Astra en Isaurie

July 7, 2017 | Autor: Hasan Bahar | Categoría: Epigraphy
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Descripción

Amélie Royer Hasan Bahar

Astra en Isaurie In: Anatolia Antiqua, Tome 19, 2011. pp. 149-198.

Citer ce document / Cite this document : Royer Amélie, Bahar Hasan. Astra en Isaurie. In: Anatolia Antiqua, Tome 19, 2011. pp. 149-198. doi : 10.3406/anata.2011.1092 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/anata_1018-1946_2011_num_19_1_1092

Anatolia Antiqua XIX (2011), p. 149-198

Amélie ROYER* et Hasan BAHAR* ASTRA EN ISAURIE

Les inscriptions d'Astra publiées ou republiées ici ont été relevées sur place par Th. Drew-Bear1. Nous le remercions pour nous avoir communiqué ses copies et photographies, utilisées dans la présente édition, et pour ses conseils dans l'élaboration de celle-ci2. Tous les textes de ce recueil complet des inscriptions d'Astra datent des IIe et IIP siècles ap. J.-C. et sont gravés sur un calcaire local. Astra fut découverte en 1885 par J. R. S. Sterrett au lieu-dit de Temasahk, grâce à une inscription faisant connaître l'épithète de Zeus Astrenos, divinité principale du lieu3. J. R. S. Sterrett copia 7 inscriptions4. D. Hereward ajouta 2 nouvelles inscriptions5. G. E. Bean et T. B. Mitford publièrent 16 nouveaux textes6. Sur ces 25 pierres inscrites connues, nous en avons retrouvées 11 dont nous améliorons le texte et le commentaire. A ces inscriptions, nous ajoutons une quarantaine de nouvelles pierres (inscriptions complètes, fragments d'inscriptions, monuments funéraires), relevées par Th. Drew-Bear à la demande du Musée de Konya lors des campagnes de prospection menées en 19927, et revues au cours de l'été 2008.

Le site d'Astra se trouve, dans une région très boisée, à 1 7 km au nord-ouest de la sous-préfecture de Hadim (province de Konya ; sous-préfecture la plus élevée de Turquie), dans le Taurus, à environ 1800 m d'altitude, au sommet d'une colline portant le nom transparent "Temasahk"8. L'étude des inscriptions dans leur contexte archéologique nous permet de préciser l'organisation politique, sociale et religieuse d'Astra aux trois premiers siècles de notre ère. En effet, parmi les inscriptions recueillies, celles qui concernent la vie religieuse, les plus nombreuses, témoignent de sa richesse et de sa diversité. Elles confirment la primauté du culte de Zeus/ Stallos, portant l'épiclèse toponymique Astrenos, et font connaître, en outre, des clérouques : les locataires des terres du dieu, dont la gestion relevait de son prêtre éponyme. Mais, aux côtés de Zeus ou d'Héra dont le culte était déjà connu à Astra, sont désormais attestés, d'après nos nouvelles inscriptions, ceux de Poséidon, ici en lien avec la terre, et de Plouton, le dieu des richesses souterraines. La mention épigraphique de Plouton est mise en rapport avec l'exploitation de minerais dans la région et à Astra même : le site est jonché de

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*) Institut de Recherche sur l'Architecture Antique (IRAA, Antenne de Lyon), USR 3155 du CNRS. **) Université Selçuk, Konya. 1) Voir son rapport préliminaire : "Antiocheia ve Astra'da Yapilan arastirmalar", Araçtirma Sonuçlan Toplantisi XIII. 2, 1996, Ankara: 103-107. 2) C'est un plaisir de remercier la direction générale des Biens culturels et des Musées pour la permission accordée à Th. DrewBear de relever les inscriptions d'Astra et des sites voisins, ainsi que le directeur des fouilles d'Astra, M. Osman Ermisler du Musée de Konya, et la représentante du gouvernement, Mlle Nezahat Isçi, du Musée d'Isparta, pour leur aide efficace sur le terrain. Toutes les erreurs qui pourraient figurer dans ce texte ne sont imputables qu'aux auteurs. 3) Une brève notice lui est consacrée dans le RE, suppl. 15, 1978 : col. 1167 (H. Schwabl) ; plus récemment dans Sahin 2001 : 27-28. 4) Sterrett 1888 : n° 66-72. 5) Hereward 1958 : 73-77 ; SEG 17, 1960 : n° 673-674 ; J. et L. Robert, BE 1959 : n° 454. 6) Bean - Mitford 1970 n° 121-134 ; non référencés dans le SEG ; rapide mention de J. et L. Robert, BE 1972 n° 514. 7) Sous la direction de O. Ermisler, des sondages furent pratiqués et certains vestiges nettoyés Ermisler 1994 : 385-403. 8) Le nom Temasahk contient l'idée même de point de vue remarquable. Au pied de la colline, s'étend le yayla de Bolat, kasaba situé à 5 km au nord d'Astra. A côté des vestiges d'anciennes habitations d'été, construites il y a environ un siècle, comportant une pièce et constituées de pierres provenant de la nécropole antique ouest, on découvre un habitat estival de construction plus récente et viable (recours à une source d'eau locale). Une route en terre mène à ces maisons depuis 2003, et une petite mosquée, non fonctionnelle lors de notre passage en juillet 2008, fut bâtie en 2005, selon la plaque commemorative "(■ .) Astra kent Camii, Bolat, 2005".

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montagneuse constituée par le Taurus. Les chaînes du Taurus n'étaient pas un obstacle aux relations, aux déplacements humains. Une inscription d'Astra commémore l'hommage rendu par Kibalis à son époux "qui est parti à Tarse, est tombé malade et mort". La fréquence du nom Paul à Astra doit aussi traduire l'influence de Tarse, ville natale du Saint. Aussi, la position stratégique d'Astra sur un axe nord-sud mais aussi est-ouest12, a dû constituer un des facteurs du développement d'Astra13, et faciliter ses rapports avec l'extérieur, et ce à plusieurs échelles. Enfin, l'exploitation de minerais, la production de céramique, attestées par l'archéologie14, et la culture de la vigne à Astra même et dans les environs, nous invitent à revoir l'idée selon laquelle les Isauriens auraient été perpétuellement engagés dans la transhumance et le brigandage, idée induite par la lecture seule des sources littéraires.

scories et l'entrée d'une galerie est visible sur les pentes. Les prêtres, qui apparaissent régulièrement dans les inscriptions, constituaient un groupe dominant, jouant un rôle actif et influent dans le domaine édilitaire. Constitués en conseil (gérousie), ils exerçaient leur autorité, une autorité à la fois religieuse et politique. Les inscriptions, gravées sur des supports autonomes ou sur des éléments d'édifices, font apparaître un village montagnard (komè), assez riche pour financer des constructions importantes, dont la nature et le mode de financement (pratique de l'évergésie par exemple) relève de la culture hellénique, de la cité grecque. Mais, au travers de l'onomastique transparaît bien un triple référentiel : grec, autochtone et romain. En outre, les noms perses (Sisiphernès par exemple) attestent d'un ancien peuplement et d'une domination perse qui s'étendait jusque dans cette région. Et, ceux qui les portent doivent être les lointains descendants de militaires ou de fonctionnaires arrivés au temps de l'empire achéménide et assimilés à la communauté locale. En outre, nombreux sont les noms indigènes d'origine louvite, témoignant de la ténacité d'éléments locaux. Ainsi, le bourg fortifié d'Astra, qui disposait de sa propre administration, d'après les inscriptions, n'en était pas moins ouvert sur l'extérieur. Les noms de lieu, rencontrés dans les inscriptions relevées sur le site, attestent de la réputation du culte de Zeus Astrenos. En outre, un lien privilégié unissait Astra à la capitale de l'Isaurie, Isaura (Zengibar Kalesi), située à 18 km au Nord d'Astra9. L'identité isaurienne, particulièrement interrogée ces dernières années10, est bien manifeste dans les domaines de l'art et de l'épigraphie funéraires11. Mais, si un substrat culturel isaurien commun perdurait pendant toute l'époque romaine, les bourgs d'Isaurie, à l'instar d'Astra, étaient sensibles à l'influence venant du Sud, celle de Tarse en particulier, en dépit de la "barrière"

1. Construction et financement d'un mur (Fig. 1) Bean - Mitford 1970 : n° 129, ph. 111. Plaque de calcaire blanc retrouvée face inscrite contre le sol, à une quarantaine de mètres au Nordouest du petit hémicycle. L'inscription est gravée dans une tabula ansata. H. 0.43, L. 1.17, Ep. 0.25 ; lettres : 0.025. Cf. : Nollé - Çahin - Vorster 1985 : 134 (ÔLà texveltcôv, lignes 1-2) ; Sherk 1991 : 234 (eni L£Q£ç, ligne 5). f] oiKoôo|jf] xoù évÔÇ TOLXOU Ôlà T£XV£LAnna Ta TlavAov Kai Taiov dÔ£Àcj)oû aùxoû Kai Zr)Çi.oç lia Kaôauco è£, d)v cô 0£-

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9) Nous faisons une mise au point sur les deux Isaura, Vêtus et Nova, et leur identification respective cf. note 49. 10) Cf., à titre d'exemple, Lenski 1999 413-465 ; Elton 2000 293-307. 11) De nombreux monuments funéraires (stèles, ostothèques, lions funéraires, etc.) jonchent les pentes d'Astra. Ces monuments caractéristiques par leur type et leur décoration funéraire répertoriés ici, complètent l'étude de Scarborough 1991 et le catalogue de Yilmaz 2005 : 251-263 (pour Astra). La plupart des études, se concentrant sur les sources littéraires, ne retient comme caractéristique culturelle de l'Isaurie qu'une propension au banditisme et à la résistance à l'autorité romaine. Cf. Rougé 1960 : 282-315 ; même idée, plus récemment, chez Shaw 1990 199-233. 12) Astra est situé à mi-chemin entre Konya (Iconium) et Anamur (Anemourion), à l'Ouest de l'ancienne route conduisant de Iconium à Anemourion, en passant par Germanicopolis (Ermenek). 13) C'est en tant que place forte qu'Astra est mentionné à deux reprises (en 1 199 et 1264), à l'époque du royaume d'Arménie de Cilicie, dans la chronique attribuée au connétable arménien Smbat Dédéyan 1980. Il s'agit de l'unique mention littéraire d'Astra : Cf. Hild - Hellenkemper 1990 200-201. 14) Zoroglu 2000: 31-34.

