[Temporal disconnection as an alternative treatment for intractable temporal lobe epilepsy: techniques, complications and results]

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Neurochirurgie 54 (2008) 297–302

Rapport 2008 : Traitements chirurgicaux de l’épilepsie Diversification des techniques chirurgicales

Déconnexion du lobe temporal dans les épilepsies temporales pharmacorésistantes : techniques, complications et résultats Temporal disconnection as an alternative treatment for intractable temporal lobe epilepsy: Techniques, complications and results S. Chabardès a,∗ , L. Minotti b , S. Hamelin b , D. Hoffmann a , É. Seigneuret a , R. Carron a , A. Krainik c , S. Grand c , P. Kahane b , A.-L. Benabid a a

b

Pôle tête, cou et chirurgie réparatrice, hôpital Michallon, clinique de neurochirurgie, CHU de Grenoble, B.P. 217, 38043 Grenoble cedex, France Unité de physiopathologie de l’épilepsie, pôle neurologie-psychiatrie, hôpital Michallon, CHU de Grenoble, B.P. 217, 38043 Grenoble cedex, France c Unité de neuroradiologie, pôle de radiologie, hôpital Michallon, CHU de Grenoble, B.P. 217, 38043 Grenoble cedex, France Disponible sur Internet le 15 avril 2008

Abstract Temporal lobe epilepsy (TLE) is the most common form of intractable partial epilepsy in adults. Surgery (lobectomy or amygdalohippocampectomy) is effective in most patients. However, some complications can occur and brain shift, hematoma into the post operative cavity and occulomotor nerve palsy have been reported due to the surgical technic. We report the technique, safety and efficacy of temporal disconnection in nonlesional TLE. Forty-seven patients (18 males, 29 females; handedness: 12 left, 33 right; aged 35 years ± 10; mean duration of epilepsy: 24 ± 10 years) underwent temporal disconnection (20 left, 27 right) guided by neuronavigation. Sixteen patients (35 %) underwent additional presurgical evaluation with SEEG. The outcome was assessed using Engel’s classification. At the two-year follow-up, 85 % of the patients were seizure-free (Engel I), 26 (58 %) of whom were Ia. Postoperative persistent morbidity included mild hemiparesis (n = 1), mild facial paresis (n = 1), quadranopsia (n = 23) and hemianopia (n = 1). Verbal memory worsened in 13 % of cases when the disconnection was performed in the dominant lobe. MRI follow-up showed two cases of nonsymptomatic thalamic or pallidal limited ischemias, two cases of temporal horn-cystic dilatation, one requiring surgical reintervention without sequelae. There was one case of postoperative phlebitis. In the seizure-free patient group, postoperative EEG showed interictal temporal spikes at three months, one year and two years located in the anterior temporal region. Temporal disconnection is effective, prevents the occurrence of subdural cyst and hematomas in the temporal cavity, prevents the occurrence of oculomotor palsy, and limits the occurrence of quadranopsia. However, comparative studies are required to evaluate temporal disconnection as an alternative to lobectomy in nonlesional TLE. © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Résumé L’épilepsie du lobe temporal est la forme la plus fréquente d’épilepsie partielle chez l’adulte. La chirurgie (lobectomie ou amygdalohippocampectomie) permet de guérir les patients dans la plupart des cas. Cependant, des complications dues à la technique chirurgicale peuvent survenir et il a été rapporté des hématomes ou des ptoses cérébrales dans la cavité opératoire, et des paralysies occulomotrices. Nous rapportons dans la présente étude la technique, les complications et les résultats des déconnexions temporales. Quarante-sept patients (18 hommes, 29 femmes, latéralité : 12 à gauche, 33 à droite, âgés de 35 ± 10 ans, durée moyenne de l’épilepsie : 24 ± 10 ans,) ont été traités par déconnexion temporale (20 à gauche, 27 à droite) sous neuronavigation. Seize patients (35 %) ont eu un bilan préchirurgical par SEEG. La classification de Engel a été utilisée pour évaluer le contrôle des crises. Deux ans après la chirurgie, 85 % des patients étaient libres de crises (Engel I) et 26 (58 %) d’entre eux étaient totalement libres de crises (Engel Ia). Les complications postopératoires ont consisté en une hémiparésie légère permanente, une parésie faciale légère permanente, 23 quadranopsies et une hémianopsie. La mémoire verbale a été aggravée chez 13 % des patients pour qui la déconnexion a été faite du côté dominant pour le langage. Le contrôle IRM a montré deux lacunes asymptomatiques thalamique ou pallidale, deux dilatations kystiques de la corne temporale dont un cas a nécessité une reprise chirurgicale ∗

Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (S. Chabardès).

0028-3770/$ – see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.neuchi.2008.02.008

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sans séquelle. Un patient a présenté une phlébite postopératoire. Aucun saignement postopératoire n’a été noté ni aucune paralysie oculomotrice. Chez les patients libres de crises, l’EEG postopératoire a montré des pointes interictales à trois mois, un an et deux ans localisées en regard du pôle temporal. La déconnexion temporale est une technique efficace, permet d’éviter les décollements sous-duraux et hématomes postopératoires, limite le pourcentage de quadranopsies et prévient le risque de paralysie oculomotrice. Cependant, des études plus larges sont nécessaires pour valider cette technique chirurgicale en tant qu’alternative à la lobectomie temporale antérieure. © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Keywords: Epileptic surgery; Disconnection; Temporal lobe epilepsy Mots clés : Chirurgie de l’épilepsie ; Déconnexion ; Épilepsie du lobe temporal

1. Introduction L’épilepsie du lobe temporal est la forme la plus fréquente d’épilepsie partielle pharmacorésistante. Le syndrome d’épilepsie mésiale du lobe temporal (Cendes et al., 1993) est la forme la plus classique où la zone épileptogène intéresse l’hippocampe sclérotique, le gyrus parahippocampique, le noyau amygdalien et souvent le pôle temporal (Chabardès et al., 2005). Le traitement est chirurgical dans la grande majorité des cas, car ce syndrome est rapidement pharmacorésistant. Depuis plus de 40 ans, la chirurgie consiste le plus souvent en une lobectomie temporale antérieure incluant les structures hippocampiques et parahippocampiques, le noyau amygdalien et le pôle temporal (Falconer, 1965). Certains auteurs ont proposé (Wieser et al., 2003 ; Yasargil et al., 1993) une résection limitée à l’hippocampe, le gyrus parahippocampique et le noyau amygdalien (amygdalo-hippocampectomie sélective, AHS), afin d’épargner le néocortex latéral et temporobasal. Les épilepsies temporales néocorticales ou latérales sont souvent associées à des lésions plus ou moins bien identifiées en IRM (tumeur épileptogènes, dysplasies. . .) et leur traitement se résume alors à une lésionectomie, une lésionectomie associée à une gyrectomie ou bien une lobectomie temporale latérale plus ou moins étendue aux structures mésiales. Dans la cas d’épilepsie mésiale cryptogénique où seule une sclérose hippocampique associée ou non à une « gliose » du pôle temporal sont identifiés sur le bilan radiologique préopératoire, l’exérèse de la zone épileptogène pourrait être évitée, à condition qu’elle soit totalement déconnectée du reste de l’encéphale. Des techniques de déconnexion ont déjà été utilisées chez l’enfant dans le traitement d’épilepsies dites « catastrophiques » intéressant tout un hémisphère (Delalande et al., 2007 ; Villemure et Daniel, 2006) avec des résultats sur le contrôle des crises comparables à ceux obtenus après une hémisphérectomie anatomique classique. Le but est alors de limiter le volume de la cavité résiduelle qui peut être à l’origine d’hydrocéphalie, de décollement sous-dural, d’hématome postopératoire dans la cavité opératoire et enfin de dépôt d’hémosidérine à la surface du cortex (Falconer, 1969 ; Falconer et Wilson, 1969). Dans d’autres cas, il peut apparaître moins dangereux de déconnecter une structure sans la réséquer, comme, par exemple, dans certains cas d’hamartomes hypothalamiques, ce qui diminue le risque de lésion des tissus avoisinants. Cette réflexion nous a conduits à réaliser des déconnexions temporales antérieures et mésiales pour traiter les patients présentant une épilepsie temporale sans lésion anatomique associée.

