Compte rendu de l’ouvrage « Megacity Slums. Social exclusion, Space and Urbain Policies in Brazil and India »
Descripción
Compte rendu de l’ouvrage « Megacity Slums. Social exclusion, Space and Urbain Policies in Brazil and India »/ sous la dir. M. Saglio-‐Yatzimirsky & F. Landy de Brésil(s), n°8, 2015, p. 247-‐ 250. https://bresils.revues.org/1758 Amanda S. A. Dias Issu du projet Social Exclusion, Territories, and Urban Policies (SETUP) réunissant des spécialistes de différentes disciplines, Megacity Slums se penche sur le phénomène de la croissance des bidonvilles en Inde et au Brésil, notamment à Delhi, Mumbay, São Paulo et Rio de Janeiro. L’interdisciplinarité est essentielle dans l’approche des mégapoles en question car elle permet d’employer des méthodes de recherche diversifiées. Enquêtes qualitative et quantitative, analyse de plans aussi bien que de textes juridiques et travail ethnographique se combinent ici pour tenir compte de la complexité des réalités étudiées. Dans un projet d’une telle ampleur, l’une des questions qui se pose est celle de la possibilité et de l’efficacité de la coopération entre les différents membres de l’équipe. Dans l’introduction, les auteurs annoncent que si le travail comparatif a d’abord été envisagé sous la forme de « duos » travaillant sur le même thème dans les deux pays, cela n’a pu être systématiquement le cas. La comparaison a donc été conduite de manière plus informelle, à travers des conférences, des échanges virtuels et des visites collectives sur les terrains. L’ouvrage commence par une longue introduction où sont présentées les hypothèses de recherche et les bases théoriques du projet ayant donné naissance au livre. C’est autour d’un constat que les auteurs se sont rencontrés : l’abondante littérature sur la croissance des mégapoles au Brésil et en Inde ainsi que sur leurs conséquences en termes d’exclusion socio-‐ spatiale, ne prend pas suffisamment en compte les politiques publiques et leurs connections avec l’éviction sociale ; de même, la perspective spatiale est fréquemment négligée. Le projet se propose donc de combler ces lacunes. La perspective spatiale apparaît d’emblée comme la clé ayant permis à l’équipe de surligner les dynamiques multidimensionnelles qui sont en jeu. Les trois thèmes – exclusion sociale, politiques urbaines et espace – ont été placés au cœur des études menées. Traitées par paires, leurs interconnections sont analysées de près. Suit une discussion sur l’intérêt de la comparaison proposée, envisagée comme une approche généralisante allant au-‐delà d’une pure description. En effet, la mise en parallèle des espaces urbains a permis aux auteurs de juxtaposer trois processus dynamiques : la division des territoires, les mécanismes d’exclusion sociale et les réponses des divers acteurs publics. Les difficultés qu’implique l’orchestration des différentes enquêtes se laissent néanmoins
entrevoir pendant la lecture de l’ouvrage, composée de neuf chapitres, chacun abordant une thématique différente. Malgré un souci évident d’harmonisation, le travail comparatif porte ses fruits de manière plus évidente dans certains d’entre eux que dans d’autres. De plus, quelques uns sont plus centrés sur un pays que sur l’autre, ce que les auteurs justifient par un choix méthodologique privilégiant les recherche qualitatives. On peut enfin regretter que l’ethnographie ne soit pas davantage convoquée dans la majorité des textes qui forment l’ouvrage, hormis les trois derniers. Le deuxième chapitre présente les paysages urbains au niveau national et au niveau local. La notion de « bidonville » (slum) est également éclairée, révélant une situation plus complexe que ce que le simple usage des statiques pourrait laisser croire. En bref, le fait de vivre dans un bidonville n’implique pas nécessairement l’exclusion sociale et inversement. Le troisième chapitre traite de la question des éventuels conflits entre les diverses lois et normes régissant le logement au sein des métropoles. Il se centre sur le Brésil, où la législation et le débat sont plus avancés. Il ressort de cette analyse que légitimité et légalité ne coïncident pas forcément : le « droit de la ville » (right of the city) ne se confond pas avec le « droit à la ville » (right to the city). Le chapitre quatre se constitue en miroir face au précédent. On s’y penche surtout sur les politiques urbaines en Inde (notamment dégagement, relogement et réhabilitation in situ des bidonvilles) qui se révèlent en évolution rapide, en fonction des contextes spécifiques mais aussi des réseaux d’acteurs et des intérêts en jeu. Le chapitre cinq rajoute la question environnementale à la discussion, en l’analysant dans son interaction avec les politiques de logement. Les contradictions et le manque de coordination entre les actions concernant le droit de se loger et celles dédiées à la conservation de l’environnement sont clairement exposées. En Inde comme au Brésil, les gouvernements locaux tolèrent davantage les menaces à l’équilibre naturel lorsque celles-‐ci sont le fait des couches sociales favorisées et des spéculateurs immobiliers. Pour contrebalancer un regard qui jusqu’ici se portait du haut vers le bas, les trois derniers chapitres sont dédiés aux acteurs en jeu, principalement aux habitants des villes. Le chapitre six se consacre à l’analyse du « système d’acteurs » impliqué dans la gestion controversée d’un parc national urbain en Inde (Sanjay Gandhi National Park, Mumbay). Le chapitre sept analyse les effets souvent pervers de la démolition des bidonvilles au niveau local, à partir de l’expérience des familles affectées dans les deux pays. Enfin, le huitième chapitre est dédié aux
mobilisations sociales concernant les bidonvilles en Inde et au Brésil, qu’elles concernent les habitants ou des agents extérieurs. Dans la conclusion de l’ouvrage, les similarités et les différences observées dans les deux pays sont soulignées, surtout en ce qui concerne les politiques urbaines. Les résultats de ce vaste projet sont résumés dans un tableau puis analysés à partir du concept de « justice spatiale ».
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