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Fig. 1 : Inscription n° 1. £K TOU

|ULCr9oU br\vaQia nevTf|KOVTa £711 L£Q£COÇ 'EqEVVIOV OùàÀ£vTOÇ TOÛ Kttl OVVnOLQOLGTOiQéVTOC,, TIQOOET.é6r) Lç àvoLKoôofafjV toû tolxou è£, i£QOcruvr]ç Anna Mouot|tou ôrjvàQia enta. La construction de ce mur seul a été réalisée par les artisans Appas fils de Tas petit-fils de Paul et son frère Gaius et Zezisfîls de Pas petit-fils de Kadauos sur les sommes qu 'ils ont accordées au dieu, sur le salaire convenu, soit cinquante denarii quand était prêtre Herennius fils de Valens, qui a assisté aux

travaux, (et) quarante-sept denarii ont été fournis en plus pour la construction du mur sur la prêtrise d'Appas fils de Mousetas. Les trois artisans qui ont réalisé ce mur15, sous la prêtrise d'Herennius fils de Valens, ont participé à son financement, ainsi que les deux prêtres successifs16 au titre de la summa honoraria. Le montant de ce mur, qui a coûté au moins quatre-vingt-dixsept denarii, a été pris sur les sommes que les autorités d'Astra avaient allouées pour la construction dudit mur. Il semble donc que les autorités municipales avaient prévu une campagne de construction pluriannuelle, dont faisait partie le mur commémoré par cette inscription. Rien dans le texte ne permet de savoir s'il s'agit d'un mur de temenos du temple de Zeus, ou d'une

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15) L'emploi du verbe ànaçxiCco dans les inscriptions est caractéristique de l'Isaurie, souvent en lien avec le travail d'artisans appelés x£XV£lxcu ou Aaxunoi. Le verbe anacxiCco se rencontre à Astra même dans les inscriptions n° 6, 9 et 13, et dans les environs ; voir par exemple Sterrett 1888 n° 57 (Saraycik) Navvaç Taoaaioç i£Q£Ùç L£pà7i£oç xfjç KCO|ar)ç ènovr\oEV xà ëçya £K xcov iôicov. A7maç Tà'iov Àa[x]u7ioç à7ir]Qxicr£V ; id. : n° 79 (Artanada) : Ba Nr)[vi]oç 0uyàxr)ç> £7ioLr)cr[£] xôv xdcf)ov Kai àvé9r|K£ xr]v axrjArjv Aùqt]Alou Tagaaioç xoù àvôoàç aùxfjç |avr)[ar)ç xaQLV- Nécrxcoo Nnvioç àrcr|Qxi.cr£V xôv xâ(pov ; Callander 1906 : n° 51 B (Laroumada) : Aùp. A7inaç Tatou x£XV£lxt)ç FIooivôeùç à7ir|Qxio-£v Kaxà xf]v àTxéyôOCTLV ; Laminger-Pascher 1992 : n° 363 (Dinek) : x£[x]vàxai ànr]Qxioav xà à^ôxeça ëçya ; Bean - Mitford 1970 n° 139 (Thouththourbia) : KâoxcoQ EeqoueiAlou £xaQiaa£xo (sic) Ail Beôicoxt] AiGlav cn3vvo(aov ànr]Qxicr|a£vr)v £K twv lôlcov xtjv oi.KOÔO|ar]Li£vr|v xoixw xf\ç nçooxâboç cl) xrjv £7iiYQac))f]v è'xel, Ôià £7iL|a£Ar]xoù ÀAé^avôooç (sic) OQ£ax£LVoO Kai DQ£axr)ç Kàaxoooç lç xr\v oiKO&o|ur)v ôià xekvelxou (sic) 'IépaKoç Néqxoqoç à7roy£YQa|U|a£voç xf]v xéxvrjv (sic) — . 16) Sans doute de Zeus Astrenos, dieu principal d'Astra. Les inscriptions témoignent de sa primauté à Astra, où se rencontrent aussi les cultes d'Héra (inscription n° 24), de Poséidon (n° 6) et de Pluton (n° 4).

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muraille destinée à protéger le bourg d'Astra tout entier17. La mention de "toû évoç tolxou", suggère que d'autres murs aussi devaient être en construction en même temps. En revanche, on peut exclure l'interprétation suggérée par G. E. Bean et T. B. Mitford, qui voulaient que 1' àvoLKOÔO|ar) de la ligne 7 soit la "reconstruction" du mur construit pour cinquante denarii selon les lignes 4-5 : selon toute vraisemblance ce sont les mêmes artisans qui reçoivent la totalité des deux sommes mentionnées. En effet, si le mur s'était effondré, pourquoi le rédacteur du texte aurait-il tenu à mentionner les artisans fautifs, passant sous silence le(s) nom(s) de(s) artisan(s) qui l'aurai(en)t réparé ? En effet, les trois artisans (texvzwoli) sont nommément désignés, avec patronymes et papponymes. Deux sont frères, Appas et Gaius, fils de Tas et petit-fils de Paul. G. E. Bean et T. B. Mitford écrivent "A7i7iaxaç"18. Or il s'agit d'un nom fantôme. Nous écrivons Annaç fils de Taç (cf. à la ligne suivante Zr)Çtç fils de Ilaç et dans la même inscription aux lignes 7-8, le nom A7i7iaç). Les noms ATinaç et Taç sont l'un et l'autre bien connus dans la région et ailleurs19. Si le praenomen Gaius est courant dans la région et ailleurs, entré dans le socle onomastique commun, l'autre nom latin, Paul, attesté trois fois à Astra20, peut traduire l'influence culturelle venant du sud, de Tarse, la ville natale de Saùl. En outre, une

cription funéraire commémore l'hommage rendu par Kibalis à son époux, "qui est parti à Tarse, est tombé malade et mort"21. Le troisième artisan mentionné, Zezis fils de Pas, est le ÀaTunoç connu par une autre inscription d'Astra22. Le Lallname Zn£iç (Zizis), masculin ou féminin, est attesté en Isaurie23, en Lycaonie24 et en Pisidie (Anamas Dagi)25. Le nom ITaç se rencontre en Isaurie26, en Pisidie27 et en Cilicie28. Les attestations du nom Kaôauoç sous des formes légèrement différentes sont répertoriées par Ch. Naour29. A la dernière ligne de l'inscription, le génitif Mouar|TOu est nouveau. On connaissait le nominatif Mo\)ar|Ta et le génitif en Modot|toç ou Mouottccoç à Timbriada en Pisidie centrale30. 2. Inscription honorifique émanant de la icco|j.r| (Fig. 2) Bean - Mitford 1970 : n° 121, ph. n° 106. Stèle d'un calcaire crayeux, ornée d'un fronton triangulaire à acrotères, moulurée à la base, trouvée à une dizaine de mètres au nord-ouest du petit hémicycle. Au centre du tympan en creux, est un aigle en relief, debout de face, la tête tournée à droite, les ailes à demi déployées. Sur le corps de la stèle, entre deux bandeaux en relief sur les bords, figurent au-dessous de l'inscription, deux grappes de raisins

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17) L'existence d'un mur d'enceinte pour le temple de Zeus Astrenos n'est à ce jour pas assurée (cf. Ermisler 1 994 388), mais le lieu de découverte de l'inscription est tout près d'un mur d'enceinte, aux limites du bourg, de la pente. Sur le terme vague de tolxoç, qui peut désigner le mur d'un bâtiment ou le mur d'une enceinte (clôture, péribole, rempart), voir Hellmann 1992 410 et suivantes. On notera qu'à Astra, un péribole est mentionné dans une dédicace à Zeus (inscription n° 13). 18) "Of these names Annaxac is new (...)". 19) Le Lallname Annaq se retrouve tout près d'Astra Sterrett 1888 n° 57 (inscription citée note 15) ; Callander 1906 : n° 32 (Jijek) ; Swoboda 1935 : n° 162 (Annaç) et n° 274 (Isaura). Pour le nom Taç, ajoutons aux attestations données pour l'Isaurie par Zgusta 1964 : § 1493-4 ; Callander 1906 : n° 43 (près d'Astra) et Calder - Cormak 1962 n° 152 (Dorla), avec la formule 6ià texvitcôv FlauAou Ilamou kcù Ta KottoAloç (rééd. par Laminger-Pascher 1992 : n° 420), les exemples suivants Bean - Mitford 1970 : n° 110 (Seyricek ; rééd. par Hagel - Tomaschitz 1998 : 383, Seyricek 3) et n° 224 (Germanicopolis ; rééd. par Hagel Tomaschitz 1998 : 20, Ahat Kôy 1) ; McLean 2002 : n° 143 (Keçimen près de Taçkent) et n° 155 (sans doute d'Isaurie). 20) Inscriptions n° 31 et 67. 21) Inscription n° 49. 22) Inscription n° 9. 23) Au Sud-est du lac Trogitis : Sahin 1997 : 79, n° 4, pi. 3 ; rééditée par McLean 2002 : n° 1 88. 24) Dans un village près de Seydiçehir (à environ 11 km au Nord-ouest du lac Trogitis) : McLean 2002 n° 151 ; sur le territoire de Hyde et sur celui de Lystra inscriptions rééditées par Laminger-Pascher 1992 : n° 132 et 231. 25) Cf. Brixhe - Gibson 1982 : 160-161, n° 13 ZoÇiPoiva ou ZaÇi Boivaç (SEG 32, 1982 : n° 1299). 26) Lausadeai (Beçyayla, ancienne Lav§a à 22 km au Nord-ouest de Germanicopolis Bean - Mitford 1970 n° 239 (Hagel Tomaschitz 1998 : 3 1 1 , Laf. 1) ; à Tosuntasj (près d'Astra, à 14 km au Sud-sud-ouest de Bozkir : Bean - Mitford 1 970 : 1 1 7, n. 9, lisent Flaç Aaxunoç dans Swoboda 1935 n° 1 12) ; Engelmann - Ûner 1992 n° 9 (Murât Dede, au Nord-ouest d'Artanada). 27) Brixhe - Gibson 1982 148, n° 2 (lia). 28) Sur le territoire d'Anazarbe : Dagron - Feissel 1987 : n° 1 19, n. 34 ; à Gùney Kalesi (à environ 19 km au Nord-ouest d'Alanya ; site identifié à la petite ville de Karallia (Tomaschitz) Bean - Mitford 1970 : n° 36 ; rééd. par Hagel - Tomaschitz 1998 : 99, Gka 5 ; à Sivasti : Bean - Mitford 1965 : n° 32 ; rééd. par Hagel - Tomaschitz 1998 : 384, Siv Ul ; à Korykos : Hagel - Tomaschitz 1998 : 188, KrAlBl. 29) Naour 1976 112-113, n° 1, 2, 3 (cite l'inscription d'Astra : 113, n. 11). Ajoutons : Milner 1998 : n° 84 ; rééd. par Corsten 2002 : n° 225 (Kaôauaç). 30) Huit exemples sont répertoriés par Brixhe - Drew-Bear - Kaya 1987 voir commentaire 136.

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H. 1.23, L. 0.63, Ep. 0.22 ; lettres : 0.03. Kouvaç (sic) kcù l\i\iav vac. yvvaÎKav avTOÛ* £T£L|ar](7£V (XVtoùç r) KO)|Lir). Le village a honoré Kounas et Imma(s) sa femme.

Fig. 2 : Inscription n° 2. portées par deux longues tiges, avec vrilles. De ces tiges, partent deux feuilles stylisées orientées vers le haut et deux amorces de feuille orientées vers le bas. Le corps de la stèle est occupé aux trois quarts par le motif de la vigne, et l'inscription déborde sur les bandeaux.

L'homme et son épouse désignés par leur seul nom (sans patronyme) devaient être bien connus de la communauté d'Astra qui les honore, sans que l'on en connaisse les raisons. Une attitude bienveillante ou un comportement évergétique envers la communauté toute entière, peut-être ici placée sous la protection de Zeus Astrenos qui pourrait être symbolisé par l'aigle figuré sur la stèle, doit être à l'origine de l'honneur. Les grappes de raisin figurées en bonne place sur la stèle pourraient évoquer la prospérité d'Astra, à laquelle ce couple aurait contribué. Le motif des grappes de raisin se retrouve sur les monuments funéraires d'Astra et ailleurs dans la région où la vigne était cultivée31. A cette culture, était associée à Astra une production locale de céramique, comme en témoigne l'archéologie avec les vestiges d'un four de potier et les tessons de céramique (Fig. 57 et 58)32. Aussi, il n'est pas exclu que les prêtres, très actifs à Astra (cf. les inscriptions suivantes), aient joué un rôle dans la production de vin, en disposant des terres consacrées à la culture de la vigne et appartenant au dieu éponyme d'Astra, Zeus. Le nom Kouvaç est nouveau, traité ici comme un indéclinable. Il peut être issu de l'anthroponyme anatolien d'origine hittite, Kuwa33, avec les formes Kouwau (Kou u aç) en Pamphylie34, Kouaç en Pamphylie35 et Cilicie36, Kuaç et Koaç en Pisidie37, terres anciennement louvites38.