Nous rapportons dans cette étude notre expérience sur une série de 47 patients opérés à Grenoble de 1998 à 2006. 2. Matériel et méthodes La population de patients comprenait 18 hommes et 29 femmes, dont la moyenne d’âge était de 35 ± 10 ans. Parmi eux, il y avait quatre enfants (âgés de quatre à dix ans). La durée moyenne de l’épilepsie était de 24 ± 10 ans. Vingt patients présentaient une zone épileptogène du côté dominant pour le langage et 27 du côté non dominant. Chez tous les patients, le diagnostic d’épilepsie mésiotemporale ou mésiotemporopolaire avait été porté sur la base de l’exploration préchirurgicale classique (voir ci-dessous), mais 16 (34 %) patients ont nécessité une SEEG. 2.1. Bilan préchirurgical – sélection des patients Tous les patients inclus dans cette étude ont bénéficié d’un bilan préchirurgical de leur épilepsie comprenant un examen neurologique et neuropsychologique, un champ visuel et un monitorage vidéo-EEG des crises. Le bilan par IRM a consisté en l’acquisition de séquences T1 , T2 , flair et en « inversion récupération » dans les trois plans et dans le plan bihippocampique. L’IRM a permis de retrouver une sclérose hippocampique ipsilatérale dans 83 % des cas et un hypersignal polaire ipsilatéral dans 37 % des cas. Aucun des 47 patients ne présentait d’autre lésion visible sur l’IRM préchirurgicale. Lorsque cela a été jugé nécessaire (16 fois sur 47), une exploration par électrodes profondes (SEEG) a été réalisée, intéressant le lobe temporal (hippocampe, pôle temporal, noyau amygdalien, néocortex latéral et basal), la région operculaire et/ou l’insula. Les patients ont été sélectionnés pour une déconnexion temporale lorsque : • le bilan vidéo-EEG ou SEEG a confirmé qu’il s’agissait sans ambiguïté d’une épilepsie mésiotemporale ou mésiotemporopolaire ; • aucune lésion autre qu’une sclérose hippocampique ou un hypersignal polaire n’a été retrouvée sur l’IRM préopératoire. 2.2. Technique chirurgicale Les principes anatomochirurgicaux peuvent être résumés de la fac¸on suivante :

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Fig. 1. Schéma d’une déconnexion temporale gauche réalisée au travers d’une craniotomie circulaire par tréphine de 5 cm (cercle jaune). 1(A) : Gyrectomie partielle de la première circonvolution temporale (en vert) et déconnexion du néocortex latéral et basal ; 1(B) : déconnexion du hile temporal et ouverture de la corne sphénoïdale du ventricule latéral ; 1(C) : déconnexion du pli de passage frontotemporal à la partie supérieure du noyau amygdalien, déconnexion postérieure du gyrus parahippocampique et hippocampectomie postérieure rétrothalamique. Fig. 1. Diagram of left temporal disconnection performed through a 5-cm circular craniotomy using a trephine (yellow circle). 1(A): Partial gyrectomy of the first temporal convolution (green) and disconnection of the lateral and basal neocortex; 1(B): disconnection of the temporal hilus and opening of the sphenoidal horn of the lateral ventricle; 1(C): disconnection of the frontotemporal transitional gyrus at the upper part of the amygdaloid nucleus, posterior disconnection of the parahippocampal gyrus and retrothalamic posterior hippocampectomy.

