées sur des lectures et des compréhensions partielles des concepts de Gramsci. Elles oublient ce qui était au cœur de son projet : la nécessité de penser un nouveau sujet politique et culturel, un « prince moderne » capable de produire une nouvelle volonté collective.

Table des matières
DOSSIER : ANTONIO GRAMSCI

Romain DESCENDRE et Jean-Claude ZANCARINI, « Le rythme de la pensée en développement ». Le renouveau des études gramsciennes en Italie
Fabio FROSINI, Hégémonie : une approche génétique
Daniel FRANDJI, Rapport pédagogique et école unitaire dans la conceptualisation gramscienne du pouvoir
Vittorio MORFINO, Althusser lecteur de Gramsci
Gianfranco REBUCINI, Culture, hégémonie et subjectivités. « Traductions » de Gramsci dans les sciences sociales critiques anglophones
Alvaro BIANCHI, Gramsci interprète du Brésil
Riccardo CIAVOLELLA, Un nouveau prince au-delà des antinomies : lectures de Gramsci dans les mouvements sociaux contemporains
En ligne sur Cairn (consultable par le biais d'un abonnement institutionnel : bibliothèques, portail biblioSHS du CNRS, etc.)

https://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2015-1.htm



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