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31) Cf. Ammien Marcellin, XIV, 8, 1 : "Superatis Tauri montis verticibus, qui ad solis ortum sublimius attolluntur, Cilicia spatiis porrigitur late distentis, dives bonis omnibus terra, eiusque lateri dextro adnexa Isauria pari sorte uberi palmite viret et frugibus multis, quam mediam navigabile flumen Calycadnus interscindit". (Quand on a franchi les cimes du Taurus, qui se dressent plus haut du côté du levant, la Cilicie déroule ses plaines largement étendues, terre féconde en produits de toute sorte ; elle est sur son flanc droit voisine de l'Isaurie où verdoient des vignobles pareillement fertiles et des céréales multiples et qu 'en son milieu partage un fleuve navigable, le Calycadnus ; texte établi et trad, par E. Galletier avec la coll. de J. Fontaine, CUF, 1968) ; de nos jours encore, PAladag (Potamia) au Nord du Gôksu, est une région réputée pour la qualité de ses arbres fruitiers et de ses vignes, approvisionnant Karaman et Konya : Bean-Mitford 1970: 139. 32) Cette production locale à l'époque romaine a dû se poursuivre tout au long de l'occupation du site. De nos jours, une production locale est attestée dans le village de Çaglayan Kasabasi près d'Astra Zoroglu 2000 : 31-34. 33) Laroche 1966 :n° 659. 34) Brixhe 1976 : n° 96 (Aspendos). 35) Brixhe - Tekogïu - Vottero 2007 47-48, n° 287 (Aspendos). 36) Nombreuses attestations d'Hamaxia chez Bean - Mitford 1970 (cf. leur index) ; textes rééd. par Hagel - Tomaschitz 1998. En Cilicie, la forme KouaAiç est aussi bien connue (cf. index Bean - Mitford 1970). 37) Zgusta 1964 : § 638-1 et 762-1 (Termessos) ; Koua sur le territoire de Timbriada en Pisidie : Brixhe - Drew-Bear - Kaya 1987: 158-159, n° 30. 38) A Arykanda en Lycie, est attestée la forme Kouaua (féminin) : §ahin 1994 : n° 2 (BE 1996 : n° 421).

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Aussi, nous éliminons le nom fantôme *ATTaKOi;vaç chez P. Herrmann à Daldis en Lydie39, dans une liste d'une douzaine de noms, qui sont tous des noms grecs courants, sans patronyme. Seul Aiovuoioç devait être un étranger à Daldis, d'où les mentions de son patronyme et de son papponyme. Ainsi, au lieu de Aiovucrioç ATTaKouvaç, nous lisons Àiovuaioç fils d' Airaç40 petit-fils de Kouvaç, indéclinable comme ici. Le nom I|j.|j.aç ou I|a|ja, employé pour un homme ou pour une femme, est courant dans la région, notamment à Artanada41. A Astra même, il est attesté une seconde fois pour une femme dans l'inscription n° 4. Le terme KCO|j.r| qui désigne à la fois une forme d'établissement et un type de communauté42 est bien connu en Isaurie par la littérature, alors employé pour des descriptions générales de la région43, et par l'épigraphie pour des sites spécifiques44. Aussi, nous ne comprenons pas comment en partant de notre inscription N. Lenski évoque l'existence d'une (3ouÀr) à Astra45. Certes des conseils municipaux sont bien attestés en Isaurie, mais comme il est attendu, dans des poleis ou metropoleis46. D'ailleurs dans son ouvrage sur les curies provinciales, J. Ch. Balty range parmi les "Monuments insuffisamment publiés, d'identification douteuse ou à rejeter", le petit hémicycle d'Astra (Fig. 59 a et b) : "celle-ci est une Kcojar) ; elle est donc dépourvue

en principe de bouleutérion et l'hémicycle rencontré n'y est peut-être qu'une des dépendances du sanctuaire de Zeus ÀaxQr|VÔç"47. En outre, les inscriptions suivantes rendent compte d'un lien particulier unissant Astra à la capitale isaurienne, Isaura. 3. Inscription honorifique émanant des clérouques de Zeus Astrenos (Fig. 3) Plaque de calcaire dont l'angle supérieur gauche est brisé, dégagée du mur ouest de la nef de l'église. L'inscription complète est gravée dans un cadre en léger retrait. H. 0.63, L. 0.37, Ep. 0.35 ; lettres : 0.01-0.02. Aiôç voû Zeuôav Ivôoutou ATiiAaAa "IaauQOV L£Q£a £f Kai £Ùvac. feuille de lierre Les clérouques de Zeus Astrenos (ont honoré) Zeudas fils de Indous petit-fils de Apilalas, prêtre d'Isaura, juste et bienfaiteur.

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39) TAMVA : n° 639 a (ligne 9) ; enregistré par Zgusta 1964 : § 119-13. 40) Cf. Zgusta 1964 § 119-8, p. 106, pour le génitif Area. 41) Cf. Zgusta 1964 : § 466-8 (I|a|aa, F), qui enregistre pour l'Isaurie : Sterrett 1888 : n° 37 (rééd. par. Laminger-Pascher 1992 : n° 17 : Elmasun), n° 75, 92 et 102 (Artanada) ; à l'Ouest du lac Trogitis : Buckler 1924 : n° 123 (Ortakaraviran) ; Calder 1910 77 n° 1 (Ak Kilisse) ; Zgusta 1964 : § 466-9 (I^aç, F) : avec pour l'Isaurie : Sterrett 1888 : n° 76 (Artanada). Ajoutons : Bean - Mitford 1970 : n° 97 (Dibektasi au Sud du lac Trogitis), n° 142 (Thouththourbia), n° 238 (Gargara au nord-ouest de Germanicopolis ; rééd. par Hagel - Tomaschitz 1998 : 94 Gargara n° 1), n° 246 (Imsi Ôren = Philadelphie dans la région de Ketis ; rééd. par Hagel - Tomaschitz 1998 : 117 Imsiôren n° 1) ; Engelmann - Ûner 1992 : n° 4 et 7 (Karaman). 42) Cf. Schulerl998. 43) Strabon, XII, 6, 2 Tfjç ôè AuKaoviaç èaxi Kai f) laauQiKf] tiqoç avrœ xw Taupoj f] xà "Iaaiipa èxoucxa, Ktopaç ôuo ô|acovu|aouç, xf]v jaèv rcaAaiàv KaAou>|a£vr)v [....] eùeqkt]- {mrjKooi ôfjaav xauxaiç Kai àÀAai Kcôjaai ovyyav, Arjaxtôv bànaoat Kaxoucim (...) ; Zozime, Histoire Nouvelle, V, 25, 2 : ôuva|aiv ôè aQKOûaav Aa(3cov, Kai xoùç Arjaxeuovxaç èv xolç ÔQecri au(acj)UYovxaç èmôicoc;aç, K|aaç xe aùxcôv elAe TioAAàç Kai àvÔQcôv oùk oAiyov ànÉotyaEz n\f\Qoç (...). 44) Schuler 1998 : 291-297, dresse la liste des mentions épigraphiques de KO)|ar). Toutes concernent des sites proches d'Astra KO)|ar] chez Sterrett 1888 : n° 57 (Saraycik inscription de commémoration de construction, citée note 15) ; Laroumada AaQou|aaôécov f] Kw|jr] : Callander 1906 : n° 53 et 54 (Esenler Baglan, inscription honorifique) ; Olosada : KO)|ar) 'OAoaaôârv Bean - Mitford 1970 n° 135 (Afsar Kalesi, inscription honorifique) ; Takourtha : Swoboda 1935 : n° 282 (Tastah, inscription funéraire) au Nord d' Isaura : cf. note 48 ; sur le territoire des Gorgoromeis, à l'Est du lac Trogitis : Buckler 1 924 : n° 105 (Ak Kilisse, dédicace d'un siège). 45) Lenski 1999 : 432 : "Evidence remains for town councils in five communities from the hinterland : Amblada (Yeniçe), Artanada (Dulgerler), Astra (Tamasahk), Coropissos (Dag Pazan), Isaura Nova and Philadelphia (Imsiôren)". Dans sa note 95, il renvoie pour Astra à notre inscription : "BM, n° 121 : (3ouA£uxï]ç" ; il est repris par Feld 2005 : 109. 46) Lenski 1999 432, notes 95 et 97, en dresse une liste. 47) Balty 1991 : 580 ; suivi par Spanu 2001 446. Sterrett 1888 : 46, décrivait un "small theatre" ; Bean - Mitford 1970 un "small theatre or auditorium". Mais, à Laertes, ils décrirent un édifice qu'ils qualifièrent de "council-chamber", puis d' "auditorium or theatre", le rapprochant du petit hémicycle d'Astra : cf. Balty 1991 : 553. Sur cet édifice, voir en dernier lieu Ermisler 1994 387-388.

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Zeudas est loué pour son équité50, et qualifié de bienfaiteur. Celui-ci avait peut-être exigé le versement de loyers dont les montants auraient été jugés modérés ou bien s'était abstenu de tout prélèvement spécial ; à moins que Zeudas, originaire d'Isaura, ait rendu un jugement équitable, ayant été sollicité par Astra pour régler un conflit entre les locataires de terres ; ou entre les locataires et les autres occupants (habitants) d'Astra. Zeudas porte un nom caractéristique de l'Isaurie, circonscrit à Isaura51, d'où notre prêtre est originaire, et à Astra52. Son patronyme, A7iiAaÀaç, n'est connu qu'à Astra53. Le nom Ivôouç semble moins circonscrit au pays isaurien54. Il est également fréquent en Cilicie55, et se rencontre une fois en Pisidie56. 4. Inscription honorifique émanant de la gérousie de Plouton (Fig. 4) Plaque de calcaire, à la surface érodée, trouvée encastrée dans un mur de l'abside de l'église. L'inscription est gravée dans un cadre en creux aux bords irréguliers. H. 0.56, L. 0.33 ; lettres : 0.027. Fig. 3 : Inscription n° 3. Les KÀrjQOÛxoi sont les locataires des terres appartenant à Zeus AaTprjvoç48 et gérées par son prêtre, ici, un certain ZeuÔaç, originaire d'Isaura. Astra dépendait donc de la capitale de l'Isaurie, Isaura Nova, située à une dizaine de km au nordouest d'Astra49.

ÎIAovtgôvoç àvéoTT]a[e]v Iouàlov MeveÀàou Kai I|u\aolv yuvaÏK[a] aÙTo[û, []ep[ea èvx£L|uo[v].

