ÉLÉMENTS STRATÉGIQUES DE LA DIASPORA PORTUGAISE

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Descripción

GRAÇA, Pedro Borges (2009), Éléments Stratégiques de la Diaspora Portugaise, in Géoéconomie, nº 48, Institut Choiseul, Paris, pp.57-66

1. La tradition de l'émigration portugaise Les Portugais ont une longue tradition d'émigration, dont les origines remontent au fondement même de l´État dans le XIIe siècle. La lutte contre les Maures les ont poussés du Nord au Sud sur le territoire qui est aujourd'hui le Portugal, non seulement pour les combats et batailles, mais aussi pour coloniser les terres conquises, dans un mouvement connu dans l’Histoire comme le «reconquête chrétienne." Ce mouvement ne s'est arrêté que dans la moitié du XIIIe siècle, lorsque les Maures ont finalement été contraints de quitter l'Algarve. Deux siècles plus tard, un nouveau mouvement d'émigration est déclenché à partir de la conquête de Ceuta en 1415 et la découverte subséquente des terres africaines et des îles de l'Atlantique. En 1425 commence la colonisation de l'archipel de Madère et, peu de temps après, les Açores et le Cap-Vert. La découverte du reste du continent africain et le continent asiatique, dans le XVe siècle et le début du XVIe siècle, a provoqué une vague d'émigration flottant dans le sens que il y a eu une circulation intensive de portugais dans les voyages maritimes. Beaucoup d'entre eux ne sont pas retournés en raison du taux élevé de mortalité causée par les maladies et les naufrages, à un moment où le Portugal avait environ un million d'habitants. 1 Mais, a partir de la seconde moitié du XVIe siècle, il y a eu une émigration massive de Portugais en direction du Brésil, dans une regularité de plus de trois siècles qui de plus restera après l'indépendance dans le premier quart du XIXe siècle. Cette tendance a eu lieu à la fois dans la continuité du flux de l’émigration comme dans la dynamique de l'interaction culturelle dans le contexte local, par le biais d'une histoire singulier d'intégration et d'identité fondée sur une matrice de convivialité sociale tout à fait différente, par exemple, de la matrice de la coexistence sociale qui caractérise la société nord-américaine. En effet, cette singularité s’est traduit dans la politique brésilienne, de manière unique et extraordinaire, peut-être inconnu et inexplicable pour les autres Européens qui ont également vécu des histoires de colonisation d’outre-mer, le fait que D. Pedro était le prince héritier de la couronne portugaise et au même temps était à la tête du mouvement pour l'indépendance du Brésil. Pour l'Histoire, et bien marqué sur l’ espace lusophone, est resté ce moment du 7 Septembre 1822, lorsque devant son armée dans la ville de S.Paulo, D. Pedro avec l'épée dans la main a lancé contre le Royaume du Portugal le célèbre cri du Ipiranga: «l'Indépendance ou la Mort».2 Cette histoire, qui peut être interprétée sans grand effort par un chercheur comme un acte de trahison, ne se reflète pas en tant que tel dans l'Histoire du Portugal. Au lieu de cela, l'action de D. Pedro est signalé par les auteurs portugais 1

Joaquim Veríssimo Serrão, História de Portugal ,15 vols, Lisboa, Editorial Verbo, Vol. III [14951580], 3ªed, 2001, pp.218-223 2

idem, vol. VII [1807-1832], pp. 380-388. L’ Ipiranga c’est une petite rivière de S. Paulo.

