Les histoires des littératures des Amériques sont nationales et plus rarement sous-continentales. En Amérique hispanophone et lusophone, elles figent, pour le XIXe siècle, une périodisation et une approche des textes par générations, par esthétiques ou plus rarement, par événements historiques fondateurs. Elles prennent appui sur les grands courants culturels et esthétiques européens (romantisme, réalisme, naturalisme, modernisme) pour montrer en quoi la jeune littérature des pays d’Amérique latine s’en approche ou s’en écarte. Dans le même temps, la place du XIXe siècle dans les recherches universitaires actuelles en littérature est de plus en plus réduite nous exposant à des répétitions stéréotypées. Il en est de même pour le la littérature du début du XXe siècle jusqu’au tournant des années 60-70. Les essais du critique uruguayen Angel Rama (1926-1983), Transculturación narrativa en América latina (1982) et La ciudad letrada (1984), en prenant appui sur des auteurs majeurs, interrogent le concept de nation et s’attachent à dégager les grands moments de transformation, leur origine et leurs résultats. Au Brésil, les travaux d’Antonio Candido, notamment Formação da literatura brasileira (1959) e Literatura e Sociedade (1969) vont également dans ce sens et sont le fruit d’un dialogue avec Angel Rama. Actuellement, plusieurs chercheurs brésiliens essaient de décloisonner l’histoire littéraire de la Nation s’intéressant aux échanges culturels et à la circulation transatlantique des imprimés. Il y a bien eu d’autres tentatives d’approches synthétiques et de systématisations de la littérature du XXe siècle à travers ses pays ou ses grands noms (Bellini, Franco, Oviedo) mais force est de constater que les histoires de la littérature sont un genre de publication de moins en moins en vogue, sans doute parce qu’il devient impossible de faire une histoire des littératures mondialisées et migrantes, écrites en langue espagnole, portugaise, anglaise ou dans les langues amérindiennes à partir des critères temporels et spatiaux qui définissent le genre même de ces histoires. On admettra néanmoins le risque épistémologique et idéologiques à parler du très récent sans pouvoir situer cet hyper-contemporain dans un processus qui se déploie depuis notre passé commun.
Jeudi 6 avril
MSHA salle Jean Borde 9h Accueil des participants et ouverture du colloque par Frédéric Boutoulle, Vice–Président de la Commission recherche de l’Université Bordeaux Montaigne et Nathalie Jaëck, directrice de CLIMAS (Cultures, Langues et Littératures des Mondes Anglophones), EA 4196, Université de Bordeaux Montaigne
« Comment on écrit l’histoire » de la littérature ? I.
Modération : Ilana Heineberg, Université Bordeaux Montaigne 9h30 Maria Célia de Moraes Leonel, Universidade Estadual Paulista (UNESP), José Antonio Segatto, Universidade Estadual Paulista (UNESP), “Literatura e nação: repensando os marcos histórico-culturais da formação da literatura brasileira” 10h Jean-Paul GABILLIET, Université Bordeaux Montaigne, “Comics in the Cambridge History of Canadian Literature: Is Sequential Art the Future of the Canadian Literary Canon?” Discussion - Pause Modération : Valérie Joubert, Université Bordeaux Montaigne 11h Nathalie BROWN, Université Paris IV-Sorbonne, « Le basculement de la société précolombienne vers la société coloniale à travers les codex mexicains peints du début du 16e siècle » 11h30 Susy Delgado, poète guarani, Paraguay, “Traducir el guaraní, o cómo se desteje el arco iris” Discussion - Pause
« Comment on écrit l’histoire » de la littérature ? II.
Modération : Anne-Claudine Morel, Université de Nice 13h30 Lise Segas, Université Bordeaux Montaigne, “El reto de la descolonización de la «literatura colonial» en el período de los estudios transatlánticos” 14h Moizeis Sobreira de Souza, Université d’Etat de Campinas, « Vendus à Sa Majesté la Reine : Romans acquis par la reine Carlota Joaquina au Brésil (1808-1821) » Discussion
Créateurs, critiques et fragments de littératures oubliées
Modération : Lucrecia Velasco, Universidad de Bologna 14h45 Lizarlett Flores, Université Bordeaux Montaigne, “Nellie Campobello, Escritora del México revolucionario” 15h15 Bernat Padró Nieto, Universitat de Barcelona, “Los años veinte de la literatura uruguaya. Un fragmento de historia literaria en proceso de revalorización” Discussion – Pause
Littérature, nations et mondialisations
Modération : Lise Segas, Université Bordeaux Montaigne 16h15 Giulia Manera, Université Paris Ouest Nanterre, « Comment écrire l’histoire du “Romance de 30” au Brésil ? » 16h45 Anne-Claudine Morel, Université de Nice, « La critique
et le système éditorial en Equateur : des obstacles pour les écrivains nationaux » Discussion
Vendredi 7 avril MSHA Salle Jean Borde
L’anthologie (le dictionnaire) : un genre national, un genre daté ?
Modération : Bernat Padró Nieto, Universitat de Barcelona 9h Lucrecia Velasco, Universidad de Bologna, “El Diccionario de autores latinoamericanos de César Aira, entre el gusto personal y la revisión del canon literario” 9h30 Humberto López Cruz, University of Central Florida, “La crónica como antología: Ángel Ricardo Martínez rescata el género para las letras panameñas” 10h Raphaël Estève, Université Bordeaux Montaigne « La literatura nazi en America de Roberto Bolaño, une anthologie apocryphe » 10h30 Discussion - pause 11h Paula Candido Zambelli, Université Sorbonne Nouvelle –
Paris 3, “Percursos do gênero antológico no Brasil: fragmentos textuais, seleção e identidade nacional, do Romantismo à Desconstrução”
11h30 Alejandro Adalberto Mejía González, Université de Montpellier, “Reflexiones sobre la Antología del poema en prosa en México, de Luis Ignacio Helguera” 12h Discussion
Littératures bilingues, traductions et (auto) traduction
Modération : Moizeis Sobreira de Souza, Université d’Etat de Campinas 14h Valéria Cristina Bezerra, Universidade Estadual Paulista (UNESP), « Le rôle des traductions publiées par B. L. Garnier dans la composition du répertoire littéraire au Brésil » 14h30 Ilana Heineberg, Université Bordeaux Montaigne, « Traductions en français de romans brésiliens au XIXe siècle : notes pour réécrire l’histoire littéraire brésilienne » 15h Maria Clara Machado, Université Paris 3, « De l’écriture de soi à l’écriture de la nation » 15h30 Discussion - Pause
Ecrivains : de la canonisation à l’oubli (et vice-versa)
16h Carla Fernandes, Université Bordeaux Montaigne, “Paraguay: Ley 5.790, por la cual se declara oficialmente 2017 el ‘Año del Centenario de Augusto Roa Bastos’” 16h30 Clôture du colloque
Comité scientifique Maria Fernanda Abreu (Universidade Nova Lisboa), Milagros Ezquerro (Université Paris IV Sorbonne), Yuri Herrera (romancier, USA-Mexique), François Laplantine (Anthropologue) Comité d’organisation Enseignants : Carla Fernandes, Jean-Paul Gabilliet, Ilana Heineberg, Lise Segas Étudiants : Rafael Costa Mendes, Lizarlett Flores Díaz, Catherine Hiram, Emma Le Lain, Betzaida López Alcalá, Carolina Sierra Contact :
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