• dans notre expérience la déconnexion nécessite l’utilisation d’un système de neuronavigation (Surgiscope, ISIS, Grenoble, France). La position sur table opératoire est sensiblement identique à celle d’une lobectomie avec toutefois le plan temporal discrètement déclive à 20 degrés de fac¸on à permettre au cortex latéral temporal déconnecté de s’affaisser dans la fosse temporale, facilitant ainsi l’abord des structures profondes sans utilisation d’écarteur. La craniotomie est faite grâce à une tréphine de 50 mm centrée sur le sillon T1 –T2 , le bord antérieur à l’aplomb du pli de passage frontotemporal et le bord postérieur se projetant en regard du plan de l’aqueduc de Sylvius ; • sous microscope opératoire, on résèque dans un premier temps la berge supérieure du gyrus temporal supérieur (GTS) qui est décollé par voie sous-arachnoïdienne du plan arachnoïdien de la vallée sylvienne jusqu’au hile du GTS. La limite postérieure de la déconnexion du GTS du côté dominant pour le langage suit les mêmes règles que celles d’une lobectomie temporale. En avant, le décollement sous-arachnoïdien du GTS suit le trajet du tronc sylvien et descend jusqu’au niveau de la citerne carotidienne qu’il n’est pas nécessaire d’ouvrir et contourne ainsi à sa face antérieure le pli de passage frontotemporal ; • on aborde ensuite au fond du sillon T1 –T2 la corne temporale du ventricule latéral, le plexus choroïde est récliné vers le haut sous un coton et le hile temporal est incisé grace à un aspirateur chirurgical à ultrasons (CUSA) d’arrière en avant jusqu’au renflement amygdalien. La face interne de l’hippocampe est décollée du plan arachnoïdien au contact de la fissure choroïdienne. Le respect de ce plan arachnoïdien évite l’ouverture de la fente de Bichat, permettant ainsi de respecter les vaisseaux cérébraux postérieurs et les branches de l’artère choroïdienne antérieure, la bandelette optique ainsi que la face latérale du tronc cérébral ;

• le cortex temporal latéral est incisé dans le plan frontal jusqu’au plan arachnoïdien de la base temporale. Le gyrus parahippocampique est sectionné dans le même plan ; • l’hippocampe est ensuite réséqué au CUSA dans son virage postérieur rétrothalamique ; • enfin, le pli de passage frontotemporal est incisé à la partie supérieure du noyau amygdalien dans un plan axial jusqu’au plan arachnoïdien de la citerne carotidienne qui n’est pas ouverte, laissant ainsi l’uncus qui est totalement déconnecté. Tout au long de l’intervention, veines et artères sont préservées obligeant à laisser des ponts vasculaires qu’il faut prendre soin de ne pas léser (Fig. 1). De plus, le caractère complet de la déconnexion ne peut être affirmé que si l’on prend soin d’identifier un plan arachnoïdien tout autour des limites de la déconnexion. Au cours de cette procédure, il peut être réalisé à la demande des biopsies pour étude anatomopathologique complémentaire. 2.3. Suivi des patients et contrôle des crises Les patients ont tous été revus trois mois, un an, deux ans, puis une fois par an après l’intervention avec un bilan neuropsychologique, un champ visuel et un enregistrement EEG. Les patients ont tous eu à j + 2 ou j + 3 une TDM cérébrale précoce complétée systématiquement d’une IRM encéphalique à trois mois et 24 mois postopératoires. Le contrôle des crises a été évalué selon la classification de Engel (Engel et al., 1993) au plus tôt 24 mois après l’intervention. 3. Résultats La déconnexion temporale a pu être réalisée chez les 47 patients chez qui elle avait été programmée. Aucune com-