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comme quelque chose de naturel, factuel. La même attitude a eu lieu au cours du XXe siècle dans de nombreux cas de Portugais qui se sont identifiés et ont rejoint les mouvements africains de libération nationale qui ont lutté contre la colonisation portugaise. Beaucoup d'entre eux, après l'indépendance, ont occupé et continuent a occuper des positions politiquement et socialement importants, et aujourd'hui encore leurs nationalités africaines sont naturellement pris en charge par eux et reconnus dans ces pays. Par exemple, dans le domaine des arts on peut voir le cas de l'écrivain mozambicain Mia Couto ou de l'écrivain angolais Pepetela. En effet, cette apparente attitude « d’indifférence patriotique" en vers le Portugal est susceptible d'être comprise à partir de l'observation que la perception ethnocentrique des Portugais a une base humaniste et universelle qui est la matrice de l'histoire ancienne et symboliquement représenté dans le caractère de Rafael Hitlodeu, le navigateur portugais protagoniste de l’ Utopia que Thomas More a écrit au début du XVIe siècle. Et l'humanisme universel est une caractéristique singulière de la culture portugaise, qui est le produit d'un chevauchement mélangé de celtes, ibères, romains, chrétiens, musulmans, germains, amérindiens, africains et orientaux que se manifeste aujourd'hui dans la manière dont les émigrants portugais facilement s’adaptent à un environnement social ou immédiatement visible dans la rapidité avec laquelle ils commencent a parler les langues locales. Les Portugais sont bien en mesure d'assumer la double nationalité de manière vraiment ambivalent du point de vue culturel, ce qui les rend susceptibles de développer une prise de conscience de la citoyenneté et de la participation politique dans les pays où sont immigrés, sans perdre les caractéristiques essentielles du modo de ser português, aussi traduit par le portuguesismo.3 En effet, la culture portugaise met l'accent sur la façon d'être, et non, par exemple comme la culture américaine, sur la façon de vivre (way of life). Mais, au-delà de cette capacité d'adaptation, c’est aussi un élement de la tradition de l’émigration portugaise l’attachement aux racines culturelles qui se reflète dans le maintien de leur identité par le biais des associations civiques dont la dynamique est souvent animée par des événements gastronomiques qui favorisent les liens sociaux et donc les contacts professionnels les plus divers. Un vieux dicton populaire portugais dit en vers que “comer e beber são o nosso prazer” (manger et boire sont notre plaisir). Et ce, tout simplement, est le plus fondamental et consistant facteur de la cohésion sociale des communautés d'émigrants portugais dans le monde entier. 2. Le Mouvement des Communautés Portugaises Depuis le XIXe siècle, le flux continue en première place dirigé pour le Brésil, mais les émigrants ont élargi l'horizon de leurs destinations au-delà de cet immense pays d'Amérique du Sud. La majorité a continué a poursuivre une orientation 3

modo de ser português peut être traduit comme manière ou façon d’être portugais, expression courante au Portugal de perception ethnocentrique. Le terme portuguesismo exprime la même idée en tant que concept patriotique. Vide Pedro Borges Graça, A Identidade Nacional Portuguesa, Elvas Caia, Revista Internacional de Cultura e Ciência, nº 3, 2005, pp. 75-85 ; idem, Gilberto Freyre na Correspondência de Melville J. Herskovits: O Luso-tropicalismo frente ao Afro-americanismo, dans Adriano Moreira & José Carlos Venâncio (orgs.), Luso-tropicalismo. Uma Teoria Social em Questão, Lisboa, Ed. Vega, 2000, pp. 48-65

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transatlantique et a également commencé à aller à les colonies africaines, à l'Afrique du Sud, le Venezuela, le Canada et les États-Unis. À la fin des années 50 du XXe siècle, il y avait environ 1 million de Portugais au Brésil, 500 mille dans les colonies africaines, 500 millle dans les États-Unis, 50 mille au Venezuela, 50 mille en Afrique du Sud et 20 mille au Canada. 4 Dans les années 60, lorsque le Portugal a participé à la guerre coloniale en Guinée-Bissau, Angola et Mozambique, il y a eu un changement de destination de la plupart des émigrants portugais, qui ont commencé à poursuivre une orientation européenne: Allemagne, Suisse, Royaume-Uni, Luxembourg et la France, qui a finalement attiré le plus grand nombre qui serait portée à 500 mille au début des années 70. En effet, le PIB par habitant au Portugal dans les années 60 était de l'ordre de 400 USD, et en France, par exemple, s'élevait à 1800 USD.5 Dans ce context un mouvement est né au Portugal, plein de portuguesismo animé par la société civile qui a utilisé le concept de communautés portugaises pour mobiliser les émigrants autour de l'idée que, malgré la distance, serait dans l'intérêt de tous de maintenir un lien étroit avec le Portugal pour deffendre l’identité culturelle portugaise et aussi la liason avec le Brésil autour de ce qu'on a appellé la comunidade lusíada. Ayant à Adriano Moreira en tant que source d'inspiration et de vitalité, le mouvement a eu siège à la Sociedade de Geografia de Lisboa, institution pleine de tradition et symbolisme qui a joué le rôle central dans la défense des intérêts du Portugal à l'époque de la Conférence de Berlin. 6 Parmi les différents instruments créés sont l'Académie Internationale de la Culture Portugaise, l'Union des Communautés de Culture Portugaise, la revue trimestrielle des Communautés Portugaises, et en particulier les Congrès des Communautés de Culture Portugaise. Le premier a eu lieu précisément dans la Société de Géographie de Lisbonne, en Décembre de 1964. Le second, en Juillet de 1967, a été un point haut du mouvement, non seulement par le grand nombre de délégués qu’ y ont participé et la richesse et variété des conférences, mais aussi par le fait qu'il s’est fait à bord du Prince Parfait (surnom du Rei D. João II), en tant que ceci navigait pendant 10 jours para les ports le long de la côte du Mozambique. Ce point haut a été enregistré en trois volumes, et Adriano Moreira a précisé dans la préface l’objectif du mouvement: "L' objectif était d'amener les communautés de la culture Lusíada, établi à l'étranger, et composé des Portugais, descendants de portugais, ou affiliées à la