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48) Zeus AaTQTjvoç apparaît dans les inscriptions n° 9, 11, 12, 13, 20 et 66. Les restes du temple qui lui était dédié sont visibles sur le site (Ermisler 1994 : 388). Zeus Acxpr|voç doit être identique au ExaAAoç 'AaxQrjvôç ènr]xooç 0£Ôç (inscription n° 20) ou encore au Zeùç 'AcrxArjvôç connu par une inscription de Takourtha, au Nord d'Isaura : H. Swoboda 1935 : n° 282 (Tastali) : OùaÀÉQLOv OùaAeQiou ieçéa yEvoiaevov àloç ÀaxArjvoù k(cù) yeçaiov kco|ucôv ôuo, TaKovçQéwv k(cù) KoouAr)aaea)v 7iavôr)|uou. MaxQÔrva rj auv|3ioç £V£K£v £Ùvoiaç x«QLV > sur ces différentes épithètes, voir Zgusta 1984 : § 111 et 1255 ; sur le passage, à l'époque impériale, du [1 ] de Astlenos au [r] de Astrenos, voir Brixhe 1987 : 44. 49) Pour l'identification de Isaura (Isaura Nova) à Zengibar Kalesi, nous suivons Hall 1973 : 568-571 (cf. AE 1977 n° 816 ; J. et L. Robert, BE 191 A : n° 603 ; Symé 1987 et 1995). A l'inscription latine qui permit à Hall d'identifier Bozkir-Siristat à Isaura Vêtus, rappelons l'inscription grecque de Swoboda 1935 : n° 135 (trouvée elle aussi à Bozkir), qui déjà faisait connaître l'ethnique [Ia]auQO7TaAaL£LTT)ç : [AJoukioç Oqecjtou [lo]avQonaAaieixr]ç [A]axi37ioç Açeia evxAv- Cf. Robert 1966 : 69 : "(. • .) l'ethnique ne s'emploie pas dans la ville à l'époque classique et à l'époque hellénistique ; il y est courant à l'époque impériale et il a pu servir à localiser des villes en Lycie et ailleurs". 50) L' adjectif tneucf] est employé une seconde fois pour qualifier un autre prêtre dans l'inscription n° 6. 51) Toutes les attestations enregistrées pas Zgusta 1964 : § 385, pour l'Isaurie, proviennent d'Isaura et d'Astra. Il ajoute deux exemples de ce nom en Pisidie-Lycaonie, d'après Sterrett 1888 n° 228 (Akherli Pazar) et n° 233 (Mehre). 52) Inscriptions n° 19, 15, 22, 27 et 67. 53) Inscriptions n° 13 avec un AniAaAaç 'loavçoç, 14 et 19. 54) A Isaura Swoboda 1935 : n° 193 (Elvôouç) ; à Thouththourbia : Bean - Mitford 1970 : n° 141 ; à Laroumada : Callander 1906 : n° 49 ; à Dalisandos Headlam, 1892 : n° 20 (Sinapiç), rééd. par Hagel - Tomaschitz 1998 66, Dalissandos 16. En bordure de la Lycaonie et de l'Isaurie : Laminger-Pascher 1992 : n° 304 (Dinek Saray). 55) Burgess 1990 1 19 : sur les noms commençant par IvÔ-, fréquents essentiellement en Isaurie et en Cilicie. 56) Swoboda 1935 n° 110 (au Sud de Kotenna).

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La seconde gérousie de Plouton a élevé (les statues) d'Ioulios fils de Ménélaos et d'Immas sa femme, prêtre honorable.

Fig. 4 : Inscription n° 4.

Cette inscription honorifique57 émane d'un collectif : f] bevreqa yeçovoia IIÀoutcovoç;. Cette formule, sans parallèle, ne se laisse pas facilement interpréter. On est tenté de la comprendre dans un sens littéral : un conseil d'anciens (yeQOVoia) pour lequel on précise qu'il s'agit du deuxième, et qu'il est voué au culte de Pluton (donc une sorte de Conseil sacré constitué de prêtres)58. Aussi, comment comprendre l'adjectif ôeuTÉQa ? Doit-on le comprendre dans un sens temporel, supposant qu'un premier Conseil avait existé ? Un autre sens, quantitatif, pourrait être donné à la désignation de ce Conseil : Pluton disposerait de plusieurs Conseils d'anciens. Mais, cela supposerait que les autres divinités attestées à Astra en étaient également dotées de plusieurs, et à fortiori le principal d'entre eux, Zeus Astrenos. Or, une multitude de Conseils d'anciens ne se comprendrait pas à Astra qui se présente comme une KCO|ar| (inscription n° 2). Peut-on considérer qu'à chaque dieu correspondait un Conseil d'anciens ? La yeçovoixx de Zeus Astrenos, présidée par le prêtre de Zeus aurait été la première, celle de Pluton, la seconde, celle de Poséidon (dont un prêtre est connu par l'inscription n° 6), la troisième59. Les assemblées d'Astra devaient être réglées par des Conseils d'anciens (y£QOuaiaL), constitués de prêtres. Une de leurs fonctions devait être d'attribuer les terres, appartenant aux dieux, aux

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57) La construction avec le verbe àviorr]|ai suivi de l'accusatif est fréquente en Isaurie, le plus souvent dans un contexte funéraire ; voir ici même les inscriptions n° 7, 21, 45, 47 et 49. 58) On aurait pu penser qu'il s'agissait d'une formule maladroite en supposant que Plouton était un nom théophore d'homme et non de dieu : nous aurions alors eu un second Conseil sous le patronage de Plouton ou dont Plouton aurait été le président, son nom permettant de dater les actes du Conseil. Mais, le contexte et le fait que le nom Plouton, apparaissant dans les inscriptions des régions voisines se rapportent au dieu, rendent cette hypothèse peu plausible. On ne connaît qu'un seul exemple de gérousie associée à un dieu : à Hyettos en Béotie au IIIe siècle ap. J.-C. : Roesch 1982 : n° 21 : f] Lepà Y£QOUCTLa xoù Lcottjqoç ÀcxKÀr]7TiCH3 : une association religieuse consacrée à un culte local, celui d'Asclépios Sôter. Par un décret, cette gérousie enregistre la donation de deux terrains à son profit, dont une vigne, par deux personnages en reconnaissance des bienfaits reçus du dieu. Les membres de la gérousie, cités dans l'inscription, ont tous des liens de parenté et le mode de recrutement, également précisé, renforce le caractère familial de cette association dont le président porte le titre de prostates (titre qui se retrouve dans l'inscription n° 7). 59) Mentionnons toutefois une autre hypothèse quant à l'identification de cette "seconde gérousie de Pluton" : cette expression pourrait renvoyer à un quartier, à une subdivision topographique : la gérousie serait alors un conseil de quartier. On connaît il est vrai à Sidè une série d'inscriptions (IIP ap. J.-C.) faisant connaître des quartiers tirant leur nom d'édifices (Nollé 2001 : n° 105-111 ; cf. Robert 1958 : 23 "que chaque quartier ait sa gérousie est un fait nouveau, mais bien attesté par la série (...)", Kalinowski 2006 1 30-133). On connaît aussi le lien entre des quartiers et des divinités, les quartiers ou subdivisions étant nommés d'après un dieu : ainsi en Syrie, à Antioche au 1er siècle ap. J.-C, les plintheia {plintheion : bloc de maison, lot, subdivision topographique) sont nommées d'après les noms de personnes, d'associations, mais aussi de dieux, par exemple celui de Zeus Sôter (stèle B, ligne 28) Feissel 1985 ; cf. Robert 195 1 ; Saliou 2004 ; le mot plintheion est connu aussi dans ce sens en Egypte, mais il est alors numéroté. Dans d'autres villes syriennes, on trouve le terme dCamphodon, lui aussi associé à des divinités (Zeus Kronos à Arados : IGLS 7, n° 4002) : cf. Robert 1980 : 151-154, qui répertorie les attestations dans les inscriptions et les papyri à propos des quartiers d'Amastris en Paphlagonie. Mais, tous ces exemples proviennent de contextes urbains, notamment de villes au plan en damier. Néanmoins, le fait d'identifier un lieu, même dans un bourg comme Astra, d'après un sanctuaire ou lieu de culte se comprendrait très bien, mais nous manquons à ce jour de parallèles dans un même contexte.

ASTRA EN ISAURIE clérouques (cf. l'inscription précédente). Aussi, les prêtres réunis en conseil, devaient disposer d'un lieu de réunion, peut-être le petit hémicycle dont la destination n'a pas été établie à ce jour60. Si Astra était dépendante d'Isaura (une dépendance administrative et fiscale), elle disposait d'une organisation officielle propre au sein de laquelle les prêtres, particulièrement visibles par leur mention dans les inscriptions, devaient jouer un rôle actif, sans doute sacerdotal et administratif à la fois61. Ceux-ci devaient être recrutés au sein d'un cercle restreint de familles62 ; par quelle autorité : Astra ou Isaura ? Avec une résidence des prêtres sur place ou à Isaura ? Cela devait dépendre du degré d'autonomie dont disposait Astra. Les gérousies apparaissent fréquemment dans les inscriptions d'Asie Mineure à l'époque impériale, en particulier dans les villages, où leur instauration est alors tenue pour être indépendante des gérousies connues à l'époque hellénistique63. Notons qu'en Isaurie, près d'Astra : deux inscriptions funéraires

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mentionnent cette institution ou ses membres : une yepoucria à Isaura (qui est une 7i6Aiç)64, puis, à une dizaine de kilomètres au Nord-est d'Isaura, à Taçtali, une inscription fait connaître un prêtre, yEQOLiôç, de deux Kco^xai65. En Isaurie, Pluton est connu à Bozkir, représenté en dieu cavalier66. A Astra, Pluton peut être pris pour le dieu des richesses végétales et minérales (souterraines), en lien avec l'exploitation de minerais, attestée à Astra par les scories jonchant le site et l'ouverture d'une galerie sur les pentes67. Le nom grec MevéAaoç, attesté dans les environs d'Astra68, est à ranger parmi les autres noms tirés de la mythologie grecque se rencontrant à Astra : KàoroQoç69, Neo7iTÔAe|aoç70, TqAecjxDç71 ou encore ÀaiôaAoç72. Pour le nom féminin courant en Isaurie, I\i\ia(ç) voir l'inscription n° 2. La formule finale Leçeùç évx£L(aoç, était déjà connue à Astra par son emploi dans l'inscription n° 67 avec commentaire.

