\"La República de los intelectuales\", in Francisco Morente (ed.), La rabia y la idea. Política e identidad en la España republicana. 1931-1936, Zaragoza, Prensas Universitarias De Zaragoza, 2016, p. 205-240

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Descripción

« La République des intellectuels »Le 14 avril 1931, bien qu’ils soient surpris par la proclamation de la République, les intellectuels espagnols croient avoir l’occasion de construire le régime qu’ils souhaitaient. Les plus progressistes d’entre eux voient dans ce processus une conséquence des révisions doctrinales qui avaient eu lieu à l’issue de la crise de 1917. Ils avaient imaginé le régime qui remplirait le vide que ne tarderait pas à laisser la Dictature de Primo de Rivera. Manuel Azaña assignait une tâche aux jeunes intellectuels de sa génération : «En matière politique, il nous faut entreprendre l’équivalent de la tâche de la génération littéraire de 98 ». Le résultat de leur engagement, ce fut la Seconde République. L’expression qui s’impose alors, «La République des intellectuels», forgée par Azorín et acceptée avec enthousiasme par les intéressés, n’a pas pour modèle celui que Thibaudet ou Bellessort avaient pu entrevoir dans la France de la IIIe République. Mais elle peut se justifier pour trois raisons : d’abord, elle signifie que le nouveau régime est le fruit de la lutte des intellectuels qui prétendent incarner toute la légitimité du nouveau pouvoir; elle rappelle aussi que s’ouvre en Espagne une période exceptionnelle de création intellectuelle de création intellectuelle et artistique, et enfin que l’on veut distinguer le travail intellectuel et que la question scolaire sera prioritaire. On connaît diverses versions idylliques de la rencontre du peuple et de l’intellectuel présenté comme un agent révolutionnaire, expression de la conscience populaire, à moins que ce peuple ne soit une créature docile qui aurait besoin de l’intellectuel pour légitimer son action.  Ces intellectuels incarnèrent brièvement et massivement le pouvoir législatif sans renoncer à leur rôle critique. Ortega prévoit ce qu’il nomme le « détrônement »  de l’intellectuel  qui aurait commis l’erreur de créer une culture pour d’autres intellectuels et non pour le commun des mortels. En 1936, la trahison des clercs que dénoncée par Julien Benda, dix ans auparavant, était un fait acquis, car « la République des intellectuels «  était difficilement compatible avec la « République des travailleurs ».
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