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José Júlio Gonçalves, Portugueses Dispersos pelo Mundo, Lisboa, Agência Geral do Ultramar, 1971, passim 5 Humberto Moreira, Emigração Portuguesa (estatísticas retrospectivas e reflexões temáticas), Lisboa, Instituto Nacional de Estatística, s/d [c. 2005], p. 6 6 Adriano Moreira, né en 1922, est professeur et réformateur dans les années 50-60 de l'actuel Instituto Superior de Ciências Sociais e Políticas (fondée en 1906 comme Escola Colonial, et, jusqu'en 1974, successivement Escola Superior Colonial, Instituto Superior de Estudos Ultramarinos et Instituto Superior de Ciências Sociais e Política Ultramarina) de l' Universidade Técnica de Lisboa, a été ministre de l'outre-mer en 1961-62, ayant quitté son poste en rupture avec Salazar, au début de la guerre coloniale, après avoir effectué une série de réformes visant la progressive autonomie des colonies africaines, telles que la création des universités. Après le 25 avril 1974, il a été député et viceprésident de l'Assemblée de la République. Une référence majeure des sciences politiques et relations internationales à l'espace lusophone, il est actuellement le président de l'Académie des Sciences de Lisbonne.

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culture portugaise, a mantenir vivant, conscient e opérationnel le sentiment de connexion à la patrie d'origine, et aussi entre tous. " 7 Á la fin, le Congrès a élaboré une série de recommandations, notamment sur la politique économique, où, par exemple, a appelé à la cohésion des entrepreneurs brésiliens et portugais, à accroître la pénétration des entreprises sur les marchés nonlusophones des émigrants.8 Le mouvement n'a cependant pas eu l’expansion souhaitée sous l'appui du gouvernement, parce qu’ a succédé à Antonio Oliveira Salazar le professeur Marcello Caetano, un ancien professeur d'Adriano Moreira avec lequel il avait un conflit idéologique et aussi sur l'autonomie universitaire du Instituto Superior de Ciências Sociais e Política Ultramarina, où de plus le thème de l'émigration a commencé à être étudiée. 9 Le troisième congrès, prévu pour 1969, n'a pas été fait bien et le mouvement, tel qu’il était, à démobilisé. Entre les années 70 et 90, le flux de l'émigration portugaise est tombé à environ la moitié. On estime à 360 mille le nombre d'émigrants portugais qui sont sortis du Portugal dans les années 80, et c’est à cette époque de l’ adhésion à la Communauté Économique Européenne qui est réapparu dans le gouvernement une dynamique d'organisation des émigrants portugais, bien que sans le discours qui a caractérisé le mouvement des années 60. On a créé la Secretaria de Estado das Comunidades Portuguesas au sein du Ministère des Affaires Étrangères et par la suite le Conselho das Comunidades Portuguesas (conseil des communautés portugaises) et la Confederação Mundial dos Empresários das Comunidades Portuguesas (confédération mondiale des entrepreneurs des communautés portugaises). Ce dernier est maintenant connu sous le nom de Confederação Internacional dos Empresários Portugueses (confédération internationale des entrepreneurs portugais) et n'a pas réussi à s'affirmer comme une plate-forme pour le renforcement de de la compétitivité des entrepreneurs émigrés et non émigrés. Il suffit de voir aujourd'hui le website de l’organization pour voir la pauvreté et l’inactualité de l’information, notamment sur ses activités, qui remonte à 2005.10 Au conseil des communautés portugaises, fondée en Septembre 1996, a été assigné la tâche d’être l’organe consultif de l’État portugais pour les affaires de l’émigration. Initialement sa composition était de 100 conseillers élus par les émigrants dans leurs lieux de résidence, qui à son tour élirait un conseil permanent de 15 membres, assistées par des conseils régionaux et locaux. Aujourd'hui, après une révision de la législation en 2008, le conseil des communautés portugaises est composé de 73 membres, dont 63 sont élus et 10 nommés par le gouvernement, et d'un conseil permanent de 5 membres, qui ont été nommés en Octobre 2008. En effet, celle-là est la dimension consulaire et politique de la diaspora portugaise, qui d'ailleurs est maintenant impliquée dans la question du droit de vote par la poste, mais qui ne reflète pas le quotidien de travail et affaires des émigrants. 7