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plication peropératoire n’est survenue motivant l’arrêt de la procédure chirurgicale ou nécessitant une conversion vers une lobectomie temporale classique. 3.1. Résultats sur le contrôle des crises Quatre-vingt-cinq pour cent des patients étaient libres de crises deux ans après la chirurgie (Engel I) et 58 % étaient totalement guéris sans aura (Engel Ia). Parmi les sept patients non guéris, un patient présentait des crises d’origine insulaire démontrée par une seconde SEEG postdéconnexion, un patient présentait une déconnexion incomplète de l’hippocampe postérieur, deux patients ont récidivé sous forme d’épilepsie généralisée lors de la décroissance des antiépileptiques et trois patients ont présenté une récidive tardive des crises (au-delà de trois ans) sans explication évidente. L’EEG de contrôle (Fig. 2) a montré dans la grande majorité des cas des pointes intercritiques temporales antérieures en regard de la zone déconnectée. Les tracés EEG postopératoires de patients non guéris ont montré une extension de la zone de projection des pointes intercritiques en dehors des régions temporale antérieure ou frontobasale. 3.2. Complications postopératoires et effets secondaires Deux patients (4 %) ont présenté un déficit neurologique permanent modéré (une parésie faciale, une hémiparésie) et un patient a présenté un déficit hémianopsique persistant. Parmi les

patients opérés du coté dominant pour le langage, six patients (13 %) ont présenté une aggravation de la mémoire verbale. Quatre patients (8,5 %) ont présenté une aggravation de la mémoire visuelle. Vingt-trois patients (48 %) ont présenté une quadranopsie latérale homonyme controlatérale. Nous n’avons observé aucune paralysie oculomotrice. D’un point de vue général, un patient a présenté une phlébite des membres inférieurs sans conséquence et aucune infection du site opératoire n’a été notée. 3.3. Contrôles radiologiques postopératoires (Fig. 3) Le contrôle tomodensitométrique précoce n’a retrouvé aucun hématome de la cavité opératoire ni œdème cérébral au niveau du lobe temporal déconnecté. Les IRM postopératoires à trois mois et deux ans ont essentiellement décelé une lacune asymptomatique thalamique ou pallidale chez deux patients, une dilatation kystique de la corne temporale chez deux patients (dont un patient a nécessité une reprise chirurgicale). Un patient avait une déconnexion incomplète de l’hippocampe postérieur. Aucun décollement sous-dural n’a été retrouvé ni sur l’IRM précoce à trois mois ni sur l’IRM tardive à deux ans. De la même fac¸on, sur les séquences T2 , aucun signe d’ischémie globale du lobe temporal déconnecté n’a été noté. Le cortex temporal déconnecté a paru plus atrophique au contrôle IRM à deux ans, mais nous n’avons pas fait d’étude volumétrique comparative. De même, par analyse visuelle simple, la zone de déconnexion s’est élargie d’un contrôle IRM à l’autre chez la plupart des patients. 4. Discussion L’étude que nous rapportons ici montre : • qu’il est chirurgicalement possible de déconnecter le lobe temporal d’un patient présentant une épilepsie pharmacorésistante ; • que cette déconnexion est suffisante pour garantir un taux de guérison identique à celui obtenu après lobectomie temporale antérieure ; • que le taux de complications postopératoires (notamment hématomes du site opératoire, décollement sous-dural et hydrocéphalie) semble être inférieur à celui rapporté dans la littérature ; • que la dissection sous-arachnoïdienne et l’absence d’ouverture de la vallée sylvienne et de la citerne carotidienne évitent les paralysies oculomotrices, certes transitoires, rapportées dans la littérature.