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60) Sur cet édifice, voir l'inscription n° 2 avec la note 47. Le yeqovxlkov mentionné par Strabon (XIV, 1, 43) à Nysa, a été identifié à l'édifice daté du IIe siècle de notre ère et situé au Nord-ouest de l'agora : un hémicycle comportant 12 rangées de sièges divisés en 4 cunei, et inscrit dans un plan rectangulaire (27, 45 m sur 23, 50 m) : Balty 1991 : 447-453 ; Kadioglu 1999 : 175-191. 61) Une organisation de type théocratique, avec l'existence de conseils, une forme d'organisation que les autorités romaines toléraient : l'administration romaine étant non prescriptive, mais réactive : Millar 1977. 62) Ces familles, qui devaient constituer une sorte d'élite maîtrisant le grec, sont à Astra les auteurs des inscriptions, à l'opposé des paysans qui sont, eux, propriétaires de monuments funéraires anépigraphes. 63) Rossum 1988 ; sur les gérousies, l'étude la plus récente est à ce jour celle de Giannakopoulos 2008, après : Chapot 1904 : 216229 ; RE VII.l, 1910, s. v. gerontes, gerusia, coll. 1267-1268 (J. Miller) ; Poland 1909 : 98-102, 577-587 (liste des gérousies connues) ; Magie 1950 : 62-63, avec la note 38, p. 855-860 ; Oliver 1941 et 1958 ; cf. J. et L. Robert, BE 1944 : n° 25. Selon Schuler 1998 : 225231, les Conseils d'anciens (yegovoiai) constitueraient des institutions équivalentes aux Conseils municipaux des cités, témoignant de fait de l'hellénisation du milieu rural. Ces dernières années, les études se concentrent sur le lien entre gérousies et gymnases, cf. Zimmermann 2007 : 1523-1528. 64) Swoboda 1935 : n° 245 Ev6[àÔ£] k£lte, v£[aç>]ôv qôôov, v[ùv] ôè [ia[Qaiv]exe, Tr)À£cf)Oç ô[L]ç ô koù Oaïo-[x]oç, nàov [c|)]{Aolç ôç oxé(r\Aia) Navva àvéaxrjcTEV tôv àvôoa avxf\ç Oalaxo[v]. 65) Swoboda 1935 : n° 282 : OùaÀÉQiov OùaÀEQiou Leoéa y£vô|aevov Aloç ÀcrxÀnvoû k(cù) ysçaiov kcô\jlcov bvo, TaKouoGÉarv K(ai) KoôuÀrjorrécov navôrmou. Maxoârva f] cruv|3ioç £V£K£V eùvouxç x«Qlv ; selon H. Swoboda, les deux villages formaient un koinon qui disposait d'une yEQOvoux commune ; G. Laminger-Pascher 1986 : 251-252 (SEG 36, 1986 : n° 1233). 66) Delemen 1999 n° 368 (rééd. par McLean 2002 : n° 31 ; cf. L. Robert, Hellenica 3 : 64 et Hellenica 13 : 28). Pluton est également un dieu cavalier en Lycaonie : à Lystra (Laminger-Pascher 1992 : n° 169 ; rééd. par Delemen 1999 : n° 369 ; cf. L. Robert, Hellenica 13 : 26) ; à Karadigan (entre Lystra et Iconium : McLean 2002 : n° 30) ; et à Iconium (McLean 2002 : n° 29). Dans cette région, il est aussi associé à sa parèdre Koré (Abditolu, au Sud-est de Konya, au Nord de Cumra : McLean 2002 : n° 37) ou à Déméter (Perta : Robert, Hellenica 13 : 65). Seul, Pluton est connu : à Iconium et en Pisidie à Prostaenna : L. Robert, Hellenica 13 : 28. En Cilicie Trachée, à Direvli, il est un dieu funéraire. En cas de violation de sépulture, il est le destinataire de sacrifices d'animaux : Bean - Mitford 1970 n° 200. 67) Ermisler - Sertok 1 996 : 3 1 5-33 1 68) A Isaura Vêtus (H. Swoboda 1935 : n° 145, Bozkir) et à Isaura Nova (id. : n° 197 et 201 (Zengibar Kalesi). Il se rencontre également à Sinapiç (Dalisandos) : Headlam 1892 : n° 13 et 16 ; inscriptions rééd. par Hagel - Tomaschitz 1998 : 63-64, Dalis. n° 2 et 4. 69) Inscription n° 67. 70) Inscriptions n° 7 (Pauleinos fils de Néoptolémos), 20 (Néoptolémos fils de Sisiphernès) et 21 (Sisiphernès fils de Néoptolémos). 71) Inscription n° 8. 72) Inscription n° 22.

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Fig. 5 : Inscription n° 5. 5. La gérousie (Fig. 5) Sur une ligne, au-dessous d'un fronton triangulaire brisé au sommet, et orné au centre d'un cercle en retrait contenant ce qui ressemblerait à un aigle, debout et de face. H. 0.57, L. 0. 50, Ep. 0. 34 ; lettres 0.04. H yeçovoia La gérousie... 6. Inscription honorifique pour un prêtre de Poséidon (Fig. 6) Stèle de calcaire blanc, ornée d'un fronton triangulaire, trouvée à l'entrée de l'agora. Au centre du tympan se trouve une bosse ronde. L'inscription est gravée dans un panneau rectangulaire en léger retrait. Le dernier mot de l'inscription est en dehors du cadre. H. 0.85, L. 0.50, Ep. 0.30 ; lettres : 0.03. Oùàlwv Mavvaoç ieçéa yevô|aevov Ilo-

CJEl&COVOÇ £7T£LKf] KCÙ éçya èk tcôv lôlcov à7iaç>xtaavxa tgj T£l|jf]Ç En l'honneur d'Oulios fils de Mannas qui fut prêtre de Poséidon, juste, et ayant fait réaliser à ses frais des constructions pour le dieu. Il est intéressant de trouver à Astra le nom d'homme OùÀioç, correspondant à l'épithète d'Apollon, "une divinité bienfaisante et guérisseuse d'origine ionienne, voire ionienne-attique"73. La lecture du patronyme n'est pas assurée. Le génitif Mavvaoç serait nouveau. Le masculin Mavaç est enregistré par Zgusta en Cappadoce du Sud74, ainsi que sa contrepartie, le féminin Mava à Kibyra75, et une inscription d'Isaura donne l'accusatif

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73) Masson 1988 171-183. OùÀicov se rencontre une fois dans une inscription de Thespies (milieu du IIIe siècle av. notre ère) : Roesch 2007 : n° 93 (ligne 1 8). 74) Zgusta 1964 : § 858-3 : ÂxxaÀoç Mava (gen.) à Kokousos (Gôksùn) en Cataonie. 75) Zgusta 1964 § 858-5 Mava (dat.) ; inscription signalée par Milner 1998 n° 30.40. Ajoutons, le féminin Mawa à Tyane en Cappadoce Berges-Nollé, 2000 n° 77 (cf. Cl. Brixhe, BE 2001 n° 458 : "banal nom familier, dont le type est, on le sait, largement répandu sur toute la planète, cf. néo-grec f^àva : maman"). Boyaval 1978 116-117, recense sept exemples de ce nom (Mava, Mawa) en Egypte (inscriptions et papyrus).

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La formule finale, t£i\jlï)ç x^Qlv, est peu fréquente en Isaurie et dans la région voisine de Lycaonie, où elle se rencontre parfois dans un contexte funéraire80. L'adjectif èneiKf\ est employé pour un autre prêtre honoré par des KÀrjoouxoL dans l'inscription n°3. Avec Poséidon, qui se rencontre aussi à Tosuntaçi Kalesi, à l'est d'Astra81, nous avons à Astra la triade complète, les trois frères : Zeus, Pluton-Hadès et Poséidon, qui se partageaient la terre82. Car, à Astra, Poséidon doit être le dieu des montagnes, en lien avec la terre et la fertilité du sol83. 7. Inscription honorifique pour Pauleinos fils de Néoptolémos, prostates (Fig. 7) Plaque de calcaire dont la partie supérieure est manquante, découverte au nord-ouest de l'église, à l'est du petit hémicycle, encastrée dans un mur. L'inscription dont 6 lignes sont conservées est gravée dans un cadre en léger retrait. H. 0.84, L. 0.52, Ep. 0.46 ; lettres 0.035. TO AON [à]véorr]crav nauAelvov N£O7TTOÀ£[xov tôv éauTGTV 7IQOCTTàxrjv.

Fig. 6 : Inscription n° 6. féminin Mavveav ou Mavvav76. On connaît Mavvr)ç ou Mavrjç (surtout répandu en Phrygie et en Galatie ; pas d'attestation en Isaurie, d'après Zgusta 1964 : § 658-1 et 2)77, Mavviç (en Lycaonie et en Isaurie)78, ou encore le nom provenant du nord de la Mésopotamie, Mavvoç79.

... ont élevé (la statue de) Pauleinos fils de Néoptolémos, leur prostates.

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76) Swoboda 1935 : n° 210, d'où Zgusta : § 865-3 (Mavvea). L'inscription n° 9 donne le génitif Maveou. D'après cette inscription, Zgusta 1964 : § 858-7, enregistre comme unique le nom Maveaç. Mais en note : "Es kann sich aber auch um einen Gen. zu Màvrjç handeln". Swoboda, op. cit., reconnaît lui le nominatif Mawsoç. L'inscription qu'il publie sous le n° 210 (Isaura) fait connaître l'anthroponyme féminin Mawea ou Mawa. Voir le commentaire de Zgusta 1964 : § 865-3 (Mawea). 77) Sur ce nom voir les commentaires de Drew-Bear - Thomas - Yildizturan 1999 : 387 (Mavr)ç) ; Brixhe - Ôzsait 2001 : n° 3 ; Strubbe 2005 : n° 24. 78) Cf. Zgusta 1964 : § 858-13 : Mawiç (masc.) : en Lycaonie : deux fois à Iconium : inscription rééd. par McLean 2002 : n° 191 ; Ramsay 1883 : 314-315, n° 41 (dédicace faite au saint local Mannis) ; sur le territoire de Lystra : inscription rééd. par LamingerPasher 1992 n° 280 ; en Isaurie : Buckler 1924 n° 81 (Alisa) ; un inédit (non retrouvé) ; Swoboda 1935 : n° 134 (Ak Bunar près de Siristat) : qui donne le génitif Mavvioç. 79) Sur ce dernier : Robert 1963 : 363-365. 80) Sterrett 1888 : n° 18 (Posala, rééd. Laminger-Pascher 1992 : n° 44), n° 25 (Posala, rééd. Laminger-Pascher 1992 : n° 39), n° 26 (Posala, rééd. Laminger-Pascher 1992 : n° 41 et Engelmann - Ûner 1992 : n° 32), n° 40 (Elmasun) et n° 177 (Isaura : tEififjç kcù EÙvoiaç xàQw) ; Swoboda 1935 : n° 109 II (Geldschik ôren), n° 153 (Isaura) et n° 203 (Isaura : T£i|uf]ç kcù eùvôaç x«Qlv) ; Bean - Mitford, 1970 : n° 97, avec commentaire p. 114 (Dibektasi \xvr\\xr\c, koù T£i|ufjç £V£K£v) ; Engelmann - Ûner 1992 : n° 21 (Murât Dede ; T£L^r]ç koù |xvr)|ar)ç x«Ç>lv) ; Laminger-Pascher 1992 : n° 254 (territoire de Lystra : Ûçkese, au Nord de Gûdelisin). 81) Swoboda 1935 : n° 111 : Kàaxcop Hou FIoctlôcûvi £Ùxî> 82) Cf. VIliade, XV, 193 "yala ô'è'xi £uvf] 7iàvTCJV kcù |uaKQÔç vOAuja7ioc". 83) Sur les différentes attributions de Poséidon (dieu de la mer, des tremblements de terres, des chevaux ou encore de la fertilité), avec un rappel de la bibliographie, voir Corsten - Drew-Bear - Ôzsait 1998 63-64, n° 10, à propos de Poséidon à Karamanh en Kibyratide et dans les environs ; cette inscription est rééd. par Horsley 2007 : n° 122.

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Fig. 8 : Inscription n° 8.

Fig. 7 : Inscription n° 7. L'identité de ceux qui rendent hommage est inconnue. Plutôt que de particuliers dont les noms seraient énumérés, il doit s'agir d'un collectif, d'un groupe dont les membres aux intérêts communs (kàtiqouxol, Y^QOvowLOTai par exemple) se plaçaient sous la protection d'un TiQoaTdTrjç (patron, garant, représentant légal)84. Un AÙQrjALOç riauÀelvoç est connu par l'inscription n° 14 et le nom grec Neo7TTÔÀ£|j.oç se rencontre deux autres fois à Astra, sans doute portés par des parents : n° 20 et n° 2185.