Dans II Congresso das Comunidades de Cultura Portuguesa, 3 vols, Lisboa, União das Comunidades de Cultura Portuguesa, vol. 1, p. 9 8 idem, p. 21 9 vide os trabalhos de Gil Pereira, nomeadamente A Emigração Portuguesa no decénio 1951-1960, Lisboa, ISCSPU, 1964 10 www.ciep.org.pt/

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Actuellement, exhibant son website (www.ccp-mundial.org) débranché, l'échec de cette lourde structure politique est un fait dès sa création, comme on voit souvent dans les critiques émises dans les médias des émigrants.11

3. Les Réseaux Actuels de la Diaspora Portugaise Selon les données de l'OCDE de 2007, le Portugal est en septième position dans le monde avec environ 1 million d'mmigrants. 12 À son tour, le Ministère des Affaires Étrangères du Portugal indique un nombre au-dessus des 3 millions, ce qui est plus proche de la réalité si l'on inclut les Portugais et leurs descendants de la 1ère et 2ème génération. 13 Ainsi, l'émigration portugaise continue d'être important au Portugal, qui a actuellement sur son territoire environ 10 millions d’habitants. Les données entre 2003 et 2006 montrent que continue a se produire une orientation européenne, en particulier pour la France, Royaume-Uni, le Luxembourg et, avec une croissance significative, pour l'Espagne et la Suisse. Il y a une tendance pour le taux d'émigration permanente être plus élevé que le temporaire et aussi une croissance des éléments des deux sexes âgés de moins de 29 ans. Une autre tendance, qui marque la différence par rapport au passé, est la croissance des émigrants qualifiés, ce qui n’est peut-être pas étranger à l'existence de quelque 60 mille diplômés chômeurs au Portugal, fruits de la véritable explosion de l'enseignement universitaire au cours des 25 dernières années et de l’incapacité politique de produire le croissance économique nécessaire pour son assimilation. C'est dans ce cadre qui est apparu récemment une initiative privée, soutenu par le Président de la République, qui vise le «networking» entre les émigrants portugais qualifiés, maintenant appelés "expatriés" comme dans d’autres pays. Le promoteur est un jeune consultant en “executive search” de 35 ans, Tiago Forjaz, qui est né et vécu en Afrique du Sud jusqu'à l’âge de 10 ans, ce qui est plein de sens. Le projet, basé à Lisbonne, est appelé Star Tracking et l'élément central s’est l’appel à la singularité des valeurs portugais, comme dans l'ancien mouvement des communautés portugaises.14 Le réseau a connu une croissance exponentielle, et il a maintenant près de 15 mille membres que, comme condition d'adhésion, se conforment à 7 règles: ne pas dire du mal du Portugal; expliquer pourquoi sont fiers d'être portugais; favoriser le “networking” avec d’autres portugais; avoir de la participation civique et sociale dans la construction de l'avenir du Portugal; participer activement dans Star Tracking avec des idées, des projets et des commentaires pour la construction d'un Portugal gagnant;