Fig. 2. EEG postopératoire après déconnexion temporale droite. Suivi à trois mois, un an et deux ans chez un patient libre de crises. Persistance des anomalies intercritiques, en regard du pôle temporal déconnecté (Fp2-F8 et F8-T4) et enregistrement d’une crise qui reste limitée à la zone déconnectée, sans traduction clinique. Fig. 2. Postoperative EEG after right-temporal disconnection. Follow-up at three months, one year and two years in a seizure-free patient. Persistence of abnormal interictal activity involving the disconnected-temporal pole (Fp2-F8 and F8-T4) and recording of a seizure that remained limited to the disconnected zone, with no clinical symptoms.

Les techniques de déconnexion en chirurgie de l’épilepsie ont été développées, afin de limiter les complications postopératoires dues à l’exérèse de zones épileptogènes volumineuses et notamment chez l’enfant chez qu’il est parfois nécessaire de réaliser une hémisphérotomie (Delalande et al., 2007 ; Villemure et Daniel, 2006). Par ailleurs, la déconnexion peut se justifier lorsque les structures avoisinantes de la zone épileptogène rend difficile ou dangereuse l’exérèse de cette dernière, comme dans

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Fig. 3. IRM postopératoire d’une déconnexion temporale gauche. La limite de la déconnexion est matérialisée par les flèches rouges. 3(A) : Limite de la déconnexion au niveau du néocortex latéral ; 3(B) : limite de la déconnexion au niveau du hile temporal, en regard du sillon insulaire inférieur et en dehors du plan de la corne sphénoïdale ; 3(C) : déconnexion du gyrus parahippocampique et de l’hippocampe qui a été réséqué dans sa portion postérieure ; 3(D) : plan axial de la déconnexion du néocortex basal ; 3(E) : résection de la berge supérieure de la première circonvolution temporale au niveau du pli de passage frontotemporal ; 3(F) : section du hile de la seconde circonvolution temporale et résection de la portion postérieure et supérieure du noyau amygdalien lors de la déconnexion du pli de passage frontotemporal. Fig. 3. Postoperative MRI of a left-temporal disconnection. The limit of the disconnection is indicated with red arrows. 3(A): Limit of the disconnection in the lateral neocortex; 3(B): limit of the disconnection in the temporal hilus involving the inferior insular sulcus and outside of the plane of the sphenoidal horn; 3(C): disconnection of the parahippocampal gyrus and the hippocampus, with resection of the posterior portion; 3(D): axial plane of the basal-neocortex disconnection; 3(E): resection of the superior edge of the superior temporal convolution at the frontotemporal-transitional gyrus; 3(F): section of the hilus of the middle temporal gyrus and resection of the posterior and superior portion of the amygdaloid nucleus during the frontotemporal-transitional gyrus disconnection.

le cas d’hamartomes hypothalamiques dont les manipulations chirurgicales nécessaires à son exérèse peuvent endommager les structures adjacentes ou être à l’origine de lésions vasculaires (Procaccini et al., 2006). Nous avons appliqué ce principe à la chirurgie du lobe temporal, afin d’en limiter les complications. Peu d’études ont décrit la technique de déconnexion (Chabardès et al., 2006 ; Chabardès et al., 2000 ; Smith et al., 2004) et aucune donnée n’est disponible concernant ses complications et ses résultats sur le contrôle des crises. Le taux de guérison à deux ans postdéconnexion est conforme à celui classiquement attendu après une lobectomie temporale et était de 85 % de classe I de Engel. Ce résultat est identique à celui obtenu dans notre centre après lobectomie (Chabardès et al., 2005). Parmi les complications les plus graves de la présente série, les déficits moteurs permanents et hémianopsique définitifs ont été de 2 % en moyenne. Sindou et al. ont rapporté récemment sur une série de 100 patients opérés par lobectomie temporale antérieure, trois déficits moteurs persistants (Sindou et al., 2006), taux proche de celui rapporté sur une plus large série par l’équipe de Bonn (Behrens et al., 1997). Ces taux sont similaires à ceux