8. Commémoration de construction (Fig. 8) Pierre trouvée à l'intérieur de l'église, portant une inscription gravée dans une tabula ansata. Aùq. Tr|À£(j)oç KotTOr|lOÇ LEQEÙÇ '• àvoLKcoTÔy 4 ÔÔ|Jr|CT£V TOV TÔ7IOV £K TCÔV LÔLO)V. Aur(elios) Telephos fils de Kottes, prêtre pour la troisième fois, a élevé ce lieu à ses frais. Le génitif Kottotjioc est nouveau ; pour le nom Koxxrm, soit une variante du nom indigène pisidien Kottt|ç86. Le nom Tr)Àec|)oç est bien connu dans la région87. Le terme vague de tôtioç peut se rapporter à un lieu, un emplacement ou à un bâtiment. Ainsi, il peut être employé dans un contexte funéraire pour désigner le terrain, boisé, planté ou non, entourant un tombeau ou le monument funéraire

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84) nQOCTxàxr|ç est un terme vague utilisé pour désigner des fonctions très différentes. L'identité non conservée des auteurs de l'inscription conjuguée à l'absence de complément après le terme TtQoaxàxr]ç ne permet pas de déterminer le sens précis à lui accorder dans cette inscription. Il implique l'idée de patronage (lat. patronus) à l'égard d'un individu ou d'un groupe, qu'il soit d'un tout autre milieu (cf. Robert 1977) ou qu'il (le prostates) en fasse partie exerçant par exemple la présidence du groupe ; voir note 58 : à Hyettos en Béotie, le président de la gérousie sacrée d' Asclépios Sôter est appelé prostates. 85) D'autres exemples de ce nom sont connus dans les environs : Swoboda 1935 n° 25, 26 (Tschausch au Sud de Fassiler), 198 (Isaura) ; Laminger-Pascher 1992 : n° 360 (Dinek, au Nord d'Isaura). 86) Le nom d'homme Koxxrjç est fréquent en Pisidie, notamment à Termessos : Cf. Zgusta 1964 : § 707-3 et 707-4 ; L. Robert, Hellenica 6, 1948 : 11-12. Il apparaît à Balboura en Lycie dans une liste d'hommes à qui ont été attribuées des terres. Il pourrait s'agir d'une installation de colons dans le cadre de l'extension de la Pisidie vers l'Ouest au IIe siècle av. notre ère : Hall - Coulton 1990 : 113 {BE 1991 n° 551). Pour une attestation à Kibyra, voir Corsten 2002 : n° 398 (gen. Koxeouç). En Isaurie, c'est le nom d'homme Kotxoveiç qui est connu : cf. Zgusta 1964 : § 708-3, (d'après Sterrett 1888 : n° 85, 104 et 130 : Artanada) ; ajoutons : Engelmann Ûner 1992 n° 13 (Murât Dede) et McLean 2002 : n° 130 (Kusça au nord d'Isaura). La variante orthographique Koxxovnç se rencontre à Esenler Civlesi Zgusta 1964 § 708-2, d'après Hereward 1958 : 69-70, n° 14, fig. 15 (SEG 17 : n° 665). 87) Buckler 1924 : n° 62 (Al'isa, au Nord d'Isaura) ; H. Swoboda 1935 n° 124 (Sarot Yaylasi au Sud-ouest d'Isaura), 244 et 245 (Isaura) ; Laminger-Pascher 1992 n° 41, 46 (Losta), 295 (Apa, rééd. par McLean 2002 n° 139).

ASTRA EN ISAURIE lui-même88. Le terme xo7ioç se rencontre aussi dans un contexte religieux, qualifiant alors la terre d'un domaine sacré, susceptible d'être mise en culture89. Ici, le contexte et la formule èk tgjv lôlûjv impliquent des dépenses publiques. On serait, en ce cas, dans le cadre de la construction d'un "lieu" public, c'est-àdire d'un bâtiment public utile à tous. On pourrait penser à un glissement de sens de "terrain funéraire" à "monument funéraire", puis à "monument". 9. Consécration d'un ouvrage d'architecture en l'honneur de Zeus Astrenos

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les habitants de Pappa situé sur le territoire des Orondeis90 ; FIN pour PIN d'où ria7To{Qi}vÔ£LÇ : "i. e. natives of Paporion" : Ramsay 1890 : 382 (Papyrion)91 ; anthroponyme Ilaç (génitif lia) suivi de no{oi}vÔ£Îç, Hereward, d'après la mention d'un Avq. Annaç Tatou T£XV£LTr)ç FIoQivÔEuç dans une inscription funéraire de Laroumada92. Pathoun 2e du nom petit-fils de Pas a fait faire (cet ouvrage), à ses frais, en l'honneur de Zeus Astrenos ; il a amené les tailleurs de pierres Tarasis fils de Maneas et Zezis fils de Pas, de Porinda, qui avec Loukios fils de Leônas d'Astra l'ont réalisé.

Sterrett 1888 : n° 69 : bloc trouvé dans les ruines du temple de Zeus ; Hereward 1958 : 73-74, fig. 21 (fac-similé) : "This has been moved from 'in the Temple', where Sterrett could not take a squeeze, and is now near the steep slope of the hill. A large block grey stone, broken at the top and the back" ; of (SEG 17 1960 : n° 672). H. 0.56, L. 0.70, Ep. 0.65 ; lettres : 0.0415-0.05 (Hereward). Cf. :Er 1991 : 122 (lignes 3-4).

Trois personnages pour lesquels on précise le patronyme et le démotique ont contribué à la construction d'un ouvrage d'architecture, financé par un particulier, Pathoun 2e du nom petit-fils de Pas en l'honneur de Zeus Astrenos93. Cette réalisation est contemporaine de la construction du mur commémorée par l'inscription n° 1 : parmi les trois artisans concernés (texveltcu), figure ZrjCiç fils de Tlaç petit-fils de Kaôaucoç. Ici, à la place de son papponyme se trouve son démotique : IloQLVÔeuç. Le toponyme IloQLVÔa est enregistré dans le Barrington comme un "Isaurian village unlocated"94, d'après l'inscription de Callander citée note 92. Mais, il pourrait correspondre à Saraycik, d'où provient une inscription faisant connaître un Appas fils de Gaius (ÀaTU7ioç,)95. Il doit être le t£XV£ltt)ç Aurelius Appas fils de Gaius de Porinda dans l'inscription de Callander. Pour le nom isaurien Tarasis, voir l'inscription n° 13 avec les notes 116 et 117. Le génitif Mave ou est enregistré comme unique par Zgusta96. Le nom Aoukioç est porté par un autre Aaxurcoc, fils d'Oreste, à Bozkir97 ; celui de Leônas, l'est, au Ve

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na0ouv ôlç Ha £7ior)cr[e]V £K TGJV LÔLCOV All AaTÇ>r]vâJ>, f]yayev ôè Àa4 Timouç, Tolqoloiv Maveou KaL ZrjÇiv Ha, no{QL}vÔ£Lç, Kai Aoukloç Aecovà 'ArjTQr]8 vôç ànr)QTioav . L. 1 : Ma0oùv Aicmà, Sterrett ; TIaQovv ôlç Ilà, Hereward. L. 5-6 : FIA nOnNAEIE, lu sur la pierre par Sterrett et Hereward ; ITa7i(7i)o(Qo)vÔ£Lç, Sterrett qui reconnaît

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88) Kubinska 1968 ; Bernand 1993 : 103-110 ; Blondeau 2002 238-239. A Ermenek, le terme tôtioç au nominatif, suivi des noms des propriétaires au génitif, se lit sur le couvercle en forme de lion d'un sarcophage (Bean - Mitford 1970 : n° 221 ; rééd. Hagel - Tomaschitz 1998 : 91, Ermenek 3a). 89) Robert 1945 : n° 1 1 (ligne 11), avec ce commentaire p. 39 : "le mot topos est très vague ; il semble que s'il s'agissait seulement d'une terre on emploierait le mot àyoôç ou xcoqôv ; sans doute y avait-il quelques maisons ou des bâtiments d'exploitation". Sur les termes tôtcoç et àyQÔç Wôrrle 1975 : 76. Voir également pour l'emploi du terme xÔ7ioç dans un contexte religieux à Délos Hellmann 1992 : 415 ; pour d'autres usages du terme TÔ7ioç en Pisidie et en Pamphylie : Porcher 2004 253-258. 90) Sur Pappa Tiberiopolis, cité de Pisidie sur la Via Sebaste, (aujourd'hui village de Yunuslar) : Hall 1968 62-64 ; TIB VII 355, s. v. Pappa. 91) Sur Papyrion, forteresse isaurienne (Cherreos Eryma, à environ 40 km au Nord de Mersin) : TIB V.I 374-375, s. v. Papirion. 92) Callander 1906 : n° 51 B : Avq. Annaç Yaiov t£Xv£ltt|ç Flooivôeùç à7Tr|Qxia£v Kaxà xf]v à7iéyôoaLV. n° 454, 93)deLeUaQiç nom FlaGouv, (gen. ITaGioç), enregistré connucomme à Isauraunique Swoboda par Zgusta 1935 1964 n° 176 : § ;1 cf. 189-2 Zgusta avec 1964 n. 3, est§ 1189-1 rapproché (ria6iç). par J. etPour L. Robert, le nom riaç, BE 1959, voir l'inscription n° 1. 94) De même : Zgusta 1984 § 1086, riogiviôa (Lage unbekannt). 95) Sterrett 1888 : n° 57 (Saraycik) Navvaç Taçaoioç ieqevç Legâneoç Ti)c, Kcourjç £7ioi.r)a£v xà èçya èk xcôv lôlcov. A7i7iaç Tatou Aa[x]imoç anrjoxicrev. 96) Zgusta 1964 § 858-7 Maveaç "Es kann sich aber auch um einen Gen. zu Màvrjç handeln". 97) Swoboda 1935 : n° 135 ; autre Aoukloç dans les environs d'Astra : chez Bean - Mitford 1970 n° 106 (Tosuntasi) et 144 (Oduncu Kalesi).

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et à droite. Trouvé à une vingtaine de mètre au sudest du petit hémicycle. H. 0.40, L. 0.47, Ep. 0.40 ; lettres : 0.05. ç AaTQrjvôç oa L. 2 : Bean et Mitford, qui ont lu, avant le sigma, un alpha dont il ne reste aucune trace, et à la fin de la ligne, décrivent une haste verticale, également perdue aujourd'hui, restituent : [Kax£aK£i3]aaav. 11. Dédicace à Zeus Astrenos (Fig. 10) Sterrett 1888 : n° 67 : dans le temple de Zeus ; inscription retrouvée par Bean - Mitford 1970 : p. 130, n. 29. Bloc de calcaire, brisé en bas, portant un trou de scellement au centre de la surface supérieure. L'inscription, aux lettres légèrement gravées, se trouve en retrait dans un cadre mouluré. H. 0.38, L. 0.345, Ep. 0.32 ; lettres : 0.04. Ad AoTQJ]VOl). A Zeus Astrenos.

Fig. 9 : Inscription n° 10. siècle par un sophiste originaire d'Isaurie, dont le philosophe Proclos fut l'élève98. Enfin, notons que les AaxurcoL Isauriens" et plus généralement les artisans (xExvelxaL)100 Isauriens sont bien connus dans la région, par leur signature dans les inscriptions. A l'époque byzantine, la littérature, notamment hagiographique du VIe siècle, témoigne de leur participation à des travaux de construction importants hors de leur région d'origine, à Constantinople ou en Syrie par exemple101.

12. Dédicace à Zeus Astrenos (Fig. 11) Partie supérieure d'un bloc de calcaire surmonté d'un couronnement, trouvée au bord du petit hémicycle. H. 0.30, L. 0.42, Ep. 0.47 ; lettres : 0.035. All

10. Bloc d'un ouvrage d'architecture portant : Astrenos (Fig. 9) Bean - Mitford 1970 : n° 123. Bloc, complet à gauche, à deux fasces inscrites et couronnement. L'angle supérieur droit est brisé, ainsi qu'une partie de la fasce inférieure, où seules deux lettres sont conservées. L'inscription de deux lignes se poursuivait sur les autres blocs, à gauche

A Zeus Astrenos...