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www.mundolusiada.com.br/COLUNAS/ml_artigo_344.htm; www.mundoportugues.org/content/1/3927/ccp-conselheiros-pedem-cavaco-silva-que-nao-promolguelei-voto-presencial/ 12 www.mundoportugues.org/content/1/2217/portugal-continua-ser-pais-emigrantes/ 13

www.mne.gov.pt/NR/rdonlyres/672924F3-EB63-4C23-A1867AF3830E455D/0/AtlasGeopolitico.pps#369,9,Comunidades Portuguesas no Mundo 14 www.startracking.org

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participer à la mise en œuvre d'un projet au bien du Portugal; promouvoir le Star Tracking dans le réseau d'amis talentueux. Pendant ce temps, le Star Tracking a fait un sondage en ligne à environ 180 «expatriés». Les résultats mettent en évidence les éléments suivants: la grande majorité est en Europe et 73% sont en France, en Angleterre et en Espagne, avec une formation en gestion et en économie et 16% ont un MBA; en moyenne, un Portugais expatrié a des contacts avec huit autres Portugais para semaine dans la ville où il vit; 83% se sentent fiers d'être Portugais et 67% veulent retourner au Portugal dans un délai de moins de 6 ans; et environ 50% ont eu une expérience internationale comme étudiants, avec Erasmus ou le programme INOV Contacto de l'Agence pour l'investissement et le commerce extérieur du Portugal (AICEP). Ces données confirment non seulement l'apparition d'une nouvelle dynamique dans l'émigration portugaise, d'abord dans le groupe d'âge des 20-30 ans, mais aussi la possibilité qu'il y a des synergies émergentes entre les secteurs privé et public. En effet, le programme INOV Contacto de l’AICEP est dirigé vers la formation des jeunes diplômés dans les entreprises portugaises et les multinationales et les organisations internationales considérées comme d'intérêt stratégique pour la projection et la compétitivité de l'économie portugaise. L'AICEP est un réseau international de 14 centres d'affaires et 33 bureaux, principalement concentrés en Europe, qui fonctionne comme structure d'appui du Ministère de l'Économie et de l’Innovation. 15 Mais il y a une autre initiative de la société civile, en fait la plus ancienne, superficiellement inspirée par les Rotariens, qui mérite une mention spéciale, car représente le plus authentique de la culture portugaise populaire chez les immigrants, avec les fêtes religieuses et le culte des saints, y compris la Nossa Senhora de Fátima (Notre-Dame de Fátima), et qui est égallement un réseau informal efficace d’affaires.16 C'est l’Academia do Bacalhau (académie de la morue), créé en Mars 1968 à Johannesburg (Afrique du Sud) sous les mêmes valeurs du portuguesismo qui étaient à l’origine du mouvement des communautées portugaises, et aussi avec des objectifs d'aide sociale. L'idée, comme l'a indiqué l'un des fondateurs, Raúl Paulo, est apparu lors d'un dîner offert par un groupe de quatre émigrants à un journaliste du Primeiro de Janeiro (un journal de la cité du Porto) qui s'est rendu en visite à Johannesburg, et la création officielle a eu lieu dans la même année, le 10 juin, le jour du Portugal.17 Dans le drapeau de l’ Academia do Bacalhau apparaît la figure de la morue croisé avec la sphère armillaire, symbole par excellence du Portugal et de l'humanisme et l'universalisme en tant que valeurs historiquement perçu par les Portugais comme singularité culturelle. Mais l'objectif de l'association est simple: la convivialité et le renforcement réel de l'amitié entre les participants au travers d’un déjeuner par semaine, le jeudi, avec de la morue et l'huile d'olive, le pain et le vin rouge portugais. Le symbolisme de l’académie traduit bien ce esprit de convivialité 15

www.mne.gov.pt/NR/rdonlyres/672924F3-EB63-4C23-A1867AF3830E455D/0/AtlasGeopolitico.pps#355,12,Rede Externa AICEP 16 www.cyberjornal.net/index2.php?option=com_content&do_pdf=1&id=2246 17 Le 10 Juin c’est le jour dans lequel le poète portugais Luís de Camões est mort. Aujourd’hui le 10 Juin est précisément appelé “le jour du Portugal, de Camões et des communautés portugaises”.

