A propos de \"Cartes postales\" deChantal Spitz.docx

June 1, 2017 | Autor: Titaua Porcher | Categoría: Francophone Literature
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Descripción

Qu'on se le dise, le recueil de nouvelles Cartes postales est un objet rare. Rare, d'abord parce qu'il appartient à la littérature francophone océanienne qui, malgré l'intérêt grandissant de la critique pour cette littérature des antipodes-notamment à travers le prisme des études postcoloniales-reste peu connue. Rare également par la forme originale des pièces elles-mêmes, à mi-chemin entre la nouvelle et le poème en prose. Rare enfin parce qu'en dépit de ce que son titre pourrait laisser imaginer, les nouvelles de Chantal Spitz ne nous bercent pas d'images de plages de sable blanc, de ciels éternellement bleus ni de vahinés languides. On n'en n'est d'ailleurs pas très surpris lorsqu'on connaît quelque peu l'auteure, première romancière tahitienne francophone, qui publia avec L'Île des rêves écrasés en 1992, le premier roman autochtone de l'histoire polynésienne. L'idée de ce roman anticolonialiste était de raconter l'histoire de cette partie du monde depuis la rencontre avec les premiers navigateurs jusqu'aux essais nucléaires, cette fois-ci vue de l'intérieur, vécue par une famille polynésienne et, par un « lavage de cerveau à l'endroit », de raconter une histoire « autre » : Autre que la vérité historique académique estampillée référencée labélisée Dites depuis plus de 150 ans par une litanie de brillants spécialistes formés aux universités de la république l'histoire officielle1. Ce qui apparaît clairement, c'est que ces « cartes postales » se situent résolument dans la même lignée : raconter l'envers du décors, dévoiler ce qu'on n'attendait pas sous le soleil du Pacifique. Ici, il s'agit de faire toucher du doigt la violence dans tous ses états, la misère humaine, les souffrances non dites. La mort rôde à chaque page et l'univers de ces personnages est un univers fondamentalement tragique. Il s'agit de tordre le cou à ce mythe tahitien qui a fait tant de tort aux Polynésiens eux-mêmes en les empêchant de se dire et de raconter leur vérité sur l' « âme polynésienne ». Ainsi, dans ses Pensées insolentes et inutiles, Chantal Spitz l'auteure fustigeait-elle Le Mariage de Loti, fleuron de la littérature exotique ayant contribué à propager le mythe exotique: Non je n'aime pas « Le Mariage de Loti ». Non je n'aime pas Pierre Loti. Non je n'aime pas le roman la littérature exotiques liés au mythe Vivant par le mythe Se nourrissant du mythe Enfantant du mythe Non. Définitivement je n'aime pas le mythe Ce mythe qui m'entrave Ce mythe qui mutile mon peuple2
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