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98) D'après Marinus, Proclus ou sur le bonheur, chap. 8, éd. H. D. Saffrey - A.-P. Segonds, CUF, 2001 ; repris dans la Souda, lambda 269 ; cf. PLRE 2 666, s. v. Leonas. 99) Près d'Astra Sterrett 1888 : n° 57 (Saraycik, commémoration de construction cf. note 15) ; H. Swoboda 1935 : n° 112 (Tosuntasi Kalesi, funéraire), 118 (Sarot Yaylasi, dédicace) et 135 (Bozkir, dédicace) ; Sahin 1997 78, n° 2 (Bozkir : funéraire, signature [ — ]aoevç Aaxvnoç ènoir]aev ; rééd. par McLean 2002 n° 185), n° 4 (Bozkir : funéraire, signature B : [N]ouvvoç Aaxvnoç £7iOL£i) n° 5 (Eskisaray, auj. Çiftlikkin, funéraire, signature du même personnage), n° 6 (Eskisaray, signature de deux frères TaÀou£iç kcù Toutqiç Ivveou Aaxvnoi) ; McLean 2002 n° 214 (Akôren, funéraire). n° 139100) (Oduncu A AstraKalesi même: Thouththourbia, : inscription n° commémoration 1 ; Bean - Mitfordde construction 1970 n° 112: xr|v (Yenisaray, oi.Koôo|ar|v restesbux d'une tekveltou dédicacesic...), ; cf. BEn° 224 1972(Ahat : n° 509), Kôy, Ennenek, funéraire, signature : ôux T£xvtn:ou...), n° 226 (Damlaçah, Ermenek, dédicace, signature x£XV£i[xcov]), n° 228 (Garagara funéraire, signature [ô]ià xexveîxou...), n° 275 (Fariske, Pharax, funéraire, signature xEXVLxrjç...) ; Laminger-Pasher 1992 (Akviran) = MAMA 8, n° 78. 101) Cf. Mango 1966 : 358-365, qui réunit les témoignages littéraires Malalas (Isauriens ayant prit part à la construction de Sainte-Sophie à Constantinople) ; Cyrille de Scythopolis (deux frères, Théodoulos et Gélasios, originaires d'Isaurie participèrent au VIe siècle à la construction du Lavra de Sabas et de ses annexes (boulangerie et infirmerie), ainsi qu'à la grande église de Marie, dans la vallée du Cédron, entre Jérusalem et la Mer Noire) ; plusieurs passages de La vie de Saint Syméon le Jeune (participation d'artisans Isauriens à la taille des pierres et plus généralement aux travaux de construction, du monastère à Antioche, sur le Mont Admirable) ; sur ce témoignage, voir Van den Ven 1 962 et 1 970, qui p. 92 n. 1 insiste sur un recrutement d'artisans Isauriens, venus d'abord en tant que pèlerins, relativisant ainsi les propos de Mango sur le rôle des Isauriens ; voir aussi Dagron - Callot 1998 55-70.

ASTRA EN ISAURIE

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Fig. 11 : Inscription n° 12.

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A to 7ioovdiov TOÛ 7i£o l[36Aou B Ivco vvcu ATiiAaAaç laauQoç èk tcô[v] C lôicov KaT^uvrrv too All

Fig. 10 : Inscription n° 11. 13. Dédicace à Zeus Astrenos et consécration d'une personne au dieu Sterrett 1888 : n° 66 : trois blocs d'architrave : A, B et C, trouvés dans le temple de Zeus ; Hereward 1958 : 73, reconnaît le nom Apilalas gravé sur le bloc B (SEG 17 : n° 675) ; Bean - Mitford 1970, qui n'ont pas retrouvé le C, ont lu sur le bloc A une seconde inscription de 5 lignes, plus tardive et gravée dans l'angle supérieur droit de la pierre, que leurs prédécesseurs n'avaient pas vue : n° 124, ph. n° 108 (fragment A). Cf. : Naour - Drew-Bear 1990 : 2042, n. 517 (exemples de constructions ou éléments de bâtiment consacrés par des particuliers à des divinités) ; pour le second texte gravé sur le fragment A : Debord 1982 : 123 (répertorie les mentions de personnes consacrées à une divinité) ; Hùlsen 2008 : 84, note 250 (consécration d'esclaves). G. E. Bean et T. B. Mitford soulignent les lettres qu'ils n'ont pas vues et disposent le texte ainsi :

Ils reconnaissent, à la fin du bloc A, la moitié d'un oméga, et notent au début du bloc B, la fin d'une lettre qui ressemblerait à un nu, d'où INQNNAI : le nom du dédicant suivi de son patronyme ArcLAaAaç : "If we are correct in supposing that no letter is lost, we are faced with a name Ivrowat (sic) not ortherwise known in any form ; whereas A7iiAaAaç is certain. It is tempting to emend to Ivcovva AniAaAa{ç}, on the assumption that the lapicide has blundered". Inônnai Apilalas d'Isaura a fait réaliser le pronaos du péribole à ses frais en l'honneur de Zeus, à la suite d'un vœu. Le nom Inônnai n'est pas du tout assuré. Le nom féminin Ivvaoç, nouveau, apparaît dans l'inscription n° 23 102. Le nom ATiiAaAaç ne se rencontre que dans les inscriptions d'Astra, notamment dans l'inscription n° 3 qui fait connaître : Zeudas fils d'Indous petit-fils d'Apilalas, prêtre d'Isaura. A quoi correspond le nçavàiov toû 7I£ql|3ôAou ? L'inscription n° 1 évoque un tolxoç, sans doute le mur d'enceinte du bourg. Ici, on aurait le mur d'enceinte d'un sanctuaire (7T£Ql(3oAoç), auquel serait adossée une petite construction, un petit édicule comparable à l'entrée d'un temple (7TQO7iuAaLOv), soit une sorte de vestibule du mur d'enceinte : un petit pavillon marquant l'entrée du péribole du sanctuaire103.

102) Voir commentaire, avec aussi un renvoi à Zgusta sur les noms commençant par Iv- fréquents en Isaurie. 103) Le mot nçavâiov n'aurait pas été employé correctement, ou plutôt, dans ce contexte local, aurait peut-être pris un sens nou-

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AMELIE ROYER et HASAN BAHAR

Sur le bloc A dans l'angle supérieur droit, au-dessus du texte précédent, G. E. Bean - T. B. Mitford ont lu: All AoTQr]vcp Aqclqol AAklou koi tolqoloiv 4 £v£,a\ir\vr\ àvr\Qr\Ka. L. 2 : Bean - Mitford proposent, sans trancher, deux interprétations quant à la forme du nom Aàkiou : "either an indeclinable Aàkiou or AAklou [v] ; but whereas Aoaoa is well attested in Isauria and Cilicia, Aàkiou, Aàklouç and, for the matter, AAkloç are unknown to Zgusta". En note : "But possibly AÀKiaç or ' Aàkloç in the genitive, to give the patronymic of Aoaoa". C'est cette dernière proposition, adoptée par Laminger-Pascher104, que nous retenons. Mais alors, que faire du xai à la ligne suivante ? Nous supposerons que cette inscription était accompagnée d'une autre dans laquelle Arara fille d' Alkios ou d'Alkias avait déjà consacré une autre personne. L. 4 : eù£,aLir)vr] 1. ev£,a\Aévr\ ; L. 5 : àvr)9r)Ka 1. àvé0r)Ka. Arara fille d'Alkios ayant fait un vœu a aussi consacré Tarasis à Zeus Astrenos. Cette inscription commémore la consécration faite par une femme (seule contractante) à Zeus Astrenos d'un individu, désigné par son simple idio-

nyme105. L'inscription ne précise pas le statut des personnes en présence, la nature de leurs relations, celles passées et à venir, ou autrement dit les conséquences de cette consécration, sans doute aux effets immédiats, pour elles106. Seul le motif, religieux et courant, est exprimé par le verbe euxP|J.ai, et le suivant, àvcn:i6r)|ai, insiste bien sur le caractère religieux de l'acte107. Ici, nous pensons que par cet acte de consécration le personnage consacré acquiert le statut d'esclave sacré (teQÔôouAoç)108. Il ne s'agit pas d'un affranchissement109. Certes, ils sont, par rapport à leur ancien maître, affranchis (si l'on considère qu'ils étaient esclaves), mais ils deviennent les esclaves de Zeus Astrenos, qui dorénavant les protège et à l'égard duquel ils contractent un certain nombre d'obligations, comme un service au temple110, un service permanent ou les jours coutumiers111. La dédicante est peut-être elle aussi une esclave sacrée bien qu'elle ne soit pas désignée comme telle112. On connaît des consécrations d'individus faites par des esclaves sacrés ; les consacrés étant alors des enfants "leur appartenant"113. Le nom Aqolqol, bien connu en Isaurie, d'où provient la plupart des attestations114, doit être d'origine hittite115. Le nom Tolqoloiç est également associé à l'Isaurie, non seulement par ses nombreuses attestations, no-

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104) Laminger-Pascher 1973 76, n. 52 "Der Stein hat Alkiou, also wohl Patronymikon und daher Genitiv". 105) Un second exemple est fourni à Astra par l'inscription n° 2 où le couple honoré ne porte pas de patronyme. 106) Les implications de cet acte de consécration devaient constituer une évidence pour tous ou relever d'un régime commun. De plus, notre inscription n'est peut-être que l'extrait d'un texte plus développé, déposé aux archives du sanctuaire de Zeus Astrenos, le dieu dédicataire. 107) Sur la question controversée des conséquences induites par les actes de consécration d'esclave en Macédoine à l'époque romaine (libération des personnes consacrées soit acte d'affranchissement par consécration, avec parfois une liberté plus ou moins conditionnée, ou bien simple transfert de propriété de l'ancien maître vers la divinité), voir Hatzopoulos 2000 : 33-38. Sur cette même question à propos de la nature des KOLTayQacpai du sanctuaire d'Apollon Lairbenos, en Phrygie, voir Ricl 1995 169, n. 1 1. 108) Ils apparaissent dans deux inscriptions d' Astra n° 23 (un couple d'esclaves sacrés est l'auteur d'une offrande votive) et n° 66 (un esclave sacré de Zeus Astrenos offre une somme d'argent au dieu en accomplissement d'un vœu) ; sur les esclaves sacrés et la réalité que recouvre le terme de leqôôouâoç, une réalité différente suivant les lieux et les époques : Papazoglou 1981 172 ; Ricl 2001 : 140. 109) Bean - Mitford 1970 "It would seem that Arara has dedicated two slaves for temple service as leqôôouàol, and that they were thus in effect emancipated". 110) L'inscription est d'ailleurs gravée sur le mur du nçovàiov xoù 7I£ql(36Aou, nommé par le texte précédent. 111) De telles précisions sont données dans la série des inscriptions du sanctuaire de la Mère des Dieux à Leukopétra sur le territoire de Béroia, par la formule xàç £9i|aouç r)|aÉoaç ou èopxàç : cf. Hatzopoulos 2000 50-52. 112) A la différence des esclaves sacrés mentionnés dans les inscriptions n° 23 et n° 66, dont les noms sont aussi suivis d'un patronyme (avec peut-être un cas de matronyme). 113) Des exemples en Macédoine au sanctuaire de la Mère des Dieux Autochtones à Leukopétra Hatzopoulos 2000 : n° 39 (Maria, esclave sacrée de la Mère des dieux consacre une fille qu'elle avait achetée à sa naissance et élevée), n° 109 (Dionysos esclave sacré de la Déesse Autochtone fait don à sa maîtresse d'un garçon lui appartenant et qu'il a élevé), n° 1 12 (Pasithéa esclave sacrée de la Mère des Dieux Autochtones fait don à sa maîtresse d'un garçonnet), etc. ; sur cette série d'inscriptions Ricl 2001 140-144. En Pisidie à Kaunar Kalesi, Kestel Claudia fille de Manès petite-fille de Psekas consacre à Koré et Pluton une statue de bronze et sa fille la ainsi que les enfants de cette dernière Bean 1960 : n° 97 (SEG 19 n° 828). 114) A Saraycik : Sterrett 1888 : n° 59 ; Isaura : Swoboda 1935 : n° 158, 163, 166, 167, 207 ; sur le territoire des Gorgoromeis, à l'Est du lac Trogitis Hall 1971 n° 15 ; à Kara Sinir Laminger-Pascher 1992 : n° 33 (Kara Sinir situé au Nord-ouest de Gûdelisin) ; en Cilicie, on le rencontre à deux reprises à Kanytelis (Kanlidivan ; à environ 10 km au Nord de Korykos) rééd. par Hagel Tamaschitz 1998 132 (Kan 4) et 135 (Kan 14). 115) Cf. Laroche 1960 : n° 133 ; id. 1966 : § 115, avec Arara, prince de Kargamis.