retrouvés dans notre étude et nous permet donc de conclure que la technique de déconnexion n’est pas plus risquée vis-à-vis de la voie motrice que ne l’est une lobectomie classique. En revanche, nous n’avons constaté aucune hydrocéphalie, mais un patient a présenté un kyste temporal postopératoire ayant nécessité une reprise chirurgicale. Cette complication est présente dans 1 à 2 % des cas dans la littérature (Behrens et al., 1997 ; Sindou et al., 2006). De plus, la technique de déconnexion n’a été suivie d’aucune paralysie oculomotrice car elle ne nécessite pas l’ouverture de la vallée sylvienne ni de la citerne carotidienne, limitant ainsi le risque de parésies oculomotrices qui surviennent dans 3 à 13 % des cas et qui sont en général transitoires, mais peuvent durer plusieurs mois (Cohen-Gadol et al., 2006). De fac¸on surprenante, nous avons constaté que le taux de quadranopsie, qui survient dans notre expérience dans 80 % des cas de lobectomies et rapporté dans la littérature dans 50 à 80 % des cas de lobectomies (Krolak-Salmon et al., 2000 ; Tecoma et al., 1993), était de l’ordre de 48 %. Ce chiffre plutôt bas est possiblement du à un biais de sélection, car les épilepsies temporales les plus « typiques » ont été retenues pour la déconnexion, alors que dans certains cas d’épilepsie temporale

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néocorticale traitées par lobectomie, une extension plus postérieure de la résection néocorticale a parfois été nécessaire, pouvant expliquer une augmentation du taux de quadranopsie. Cependant, la nécessité de préserver la vascularisation néocorticale lors de la déconnexion a peut-être permis la préservation de fibres visuelles non déconnectées. Quand aux 13 % de complications mnésiques survenues lors de déconnexions réalisées du côté dominant pour le langage, ce taux est identique à celui retrouvé dans la littérature (Salanova et al., 2002), y compris dans des séries d’amygdalohippocampectomie sélective (Gleissner et al., 2002). 5. Conclusion La technique de déconnexion temporale est un traitement efficace des épilepsies pharmacorésistantes temporales. Les complications motrices et verbales sont proches de celles rencontrées après lobectomie temporale antérieure. En revanche, la déconnexion pourrait permettre d’éviter les décollement sousduraux ou les kystes de la fosse temporale qui nécessitent parfois un shunt, ainsi que la survenue de paralysies occulomotrices. D’autre part, le taux de quadranopsie après déconnexion est apparu être inférieur à celui rencontré après lobectomie, mais une étude plus systématique et plus large paraît nécessaire pour confirmer cette donnée. Références Behrens, E., Schramm, J., Zentner, J., Konig, R., 1997. Surgical and neurological complications in a series of 708 epilepsy surgery procedures. Neurosurgery 41, 1–9, discussion 9–10. Cendes, F., Andermann, F., Dubeau, F., Gloor, P., Evans, A., Jones-Gotman, M., Olivier, A., Andermann, E., Robitaille, Y., Lopes-Cendes, I., 1993. Early childhood prolonged febrile convulsions, atrophy and sclerosis of mesial structures, and temporal lobe epilepsy: an MRI volumetric study. Neurology 43, 1083–10837. Chabardès, S., Kahane, P., Minotti, L., Tassi, L., Grand, S., Hoffmann, D., Benabid, A.L., 2005. The temporopolar cortex plays a pivotal role in temporal lobe seizures. Brain 128, 1818–1831. Chabardès, S., Minotti, L., Hoffman, D., Kahane, P., Benabid, A., 2000. Cortical disconnection as an alternative treatment to frontal or temporal lobectomy. In: Epilepsia (Ed.), 54th International meeting of the American epilepsy society, Los angeles. Chabardès, S., Minotti, L., Hoffmann, D., et al., 2006. Temporal disconnection as a new alternative treatment for intractable temporal lobe epilepsy:

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