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que se révèle être une base efficace de cohésion sociale et culturelle. La morue en portugais est connu populairement comme le fiel amigo (fidèle ami), et les participants oublient tous les titres pour être égales et s’appellent mutuellement compadre et comadre. Dans la culture portugaise, comme a observé l'anthropologue portugais Jorge Dias, le compadrio est un réseau social qui a survécu a travers le temps dès les anciennes cultures communautaires au Portugal.18 Il s'agit d'un élément du système de relations “extra-familiales” qui transforme celle-ci en vraies relations familiales à travers les liens qui unissent les padrinhos et les afilhados (parrains et filleuls). Le padrinho et la madrinha (du latin pater et mater et littéralement petit père et petite mère), sont des personnes choisies par les parents d'un enfant qui est prêt à être baptisé pour veiller à la protection de son avenir. A partir de ce moment, les parents et les padrinhos s’appellent mutuellement compadre et comadre et ont le sentiment d'appartenance à la même famille, ce que dans la culture portugaise se traduit en fait dans des réunions gastronomiques hebdomadaires. En outre, l'Academia do Bacalhau, comme il est visible dans son nom, a dans ses origines un esprit d’étudiants universitaires, une tertúlia (cercle), mais dédié uniquement à la convivialité et au plaisir de manger et boire. Le Badalo (petite cloche d’intense sonorité, utilisé surtout au nord du Portugal, que les boeufs et les vaches ont collé à la nuque) est présente dans tous les déjeuners comme un outil du Président de l'académie pour imposer avec humour l'ordre dans la chambre. L'hymne, chanté par tous debout avec un verre de vin rouge à la main, est appelé Gavião de Penacho (épervier de panache), oiseau de proie de l’Amérique du Sud, notamment du Brésil, dont la taille est un peu drôle et son nom en portugais suggère, aussi avec humour, l'orgueil et la coquetterie.19 Raúl Paulo, cité au-dessus, a aussi signalé que l'hymne a été importé de l’Orfeão (orphéon) de l'Université du Porto, dont il était membre quand il était étudiant, et “qu’était chanté par les étudiants en groupe pour donner lieu à sa joie et à une saine irrévérence”. L'Academia do Bacalhau à Johannesburg s’est reproduit dans les 47 autres qui existent aujourd’hui dans le monde entier et est venu à être appelé Academia-mãe (academie-mère). Le mouvement est en croissance et pour formaliser une nouvelle académie il faut l'approbation de Johannesburg. L’ expansion international du phénomène a mis en place des grands réunions annuelles sous les mêmes valeurs et objectifs. Le XXXVII Congresso Mundial das Academias do Bacalhau (congrès mondiale) a eu lieu a Toronto du 10 au 12 Octobre 2008.20 Les deux prochains seront à Pietermaritzburg (Afrique du Sud) en 2009 et à Paris en 2010. Dans le cadre de la diaspora portugaise, l'Academia do Bacalhau est sans doute son principal élément stratégique. Mais nous devons constater que l'esprit des fondateurs n'a pas été motivée par l'organisation d'un mouvement international, bien 18

Jorge Dias, Algumas Considerações Àcerca da Estrutura Social do Povo Português, dans Estudos de Antropologia, 2 vols., Lisboa, Imprensa Nacional-Casa da Moeda, 1990, Vol. I, 201-202. 19 Gavião de Penacho // De bico p'ra cima // De bico p'ra baixo // Mais acima // Mais abaixo // Vai ao centro // Mete p'ra dentro! (Épervier de Panache // bec en haut // bec en bas // plus haut // plus bas // va au centre // met dedans!) 20

www.academiadobacalhau.ca/

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que ceci est en train d’être construit de façon spontanée et pas coordonnée. Cependant, les Portugais, partout dans le monde, dans n’importe quelle Academia do Bacalhau, trouvent toujours un fidèle ami, un compadre.

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