ASTRA EN ISAURIE

Fig. 12a : Inscription n° 14.

165

Fig. 12b : Inscription n° 14.

tamment à Isaura et à Artanada116, mais aussi car il entre au Ve siècle en composition du nom primitif de l'empereur Zenon117.

Ai)or[Aioc riauAetvoc T£8OL7I7IOV £K TGJV 15 1cov Kai xà àyà\\xœza Kara £_S2XÏJV T°û naxQOÇ vac. çwtov vac.

14. Consécration (pour Zeus Astrenos) (Fig. 12a et b) Hereward 1958 : n° 21, fig. 23 (SEG 17 : n° 674) : base de pierre grise découverte près du temple de Zeus. Sous l'inscription de 7 lignes, se trouvaient les reliefs d'un bouclier et d'un épieu ; Bean Mitford 1970 : 130, n. 30, ont retrouvé cette inscription dont seules les 4 dernières lignes étaient conservées ; ne subsistent aujourd'hui que les restes des 3 dernières lignes. H. 0.80, L. 0.61, Ep. 0.27 ; lettres 0.05. Cf. : J. et L. Robert, BE 1959 : n° 454 (notes critiques) ; Robert 1959 : 215 (L. 5-6, Kocxà TOÙ TICtTQÔç).

L. 2 : nQ£LCTKLaVOÛ E£ICTICJ)£QVOU Ela.), Hereward ; L. 5 : à la fin de la ligne : KA, Hereward sur son fac-similé, mais les deux dernières lettres de Kaxd sont bien visibles sur la pierre. Aurelius Pauleinos fils de Preiskianos petit-fils de Sisiphernès arrière petit-fils d'Apilalas a consacré le quadrige à ses frais et les statues selon le vœu de son père. Par cette inscription, un personnage (nommé d'après 4 générations), consacre au Zeus d'Astra : un quadrige (celui du dieu) ainsi que plusieurs statues de culte. L'intérêt de cette inscription réside surtout dans la présence du nom perse Sisiphernès118 qui atteste :

:

:

:

:

116) Cf. Zgusta 1964 : § 1508-1. Ajoutons pour lTsaurie à Thouththourbia : Bean - Mitford 1970 : n° 143 (Oduncu Kalesi) ; au Nord d'Isaura : McLean 2002 n° 130 (Kusça) et 131 (Avdan) ; à Alahan Harrison 1985 : 21-34. 117) Le nom primitif de cet empereur originaire d'Isaurie est l'objet de discussion, en partant des sources littéraires qui le font connaître sous deux formes (Tarasis fils de Kodissas ou Tarasikodissas). Or, la forme composée est confirmée par sa lecture sur un reliquaire d'argent provenant de Çirga en Isaurie Buschhausen 1971 199-203 ; cf. Feissel 1984 : 564-565, n. 105. 1 18) Ce nom se rencontre trois autres fois dans les inscriptions d'Astra : n° 20, 21 et 36.

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AMELIE ROYER et HASAN BAHAR A : H. 0.44, L. 0.54, Ep. 0.36 ; lettres : 0.04. A

2

Fig. 13 : Inscription n° 15 (Bloc A). d'un ancien peuplement perse dans la région119. En fait, c'est aussi la latinisation des noms les plus récents, portés par les plus jeunes générations que cette inscription révèle, ou autrement dit, les peuplements successifs dans la région : indigène, perse, gréco-romain. Pour le nom AniAaAaç, voir les inscriptions n°3, 13, et 19. 15. Ex-voto 13) Sterrett 1888 : n° 68 : deux blocs, A et B, trouvés dans les ruines d'un bâtiment rond, à l'Est du temple de Zeus ; Bean - Mitford 1970 : 130, n. 29, retrouvèrent le bloc A : un bloc de calcaire incomplet, à deux fasces inscrites et surmontées d'une moulure.

[

Ze]uôa Kai ol a[

[

Touç[

1

B (perdu) vu par Sterrett ]kou Kai Ki|3a[

Aucun élément ne permet de connaître la répartition et la longueur des compléments à apporter. L. 1 : Le nom de personne Zeuôaç au génitif, attesté à Astra, est reconnu par Sterrett120 ; après Kai, trois lettres sont visibles (un carré pour omicron, un iota et un sigma carré), et les traces d'une 4e lettre, formant une sorte d'angle droit, dont ne tiennent compte ni Sterrett Oia[ Al]l, ni Bean - Mitford : Kai ol o[vv àl]l, avec ensuite ÂaxQrjvà) [tô(v) ]. L. 2. : [Km:] eùx^v, Sterrett ; [à7ir|QTicrav ] £Ùxr]v, Bean - Mitford ; après £Ùxr]v : TOT, plus une lettre détériorée, un epsilon selon Bean - Mitford, pour former le nom de personne Tour)ç au génitif121, proposant : Toue[ouç nç>£La]KOU ? KalKi|3a[Àioç — ], soient des noms qui, avec Zeudas, sont tous attestés à Astra, parfois même dans une même inscription, et portés par des parents122. Un édifice ou élément architectural est dédié, en ex-voto (eùxrlv)' au Zeus local, Zeus Astrenos, par des individus dont nous ignorons le statut (des particuliers, des personnages liés au culte (prêtres, esclaves sacrés), les liens qui les unissaient (parents ou non), avec des noms de personnes qui reviennent régulièrement dans les inscriptions (même personnages ou fond commun de noms dans lequel on puise). 16. Dédicace d'une arche à Zeus Astrenos (Fig. 14a, b et c) Bean - Mitford 1970 : n° 126 (ph. du bloc A) Trois blocs de calcaire A, B (contigu) et C (incomplet), appartenant à une arche, trouvés à 40 m à l'Ouest du petit hémicycle, parmi des blocs éboulés. L'inscription de deux lignes (chaque ligne sur une fasce) est surmontée d'une moulure en partie conservée. A : H. 0.37, L. 0.51, Ep. 0.65 ; lettres : 0.08-0.084 ; B : H. 0.42, L. 0.47, Ep. 0.65 ; lettres : 0.08-0.085 ; C : H. 0.51, L. 0.42, Ep. 0.53 ; lettres : 1er ligne : 0.085, 2e ligne : 0.07.

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:

119) Sur la persistance à l'époque impériale de l'onomastique, de la toponymie et des cultes iraniens dans de nombreuses régions d'Asie Mineure (Ionie, Carie, Lycie, Phrygie, Lycaonie, Pisidie et Cappadoce) mise en évidence par Robert (cf. notamment 1978 283286), voirBriant 1985 167-195. 120) Sur ce nom, voir les inscriptions n° 3, 19, 22, 27, 67. 121) Sur ce nom, voir l'inscription n° 67. 122) Ainsi on connaît Zeuôaç Tour|ou (inscription n° 22), Toueaç KiPaÀioç (n° 23), et Zeuôaç lIçeiaKou (n° 27).

ASTRA EN ISAURIE

167

Ni Fig. 14a : Inscription n° 16 (Bloc A).

Fig. 14c : Inscription n° 16 (Bloc C). Plutôt qu'une impératrice "possibly Mariniana, the shortlived wife of Valerian. But it is now thought that she may never have worn the purple"125 : %f\ kvqwl [ ] OùaÀe[QLavoi3 Ee[3aaTOÛ ], on suivra J. et L. Robert en écrivant : ttj kvqIol [AOrjvà ]126. Ensuite : OùaÀé[Qioç suivi d'un patronyme au génitif, puis un autre anthroponyme au nominatif au début de la ligne 2, suivi d'un patronyme au génitif se terminant en xa.

Fig. 14b : Inscription n° 16 (Bloc B).

I

I

I

I

Fragment A Fragment B Fragment C [All 'AaTQT]]và) kcù t rj kuqlcx [À9r]vâ ] OùaÀé[ç>ioç [ ] Ta kouq euç è[noir]OEV xf]v] i|)123aÀLÔ124[a

]

123) Bean et Mitford ont lu cette lettre dont il reste des traces. 124) Id. ont vu un delta complet dont il ne reste rien aujourd'hui. 125) Bean - Mitford 1970 : 133. En outre, on sait que dans les inscriptions, le nom du membre de la famille impériale vient à la première place, précédant le nom de la divinité. 126) BE 1972, n° 514, comparant Bean - Mitford 1970, n° 226-227 (non pas n° 547 selon les Robert, loc. cit.) dans le territoire de Germanicopolis : xr\ kvqux ÀOrjvâ.

AMELIE ROYER et HASAN BAHAR

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18. Commémoration d'une construction (epyov) Bean - Mitford 1970 : n° 122, ph. n° 107. Bloc de calcaire crayeux à deux fasces et au couronnement démaigri qui devait appartenir à une arche ; trouvé à proximité du petit hémicycle. L'inscription est gravée en lettres régulières, sur deux lignes, chacune sur une fasce. Elle se poursuivait sur les autres blocs à gauche et à droite. Lettres : 0.035-0.034. .lÀiaa Avq. npe[

] tô eQyov çk [tcov Lôlgjv1

L. 1 : à la gauche du lambda, une haste verticale ; Bean Mitford reconnaissent un nom féminin se terminant en ikiaa, celui de la fille du personnage ensuite nommé, sans donner d'exemple. Seul le nom connu mais rare de BaoiAioa pourrait correspondre128 ; à la fin de la ligne la dernière lettre tenue pour être un epsilon pourrait être un omicron (Bean - Mitford). Sur la photographie qu'ils publient, la dernière lettre visible sur la pierre est le rho ; néanmoins leur restitution du nom riQelaKOç est tout à fait plausible, celui-ci étant déjà connu à Astra (ici, inscription n° 27, avec celui de nQEicnaavôç (n° 14 ; L. 2 : à la fin de la ligne, une haste verticale. Fig. 15 : Inscription n° 17. A la ligne 2, G. E. Bean et T. B. Mitford ont créé l'ethnique "KouçeOeuç"127, mais nos photographies montrent qu'il n'y a de la place que pour une lettre au début du fragment B. 17. Fragment d'une arche (Fig. 15) Bloc trouvé à proximité de l'inscription précédente, complet avec couronnement, à deux fasces inscrites en grandes lettres. H. 0.43, L. 0.30, Ep. 0.72 ; lettres : 0.085 (lre ligne), 0.07 (2e ligne).

Le texte lacunaire, le lieu de découverte support qui le porte, ainsi que le terme vague £QYov129 ne peuvent permettre de déterminer nature de l'édifice concerné, mais attestent bien la vitalité de l'activité édilitaire à Astra.

du de la de

19. Commémoration de construction (Fig. 16) Bean -Mitford 1970 :n° 127. Fragment d'un bloc de calcaire crayeux trouvé dans le secteur du petit hémicycle, portant une inscription de 4 lignes, complète à droite et gravée dans une tabula ansata. Trait de réglage au-dessus et audessous de certaines lignes de l'inscription. H. 0.43, L. 0.24, Ep. 0.30 ; lettres 0.015. [O ôelva ZJeuôâ Tlç[eLCTKiavoû ? A]7iiAaÀa [àvé
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